Chapitre 1

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Une nouvelle nausée violente m'oblige à relever un peu la tête pour vomir dans les toilettes, sur lesquelles j'avais posé la tête pour fermer les yeux en l'attendant, sachant qu'elle viendrait moins de cinq minutes après la précédente. Quand c'est passé, je repose mes bras sur les toilettes, pour y déposer mon front en restant face à la cuvette. Je referme les yeux, et me mets à nouveau à attendre la prochaine, sachant très bien que ce n'était pas la dernière. C'est comme ça tous les matins presque, j'ai l'habitude maintenant. Ça va passer, comme tous les matins, j'ai juste besoin d'évacuer.

J'ignore les images de la veille qui reviennent en force. Et je ne rêve que de pouvoir aller me recoucher. Encore cette nuit, je n'ai réussi à dormir que quelques heures seulement, pas même assez pour qu'on doive utiliser deux mains pour les compter. Je suis rentrée à une heure, et lorsque j'ai pu m'allonger dans mon lit, comme à chaque fois, il m'a été impossible de fermer l'œil. Il faisait complètement noir pourtant, et c'était probablement le problème d'ailleurs. Parce que même en gardant les yeux ouverts, des cauchemars surgissaient déjà avant même que j'essaie de m'endormir.

Il doit déjà être dix ou onze heures. Il ne va pas tarder à être l'heure d'y aller. Je suis d'ailleurs surprise qu'elle ne soit pas déjà venue me chercher. Je suis en retard. Elle avait laissé sur la table hier le programme pour la journée d'aujourd'hui. Je crois qu'il y en aura quatre pour ce jour. La journée s'annonce affreusement longue. J'espère que demain sera ma journée tranquille du mois. Ça fait longtemps que je n'en ai pas eue.

Finalement, la dernière nausée ne vient pas, et je la regrette presque, parce que je garde une horrible sensation dans l'estomac. Peut-être qu'elle m'aurait permis de m'en débarrasser. Je finis par me relever, et tire la chasse d'eau. Une boule s'installe dans ma gorge à l'idée de ce qui m'attend pour la journée. J'allume l'eau de mon robinet, et m'arrose le visage d'une eau glaciale, pour réveiller définitivement mon corps engourdi. Je reste un moment le regard baissé vers l'eau qui s'écoule jusque dans le conduit d'évacuation, les mains posées de chaque côté du lavabo, pour m'y tenir par manque de force pour tenir vraiment debout. Je sens mes jambes trembler. La boule dans ma gorge se propage au reste de mon corps. Mes mains se mettent à trembler à leur tour. Ma vision se trouble, ma respiration devient difficile. Je relève les yeux pour observer un instant le reflet dans le miroir qui domine le lavabo. Je m'inflige ma motivation matinale pour la journée, en faisant face à mon reflet qui me rappelle ce que je suis. Mon corps se calme. Je reviens à mon état normal. Ma vision s'éclaircit. La boule dans ma gorge s'estompe. Craindre la journée ne l'éloignera pas de moi.

- Je sais... réponds-je. Je sais, pas besoin de me le dire. Je sais.

Je me détache du lavabo, et en referme le robinet pour que l'eau s'arrête de couler. Je quitte la salle de bain, et pars à mon armoire chercher de quoi m'habiller pour la journée. Je crois que je vais encore sauter le petit déjeuner, je n'ai pas faim de toute façon. J'enfile ma robe et mes collants lentement, sans vraiment la force de me dépêcher malgré mon retard. Je me dirige à ma coiffeuse, y démêle ma tignasse hasardeuse qui révèle mon dernier sommeil agité. J'ai la tête qui tourne. J'ai la migraine. Je n'ai pas la force nécessaire pour aujourd'hui.
Je finis par sortir de ma chambre, et m'engouffrer dans l'immense couloir afin de rejoindre le grand hall.

- Tu es en retard !

Un frisson me remonte l'échine lorsque j'entends sa voix résonner dans mon dos. Elle devait se trouver dans l'une des pièces que j'ai dépassées, et en sortir lorsqu'elle m'avait entendue passer devant. Je m'arrête, je sais que je ne dois pas aller plus loin, au risque que ça se finisse mal pour moi.

- Je suis désolée. Je suis rentrée tard hier soir, le dernier client a eu du mal à s'en aller, m'excusé-je.

Je reste dos à elle, sachant très bien qu'oser affronter son regard serait pire que de lui faire dos. La tête baissée, je tente de contrôler l'effroi qui s'empare de moi en entendant ses pas s'approcher dans mon dos. Il s'emballe lorsque je la sens prendre mon bras, pour me tourner vers elle. Je n'ai même pas le temps de croiser son regard qu'elle m'envoie valser contre le mur du couloir tout en me décollant une gifle comme habituellement.

27 et une émotions (Livai/Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant