Chapitre 62

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Il me tire jusqu'à l'extérieur, sans rien dire. Je suis sans vraiment y arriver, il marche bien trop vite. Encore sous le choc, je regarde pas vraiment ce qui défile sous mes yeux. Le soleil m'éblouie lorsque qu'on sort. Je n'arrive pas à croire que ça puisse être vraiment lui. Pourtant, c'est bien lui. En chair et en os. Je ne comprends pas par quel moyen il a pu réchapper du triste sort qui aurait dû l'attendre, mais il y est parvenu. Il est vraiment encore sur terre.

- Attends Pierre ! L'appelé-je alors qu'il continue à me tirer même après qu'on soit sortis.

Mais il ne dit rien, et continue d'avancer. Moi, je subis la marche rapide qu'il m'impose. J'ai du mal à aligner un pas après l'autre.

- Attends ! Dis-je encore. Où est-ce qu'on va ? Pierre !

Je manque de trébucher sur un pavé sorti de sa place. Comme s'il était en trans, absent de ce monde, pas réellement conscient qu'il me tirait avec lui, il continue d'avancer quand même.

- Pierre attends ! Hurlé-je en m'arrêtant et lui arrachant ma main de sa poigne.

Enfin il s'arrête, et se tourne vers moi. Un instant, on se regarde, sans rien dire. Il a changé, il a mûri. Ce n'est plus le même, c'est vraiment un homme maintenant. Il me parait encore plus grand qu'avant. Le soleil dans son dos pas encore élevé haut dans le ciel fait de lui une ombre éblouissante, comme le fantôme qu'il est. Combien d'années séparent aujourd'hui et la dernière fois que nous nous sommes vus ?

- Que se passe-t-il Ellie ? Me demande-t-il, surpris que je refuse d'avancer avec lui.

- Eline ! Crié-je. Je m'appelle Eline ! Ellie est morte depuis longtemps. Ne m'appelles pas comme ça !

Il ne dit rien. Moi non plus je ne dis plus rien. Six ans. Ça fait six ans que je ne l'avais pas vu. Et au moins cinq ans que je le croyais mort. C'est si brutal. Je n'arrive pas à croire. C'est merveilleux oui. Mais c'est un choc. Un si gros choc que mes jambes et ma tête s'alourdissent dans une multitudes de questionnements et un déferlement d'émotions en tous sens.

- Pardon... murmuré-je en baissant la tête. Je me suis emportée...

Il ne dit rien.

- Mais comprends moi ! M'écrié-je en relevant les yeux vers lui. Ça fait six ans que tu as disparu ! Et là, tu réapparais brusquement ! C'est le bordel dans ma tête ! Il y a une tonne de questions que je me pose ! Je sais que toi aussi... mais laisse-moi une minute pour encaisser le choc. Je viens... je m'interromps, abaissant à nouveau le regard. Je viens de perdre mes grands-parents, la seule famille qu'il me restait, moins d'un an après avoir perdu mon frère. Il s'est passé une tonne de choses, ça ne s'est pas arrêté depuis un an. Laisse-moi prendre une minute, pour reposer ma tête...

- Qui est-ce... commence-t-il. Qui est-ce qui a retrouvé ton nom, ton frère, ta famille... Qui est-ce qui t'a retrouvée ?

Je relève les yeux vers lui. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi il me demande ça. Pourquoi maintenant. Ça n'a aucune importance. Mais dans ses yeux brillants, tout comme ils brillaient il y a sept ans la première fois que je l'ai vu, je comprends que pour lui, c'est important.

- Quelqu'un... murmuré-je, quelqu'un au bataillon...

- Qui ?

- Livaï, le caporal.

Un instant, il se crispe. Puis il lâche un soupir, et me reprend la main juste après. Plus doucement, il m'emmène avec lui. Et loin de sa première idée, on se pose juste après sur un banc dans un parc. Pendant un long moment, on ne dit rien. On a tant à se dire qu'on ne sait pas par où commencer, qui laisser commencer, et comment ne pas éterniser tout ça. Je pense sans cesse. Mon cerveau tourne à plein régime, élaborant toutes les questions que j'ai à lui poser.

27 et une émotions (Livai/Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant