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- Quelle ironie, il y a deux jours, c'est toi qui me recousais l'arcade, et là, c'est moi qui te la recouds. Comment tu t'es fait ça ? Dis-je en passant une compresse sur le sourcil de Livaï.
- Vas savoir, j'ai pas le souvenir de tous les détails de ma virée aux côtés de la mort, soupire-t-il.
Je plante enfin l'aiguille, désormais engouffrés dans un silence de mort. Il a aussi une plaie profonde au bras. Il a vraiment risqué ses jours cette fois-ci, confronté à cet autre Ackerman avec qui il a grandi. Le fait qu'il ait voulu le tuer me plonge d'ailleurs encore plus dans l'incompréhension. Je ne comprends vraiment pas qui ils sont l'un pour l'autre. Ils portent le même nom de famille, même si Livaï ne le sait toujours pas ça, il a passé quelques années à ses côtés, et pourtant, ils s'entretuent sans la moindre hésitation. J'ai senti de la rancœur dans sa voix quand Livaï a évoqué ses années passées avec Kenny. Pour la première fois, j'aimerais bien savoir. J'aimerais éclaircir les choses, comprendre, pour pouvoir enfin m'autoriser à lui révéler ce que je sais. Mais je n'ai pas le courage de lui demander.
Il retire son t-shirt pour que je puisse suturer la plaie de son bras, et j'ignore toute la musculature de son corps que je peux observer en concentrant mon regard sur sa plaie.
- Est-ce que ça va ? Me demande-t-il.
- Bah oui, pourquoi tu me demandes ça ?
- Armin vomit toutes ses tripes dehors, Jean tire une gueule d'enterrement, mais toi, tu parais étrangement normale.
- Je vais bien. Parfaitement bien. Je n'ai ni envie de vomir, ni envie de pleurer, et je m'en veux pas plus que ça. Je me suis défendue, n'est-ce pas ?
Il m'envoie un regard incertain dans le coin de l'œil. Il ne me croit pas une seconde. Même moi je n'arrive pas à gober mon mensonge. Parce que j'ai actuellement la gerbe et que je pourrais lui vomir dessus à tout instant, et parce que je n'ai jamais autant culpabilisé qu'aujourd'hui. Ça faisait une éternité que je n'avais pas ressenti autant de dégout pour moi-même. Je crois que je ne pourrais jamais porter autant de haine à quelqu'un d'autre que celle que j'éprouve pour moi-même en ce moment même.
- T'es pas naturelle, la rouquine.
- Je suis parfaitement naturelle. Arrête de me prendre la tête avec ça.
Il soupire. Je boucle le fil de suture. Je ne veux pas en rajouter plus que ça aux adolescents. C'est déjà suffisamment difficile pour eux, si moi aussi je me mets à péter les plombs, ils vont vraiment devenir dingues.
- Qu'est-ce que ça t'a fait ? Me demande-t-il en se rhabillant pendant que je range le matériel de soin dans la trousse.
- Rien. Je suis une véritable coquille vide je te rappelle. Ça m'a rien fait du tout.
- Et une très bonne menteuse aussi.
- On s'en tape de moi, Livaï. Un traumatisme de plus ou de moins, ça fait rien du tout. Occupe-toi plutôt de ton blondinet qui gerbe dehors parce qu'il n'arrive pas à accepter qu'il ait pu tuer sans hésitation.
Il ne dit rien. Alors je profite qu'il semble décidé à me foutre la paix pour attraper un fusil en silence. D'une certaine façon, je pense que c'est pour moi-même pas sombrer dans la folie que je m'efforce d'être complètement détachée de tout ça. Je ne veux pas y repenser. Je veux juste tout oublier, passer à autre chose et faire comme si rien de tout ça n'était jamais arrivé.
- Je vais prendre mon tour de garde, dis-je en me dirigeant vers la sortie. Et consoler Armin.
- Tu vas t'en rendre folle, Ellie. Arrête de faire comme si de rien n'était. Sois un peu honnête avec toi-même pour une fois.
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27 et une émotions (Livai/Levi x OC)
Fiksi PenggemarComment deux êtres en train de se noyer pourraient-ils se sauver l'un l'autre ? Quant bien même ils s'aimeraient suffisamment fort, l'un finirait par se sacrifier pour sauver l'autre. Peu importe leurs efforts pour nager main dans la main jusqu'à la...