Chapitre 91

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Le silence commence à être plus que pesant. Personne n'ose parler alors qu'Hange et moi coupons des pommes de terre et des carottes avant de jeter les morceaux dans une marmite. Je suis vraiment allée me laver quand elle m'a ramené des vêtements tout propre d'ailleurs. J'ai plié ma chemise imprégnée du sang de Livaï, et je l'ai rangée dans mon sac, incapable de la jeter. Elle immortalise le souvenir du jour où Livaï a failli mourir, mais elle m'est définitivement bien trop chère pour que j'accepte de la jeter. Je pourrais bien essayer de la nettoyer, elle ne retrouvera jamais son blanc éclatant qu'elle avait autrefois. Je ne pourrais probablement plus jamais la porter, mais je ne parviendrai pas à la jeter. Il faudra que quelqu'un le fasse pour moi.

- Les gars, ce serait franchement pas de trop si vous pouviez nous apporter un peu d'aide au lieu de tous vous regarder en chien de faïence, marmonné-je agacée d'avoir à couper seule avec Hange les légumes.

- On se retrouve vraiment autour de la marmite pour partager un repas entre ennemis mortels, c'est ça ? Amusant, rétorque Magath. Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ? Si vous laissiez faire Eren Jaëger, vous obtiendriez pourtant le monde dont vous avez tant rêvé. Un paradis pour les démons !

- On était à deux doigts d'empêcher Sieg et Eren d'entrer en contact, répond Hange. Si seulement vous ne vous en étiez pas mêlés... Au risque de me répéter, en aucun cas, nous ne souhaitons ce massacre. Sinon, nous ne serions pas là, à nous cacher dans la forêt et faire mijoter un ragoût.

Ça, c'est certain. On serait d'ailleurs plutôt en train de dormir, bien au chaud dans notre lit confortable. Je donnerais tout là, pour retrouver mon lit. Mais je donnerai surtout tout pour arrêter Eren et le grand terrassement. Il n'est pas acceptable que nous le laissions réduire la population mondiale à la seule population de l'île.

- Vous seriez donc revenus sur le droit chemin... marmonne Magath.

- Le droit chemin ? Répète Jean. C'est toi qui ose parler de droit chemin ? Sans rire ?

Je soupire. Nous y voilà. J'avais oublié l'espace de ces trois jours passés loin de lui que Jean s'énervait plus vite qu'un cheval démarrant au galop à l'entente d'un coup de feu.

- On ne faisait que se défendre face aux titans que vous lâchiez sur nous sans arrêt ! Hurle-t-il. Et c'est nous qui serions à blâmer ?! Sérieusement ?! Si on s'est battus comme des enragés c'était pour pas finir déchiquetés dans la gueule d'un titan ! Et après ça t'oses encore nous traiter de démons vieux débris ?!

Je crois comprendre maintenant que s'il y a bien une chose que Jean déteste, c'est quand un Mahr le traite de démon. Niccolo aussi, il s'était énervé contre lui quand il l'avait traité de démon.

- Ben franchement, c'est comme ça que je vous considère, ouais, répond Magath. D'ailleurs, la menace qu'a toujours constituée votre île est bien en train de s'abattre sur le monde, non ? Voilà à quoi a abouti votre combat acharné. Je me trompe ?

Personne ne dit rien. Je sens Jean bouillir de l'intérieur alors que je coupe enfin la dernière pomme de terre sans qu'au final personne ne soit venu nous prêter main forte. On sait évidemment qu'il a raison. Mais à mes yeux, la menace n'est née que parce qu'ils l'ont imaginé. Peut-être que s'ils n'avaient jamais commencé à s'en prendre à l'île, jamais aucune menace n'aurait vu le jour, et alors jamais aucun massacre non plus.

- Tu sais quoi ?! Hurle finalement Jean. Eren aurait sans doute pas tourné comme ça s'il n'avait pas vu sa mère se faire bouffer sous ses yeux le jour où vous avez enfoncé le mur ! C'est vous qui êtes responsables du grand terrassement !

27 et une émotions (Livai/Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant