Chapitre 43

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🌑

Des cris, des pleurs, des fracas, et des explosions... c'est un mélange de tous ces sons qui fait brusquement irruption dans ma tête. Puis à leur tour, de terribles images viennent les accompagner. Des images que je suis certaine de n'avoir jamais vues, et que j'aurais aimé ne jamais voir. Parmi elles, dans un brouillard ensanglanté, les corps sans vie d'une centaine de mes camarades. Et au centre, un homme lui-même couvert de sang se tient debout, un soldat, tenant ses deux lames vers le bas, la tête elle-même baissée vers un autre corps. Il ne bouge pas, comme si le temps s'était figé. Rien ne bouge, à l'exception de sa cape qui virevolte dans le sens du vent et sa capuche qui m'empêche de voir son visage.

J'abaisse moi-même le regard vers le sol, et à mes pieds, se trouve l'horreur en personne. Je tente d'hurler, de bouger, de faire quelque chose, mais j'en suis incapable. Mon regard ne peut se rediriger vers autres chose que le corps qui se trouve à mes pieds. De son front, du sang s'est écoulé, pour en recouvrir son visage. Ses cheveux ont perdu leur couleur orangée, pour finir rouges par le sang. Ses yeux sont grands ouverts, et son visage est figé dans une expression de terreur, immortalisant celle qu'il a ressenti lorsqu'il est mort.

Dans un son de cloche assourdissant, j'ouvre brusquement les yeux. Un sifflement aigu vient m'étourdir encore plus l'esprit. La vision encore noircie, je tente de comprendre. Je ne ressens presque rien. Pas vraiment de douleur. Juste un terrible froid. Comme si je me trouvais encore sous une eau glaciale. Je relève mes mains, pour tenter de les discerner. Mes paupières sont si lourdes que je peine à ne pas resombrer dans l'inconscience. Puis alors, une première douleur. Une douleur si forte qu'elle m'empêche de prendre le souffle que je tente de prendre. Une douleur insoutenable, bien plus forte que je n'en ai jamais ressentie. Mais une douleur qui me fait comprendre, que par un quelconque miracle, je suis en vie. J'ai survécu. C'est tout ce que je sais. Tout ce que je comprends en même temps que je subie cette horrible douleur remontant de mon ventre.

L'acouphène dans mes tympans persiste encore. Il est le seul son que je perçois. Mais peu à peu, ma vue se restitue, et je parviens enfin à distinguer mes mains. Et alors, ce que je vois juste en dessous d'elles, m'arrache un hurlement de terreur ravivant de plus belle la douleur. A la vision de cette horreur, je me sens repartir. Je sombre à nouveau dans l'inconscience.

Puis le même cauchemar se répète lorsque je ferme les yeux. Sans que j'arrive à m'en extraire avant la fin, condamnée à revoir le visage de Noah ensanglanté.

Sans aucune notion du temps, ne sachant plus depuis combien de temps je suis encore restée inconsciente, je réouvre les yeux, dans ce même bourdonnement strident. Je reste le regard figé vers mes pieds encore un temps qui me parait être une éternité, jusqu'à que le son disparaisse pour laisser place à celui du champ de bataille.

Puis j'abaisse encore le regard vers le pieux planté dans mon abdomen, et mes vêtements imbibés de mon sang qui s'est échappé de la plaie qu'il a ouverte.

Je suis en vie. Je suis en vie... Je suis en vie !

Voilà ce que je me répète pour survivre à cette vision sanglante, m'empêchant de respirer, tant la douleur est insupportable. Malgré tout, une toux vient expulser de mes poumons encore plus de sang, comme si je n'en avais déjà pas assez perdu. Et avec, des larmes incontrôlées, de douleur, coulent sur mes joues, pour se mêler à mon sang en arrivant à ma bouche.

J'amène finalement mes mains au pieux, et l'entoure de mes doigt pour le serrer aussi fort que possible. Il est assez fin, je peux l'entourer presque entièrement des doigts d'une seule de mes mains. Mes larmes coulent à flot, me brouillant la vision. Elles ne s'arrêtent pas de couler, de terreur, et de douleur. J'ai si mal. J'ai si froid. J'ai si peur. C'est affreux. Pourtant, je tente de me convaincre de le faire. Je n'ai pas d'autre choix.

27 et une émotions (Livai/Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant