Chapitre 90

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- On vous apprend pas à vous reposer au bataillon d'exploration ?

Je sursaute, et sors de mes pensées. Le maréchal Magath arrive derrière moi.

Hange est partie dans l'heure suivante avec Peak. On a décidé de rester là où nous étions, mais juste de regagner la forêt pour être bien cachés. A la tombée de la nuit, j'ai forcé Livaï à retourner se reposer pendant que je partais monter la garde. J'ai d'ailleurs pu me rééquiper et récupérer nos armes.

- Je ne compte même pas le nombre de nuits que j'ai passées comme ça, à faire le gué. Ça vous arrive jamais à Mahr ?

- Pas dans mes souvenirs.

Je me retourne pour guetter les horizons sans rien ajouter de plus.
Quand Hange reviendra, elle aura ramené avec elle tous les autres, s'ils sont en vie évidemment. Mais ça m'étonnerait que l'un d'entre eux y soit passé. Je l'aurais senti au fond de moi, dans un intuition. Par contre, je n'arrête pas d'essayer de m'imaginer à quel point ça doit être un sacré foutoir dans leur têtes à tous. J'espère qu'ils vont bien, qu'il n'y a pas de blessés, qu'ils arrivent à faire face à la situation. J'espère qu'ils ne nous en veulent pas trop de ne pas avoir été avec eux. Je suis la première à les avoir abandonnés.

- Tu as l'air plus en forme que ce qu'Hange décrivait.

- Elle a tendance à exagérer. Par contre, je vous assure que pour Livaï, elle mentait pas. Il a vraiment failli y passer hier.

Ça me parait déjà incroyablement lointain tout ça, alors que c'était il y a moins de vingt-quatre heures. Hier, à cette heure-là, j'arrivais au campement pour le découvrir complètement saccagé.

- De toute façon, il faut bien que quelqu'un monte la garde, ajouté-je. Vous, comme nous, sommes recherchés. Pas question que je laisse des pro-jaëger nous trouver.

Il s'apprête à repartir, mais alors, une idée me vient en tête. Peut-être qu'il sait lui.

- Quand on étaient encore à Mahr, une unité m'a forcée à faire l'analyse sanguine, commencé-je. Il s'est avéré que je ne suis pas eldienne. Pas même de loin. Je suis née et j'ai grandi à Paradis. J'ai demandé à beaucoup comment ça pouvait être possible. Personne n'a su me répondre. Auriez-vous une idée ?

- Je n'en ai pas la moindre idée, me répond-il. Tu descends certainement d'un clan qui a fui avec le roi Fritz à l'époque. Et si tu n'es pas eldienne, c'est sans doute seulement un coup de chance.

Je ne dis rien. Il me répond la même chose que tous. Sans doute parce que c'est la seule réponse que j'aurais à jamais. Je vais devoir me contenter de ça je suppose.

- T'épuises pas à monter la garde. Ils nous croient morts, vos pro-jaëger, finit-il en tournant les talons. Et j'ai trouvé ça dans votre chariot, mange.

J'attrape le gâteau de survie qu'il me lance complètement stupéfaite. Il y a cinq minutes, il ne savait pas que je n'étais pas eldienne, et avait donc encore toutes les raisons de me haïr. Pourtant, il était venu m'apporter à manger.

- Merci, maréchal.

- Ne m'appelle pas comme ça, soldat. Je ne suis pas ton supérieur.

Il repart en direction du campement sans rien dire de plus. Je regarde un instant mon gâteau de survie, je crois que c'est le dernier. Et finalement, je me décide à quitter mon poste et aller le partager avec Livaï. Il n'a rien pu manger depuis hier midi. On ne voulait pas prendre le risque que ça lui retourne les intestins de le laisser manger. Mais il est définitivement tiré d'affaire, l'heure est venu de lui donner à manger. Il a besoin de reprendre des forces maintenant.

27 et une émotions (Livai/Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant