Chapitre 15

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On retourne à la caserne juste après ma rencontre avec l'arbre. Noah me porte sur le chemin du retour. Complètement sonnée, je suis incapable de tenir sur mes jambes. Je vois flou sur tout le chemin du retour. Je n'ai même pas mal, complètement dans un autre monde qui me permet de ne pas ressentir la douleur. Mais le temps du trajet suffit pour me faire revenir sur terre.

On monte directement à l'infirmerie. Assise sur un des lits, une poche froide collée sur la droite de mon front, je laisse Hange me désinfecter l'égratignure de ma joue du même côté. Noah est debout juste derrière elle, et Livaï s'est assis sur un chaise à côté de la porte en diagonale sur ma gauche, les bras croisés, le regard baissé vers le sol.

- On peut pas dire que tu as un don ça c'est certain, avoue Hange en amenant le coton imbibé à ma joue.

- C'est un don d'être la plus mauvaise non ? Répliqué-je.

Ma propre voix qui résonne dans ma tête me donne le droit à un pic de douleur. Je l'ai vraiment pris de plein fouet. Me tenir assise en ce moment me demande un effort monstrueux. Tenir la poche de froid contre mon front aussi. J'ai juste besoin d'aller dormir. Me plonger dans mon lit et sombrer dans un sommeil réparateur, pour rattraper la nuit précédente et soigner mon traumatisme crânien.

- Tu te débrouillais pas si mal pourtant, tente de me rassurer Noah.

- Ça t'apprendra à ne pas regarder devant toi, la rouquine. Et te moquer de moi accessoirement, intervient Livaï.

- T'avais fini dans cet état-là toi aussi ? Demandé-je.

- On avait pas d'infirmerie dans les bas-fonds. Je me suis démerdé tout seul moi.

Je tourne la tête vers lui, surprise de ce qu'il vient de dire. Les bas-fonds, ce projet de ville souterraine abandonné qui s'est transformé en bidonville à l'écart des lois. Est-ce qu'il y a vraiment vécu ? Dans ce cas, ce serait lui le délinquant qu'ils ont recruté au bataillon d'exploration ? J'ai du mal à y croire.

Hange m'attrape le menton pour retourner ma tête vers elle, puis le garde entre ses doigts pour m'empêcher de bouger.

- Si jamais tu vomis dans les prochaines quarante-huit heures, viens m'alerter toute de suite. Pour tout trouble de la mémoire, de la conscience ou de la vision, viens aussi me le dire, me dit-elle fermement.

J'acquiesce des yeux tandis qu'elle se recule et range le matériel de soin. Noah la dépasse pour se pencher vers moi.

- Fais voir ton front, juste histoire de voir l'étendue des dégâts, me dit-il.

Je soulève la poche de glace, pour laisser mon front à l'air libre. Il ouvre grand les yeux, comme si c'était vraiment gravissime, au point de réussir à m'inquiéter.

- Ça te fait un beau bleu tout ça. Franchement, tu t'es pas loupée, Eline, dit-il.

On se fige tous lorsqu'il prononce ce nom. Hange se retourne, et en arrête de ranger le matériel de soin, Livaï relève la tête pour le regarder la bouche entrouverte. Et moi, j'ouvre en grand les yeux, et j'arrête de respirer. Il ne comprend pas toute de suite pourquoi on le regarde tous aussi ébahis. Il se redresse, pensant qu'il a fait quelque chose de mal. Je peine à trouver la force de parler, complètement chamboulée.

- Comment... commencé-je, la voix tremblante. Comment... m'as-tu... appelée ...?

Ma voix est restée si faible que même moi j'ai eu du mal à l'entendre. Hange et Livaï ne bougent toujours pas, le regard encore fixé sur Noah. Son visage se décompose subitement, pour laisser transparaître dans ses yeux la terreur qui le domine soudainement. Tout s'est figé à l'énonciation de ce prénom. Mon regard exorbité est fixé sur lui. Je ne respire toujours pas. Mon cœur s'est subitement accéléré. Et le prénom qu'il a utilisé résonne en écho dans ma tête.
"Éline"... Il n'est pas le premier à m'appeler comme ça. Je le sais. Mais je l'avais oublié. D'où me vient le souvenir de ce prénom ? Est-ce le miens, ou bien celui de quelqu'un que j'ai oublié ? Est-ce qu'on m'a déjà réellement appelée comme ça ? Ou est-ce que je confonds ?

27 et une émotions (Livai/Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant