27 et une émotions (Livai/Levi x OC)

Chapitre 17

🔆

- C'est là que tu te cachais, dis-je à Noah en avançant vers lui.

Ça fait bien une heure que je me suis mise à sa recherche. Après le repas, je n'ai pas pu m'empêcher d'essayer d'aller le trouver. Je ne compte pas reparler de ce qu'il s'est passé à l'infirmerie. Je ne suis là que pour tenter de lui remonter le moral.

Il est assis dans l'herbe, adossé à un arbre, dans la cour de la caserne. Il était vraiment bien caché. C'est une véritable victoire de l'avoir finalement trouvé. J'allais d'ailleurs finir par abandonner. Il tourne la tête vers moi quand il m'entend lui parler, mais détourne le regard vers son carnet la seconde d'après en m'ignorant. Malgré tout, je m'assois juste à sa gauche. Je jette un regard vers son carnet. Il dessine, ce qui semble être une personne. Il n'en est encore qu'à l'étape du croquis, mais ça prend forme.

- Qui est-ce que tu dessines ? Demandé-je sans perdre son carnet des yeux.

- Une personne, me répond-il d'un ton glacial.

- Oui, mais qui ?

- Ellie, la nouvelle.

Mon corps se réchauffe brusquement. Je devine la couleur que prennent mes joues, teintées d'un rouge pivoine. Je m'attendais à n'importe quel prénom sauf le mien.

- T'es au courant que tu parles à la nouvelle là ?

- Oui, je sais. Tu m'as demandé qui je dessinais, alors je te réponds. Je dessine Ellie, la nouvelle, c'est à dire toi.

Je lâche un soupir d'embarras. Il n'hésite pas à dire ce qu'il pense. Ça pourrait le gêner de me le dire, mais il ne semble pas l'être le moins du monde. Si j'avais été à sa place, je n'aurais jamais osé donner le vrai nom.

- C'était une surprise à la base, ajoute-t-il tandis que je n'ai rien répondu.

- Tu aurais pu mentir, lui lancé-je.

- Maintenant que t'es là, ce sera plus facile.

- Je compte pas jouer au modèle.

- Tu n'as pas besoin, me répond-il en tournant la tête vers moi.

Son regard est si similaire à celui de mon frère, qu'il en devient vraiment déstabilisant. Du coup, je détourne les yeux vers le sol. Il retourne la tête quelques secondes plus tard, le temps qu'il lui a probablement fallu pour détailler mon visage.

- Pourquoi tu me cherchais ? Me demande-t-il.

- J'étais inquiète. Tout le monde l'était en fait. J'ai croisé Nifa et Alicia, et elles l'étaient au moins autant que moi.

- Tu t'inquiètes pour les autres toi ?

- Evidemment ! Je ne suis pas aussi égoïste que ce qu'il paraît ! M'exclamé-je, vexée qu'il puisse penser que je ne pense qu'à moi.

C'est même tout le contraire. Avant, je n'avais que moi à qui je pouvais penser. Et c'était un véritable supplice. Parce que je sais ce à quoi je pense, ce qu'il se passe dans ma tête, ce que je ressens ou ne ressens pas. Mais en ayant la possibilité de penser aux autres, je m'allège de ce poids. Je ne veux pas perdre ce droit qu'on m'offre. Ils méritent bien plus d'attention que moi-même.

- Je... continué-je sans qu'il n'ait rien dit. Je ne suis peut-être pas très douée pour m'exprimer et communiquer, mais ça ne m'empêche pas de penser aux autres.

- Je sais bien, excuse-moi.

- De quoi tu t'excuses ?

- D'avoir douté du fait que tu puisses t'inquiéter du reste du monde.