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Ce matin-là, réveillée par un cauchemar avant cinq heures et incapable de me rendormir, j'enfile mes basket, ma tenue de sport et un sweat, j'attache mes cheveux en une queue de cheval et je sors courir.
Il ne fait pas encore jour, il est très loin de faire jour même. Avant que je ne parte, ma montre que je n'ai pas prise indiquait cinq-heures et quart. Et en ce mois d'octobre, alors que les feuilles commencent définitivement à quitter leurs branches, le soleil commence à se lever tardivement. Tout le monde dormait encore, à part les soldats postés à la surveillance du grand large. Moi, mon équipe sera de garde cette nuit. J'aurais aimé dormir un peu plus, mais aujourd'hui était une nuit sans, alors j'ai décidé d'occuper mon temps de sommeil perdu en allant courir.
Avec tous les récents évènements, pendant plus de trois semaines, je n'avais pas eu la force ni le temps de m'atteler à une quelconque activité physique ou un quelconque entrainement. Mais j'avais oublié pendant ces quelques semaines, le bonheur que c'était de sortir courir tôt le matin quand la nature elle-même dort encore. C'est en souriant malgré mon essoufflement, seulement quinze minutes après mon départ, que je trottine doucement dans la forêt.
Les oiseaux chantonnent doucement, mais il n'y a pas un seul signe d'une autre vie ici. Les lapins et renards sont encore sortis de leur terrier, les biches dorment encore tapis dans des lieux inconnus loin du chemin que j'emprunte.
Ils ont balisé des routes, probablement parce que c'est des chemins d'entrainements que de nombreux soldats empruntent régulièrement. Je le vois à l'herbe écrasée sur laquelle je trottine, et même bientôt plus boueuse qu'autre chose. Mais c'est le mieux pour ne pas m'y perdre. Après tout, on est en dehors des murs ici, on ne connait rien de l'endroit, et il n'y a pas l'ombre d'une habitation à l'exception du campement. C'est irréaliste quand même, de me dire que je cours actuellement en dehors des murs en toute sécurité. J'ai encore du mal à croire qu'on soient parvenus à éradiquer tous les titans qui se trouvaient sur notre île, et qu'on puisse dormir au dehors de nos murailles sur nos deux oreilles.
Peu à peu, à mesure que je suis le chemin, le soleil se lève. Je fais quelques pauses pour marcher cinq minutes de temps en temps. Il fait vraiment froid, probablement moins de dix degrés, et pourtant je meurs de chaud de l'effort physique que je fournis depuis une heure déjà. Malgré tout, transpirer n'a jamais été aussi agréable qu'aujourd'hui.
Ça fait un mois et demi maintenant que mes grands-parents sont partis, un an et un mois que Noah m'a quittée, et plus de quinze ans que mes parents sont montés aux cieux. Et contrairement à ce que je devrais être, je suis loin de me sentir vide. C'est même plutôt le contraire. J'ai l'impression d'avoir de quoi contempler la vie chaque seconde. La beauté du champ matinal des oiseaux, des arbres orangés par l'automne, dessinant un beau chemin coloré devant mes yeux, mais aussi au quotidien, avec tous ceux qui m'entourent. Je revois régulièrement ce moment où je les ai vus arriver au cimetière. Leur présence était chaleureuse. J'avais déjà conscience de l'importance qu'ils avaient à mes yeux, mais après deux semaines passées sans eux, j'avais un peu oublié cette partie de l'histoire. Je me remémore régulièrement Noël dernier, mais aussi le nouvel an, et tous les autres moments agréables passés à leur côté, que ce soit du quotidien ou exceptionnel.
Je ne suis pas émerveillée, mais je me sens bien, bien mieux que durant ces jours passés à Stohess, et surtout bien mieux que lorsque j'avais sauté du mur.
- Tiens Eline, t'es matinale ce matin, me dit Armin tandis que je reviens tout juste au camp.
Ils étaient en train de se rendre à la tente réfectoire, alors je me mets à marcher avec eux. Il n'y a que lui, Eren et Mikasa.
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27 et une émotions (Livai/Levi x OC)
FanfictionComment deux êtres en train de se noyer pourraient-ils se sauver l'un l'autre ? Quant bien même ils s'aimeraient suffisamment fort, l'un finirait par se sacrifier pour sauver l'autre. Peu importe leurs efforts pour nager main dans la main jusqu'à la...