Chapitre 59

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🌑❣️


Je marche doucement jusqu'à la caserne, le chat dans mes bras, en songeant à nouveau. Il dort encore, et se laisse étrangement porter. Sa queue se balance dans le vide au rythme de mes pas. Ses oreilles ne bougent pas, il semble profondément endormi. Son pelage se sèche enfin à mesure que les premiers rayons de soleil apparaissent. Ce n'est pas le cas de mes vêtements et mes cheveux. Frigorifiée, je grelotte et claque encore des dents sur le chemin. La chaleur du rouquin contre moi ne suffit plus à me réchauffer. Je suis certaine que ce sera un miracle si je ne tombe pas malade au cours des prochains jours. Ce serait bête quand même, de mourir d'une pneumonie après avoir survécu à une tentative de suicide.

Lorsque je regagne les rues de la ville, je la trouve étrangement animée. Le soleil est levé depuis une heure tout au plus, et pourtant, les rues sont déjà bruyantes, parcourues d'un bien grand monde. Les stands du marché ont déjà été dressés dans l'avenue. Et la plupart des gens s'y baladent déjà. Je reste figée un instant dans une ruelle avant de m'engager dans l'avenue. Elle est bruyante. Je me tourne vers une vitre d'une maison qu'un rideau empêche de voir à l'intérieur. Je regarde l'état dans lequel je me présente au monde.

Mon visage est couvert d'égratignures et de boues. Mon pyjama blanc est plus marrons et rouge qu'autre chose. Mes cheveux sont dégoulinant. J'ai honte de l'état dans lequel je suis. Pieds nus, en pyjama trempé et boueux, couverte de blessures au visage, sur les mains et les pieds, je ressemble à une enfant sauvage.

C'est une vieille dame qui me fait revenir sur terre. Je sursaute quand elle pose une main sur mon épaule. Mais elle ne s'attarde pas sur ma réaction étrange et me parle aussitôt que nos regards se croisent. Les yeux un peu plissés par la vieillesse, elle me sourit maternellement.

- Est-ce que tout va bien mon enfant ? me demande-t-elle.

Elle lui ressemble tant que je la confonds longtemps avec elle. J'ai l'impression d'avoir ma grand-mère sous les yeux. Et ça fait remonter la douleur dans mon cœur.

Le chat lui dort toujours dans mes bras, laissant un frêle ronronnement flotter dans l'air.

- Oui... parviens-je finalement à dire. J'ai cherché mon chat toute la nuit. Il était sorti hier avant la tempête, et n'était pas rentré, ajouté-je pour justifier mon état.

Elle retire sa main et baisse les yeux vers l'animal dans mes bras. Je me demande si elle va me croire, mais le doute quitte rapidement mon esprit quand elle hoche la tête, comme pour accepter ma justification.

- Pourriez-vous me donner l'heure, s'il vous plaît ? Lui demandé-je avant qu'elle reparte.

- Il doit être huit heures un quart. Tu habites loin ? Tu veux que je te raccompagne ?

- Non, non, ne vous en faites pas pour moi. J'habite à la...

Je m'interromps, m'apercevant qu'il vaut mieux qu'elle ne sache pas que je fais partie du bataillon d'exploration, puisqu'elle a l'air de me croire beaucoup plus jeune que je le suis.

- J'habite à côté de la caserne du bataillon d'exploration. Ce n'est plus très loin.

Elle hoche la tête.

- Très bien, rentre bien alors et vas vite te réchauffer.

- Merci Madame...

Je m'engage finalement dans l'avenue après elle. Je la traverse aussi vite que possible, en ignorant tant bien que mal les regards que j'essuie sur mon passage qui ne passe pas inaperçu comme je le craignais. Puis enfin, j'arrive à l'entrée de la caserne.

27 et une émotions (Livai/Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant