Prologue (Isaiah)

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— Si c'était la fille parfaite, comment tu en es arrivé à parler d'elle au passé ? interrogea Seyla, curieuse de creuser davantage.

— Eh bien...

La question persistait, flottant dans l'air comme une ombre indécise. Ni elle ni moi n'avions souhaité cela, cette séparation imminente que le destin semblait s'apprêter à nous imposer. Les ardeurs de nos cœurs, indissolublement liées, répugnaient à l'idée d'un éloignement. Aucun de nous deux ne voulait lâcher prise, comme si nos âmes refusaient de se démêler. Mais malgré cette volonté farouche, l'inévitable se dressait devant nous. Les silences entre nos regards étaient chargés de mots non prononcés, d'adieux anticipés.

C'était comme si le temps s'était suspendu, nous laissant dans un état de limbes émotionnelles. La proximité de la séparation créait une tension palpable, une douleur anticipée qui empreignait l'atmosphère. Les questions se bousculaient dans nos esprits, cherchant en vain une issue qui nous permettrait de déjouer les desseins du destin.

— Elle est décédée, avais-je repris d'un ton sinistre en fixant mes mains.

— Je regrette d'avoir posé cette question... S'excusa Seyla, accablée par la situation qu'elle venait de dévoiler.

— Ne t'en fais pas, j'ai fait le deuil de sa perte il y a deux ans déjà, c'est du passé désormais, avais-je rassuré en affichant un sourire fausser sur mes lèvres.

Je ne parviens pas à l'oublier...

— Isaiah, ton sourire ne trompe personne. On se connaît à peine, mais tu nous as laissé entrevoir une partie de ton cœur. Si jamais tu veux parler, Siyah et moi sommes là pour toi, déclara Seyla, posant sa main sur celui d'Isaiah comme pour lui apporter son soutien.

— Merci Seyla, tu es sans doute la personne la plus bienveillante que j'aie pu rencontrer, avais-je avoué, un sourire taquin ornant son visage.

— Haha, tu ne tenterais pas de me charmer par hasard ? Demanda Seyla, flattée par ses paroles.

— Qui sait, avais-je répondu en continuant à la taquiner.

Oui... toi aussi, si j'en ai l'occasion... j'essaierai de retrouver ce que j'ai perdu avec toi.

L'ombre de son souvenir planait sur mon cœur, une empreinte indélébile qui me laissait penser que jamais plus je n'aimerais quelqu'un de la même manière. Mon cœur semblait avoir perdu la capacité d'éprouver un amour aussi intense. Autrefois, je recherchais désespérément le véritable amour, mais aujourd'hui, cette quête avait laissé place à une résolution différente. Je ne voulais plus connaître cette forme d'amour, ne voulant plus affronter la douleur qui l'accompagnait. La peur de perdre à nouveau quelqu'un qui me serait cher devenait insupportable.

Les tentatives de recréer la magie que j'avais partagée avec elle se soldaient par des échecs répétés. Les femmes que j'avais croisées semblaient toutes trahir cette quête d'un amour authentique, dévoilant des côtés hypocrites, capricieux et bien d'autres imperfections. L'amour avec un grand A, celui que j'avais vécu avec elle, restait introuvable. Frustré, j'étais passé à l'étape supérieure, cherchant désespérément une connexion dans des relations charnelles avec plusieurs femmes, mais même cette quête s'était révélée vaine.

Le plaisir éphémère que m'offraient ces liaisons contrastait cruellement avec la sensation d'éternité que j'avais connue avec elle, que ce soit avec ou sans l'intimité physique. Mon cheminement semblait me conduire inexorablement vers la solitude, une destination que je craignais de plus en plus. Mais face à la quête désespérée de retrouver ne serait-ce qu'un instant de ce plaisir éphémère, je m'étais résolus à franchir cette frontière, à m'abandonner à des liaisons charnelles avec différentes femmes. Comme si chaque étreinte pouvait constituer un fragment fugace de ce bonheur perdu, je me laissai emporter par l'idée que peut-être, dans l'éphémère, résidait un remède à cette absence persistante.


...


Après une journée empreinte d'émotions, nous sommes rentrés chez nous ensemble. Un à un, j'ai accompagné chacun d'eux jusqu'à leur domicile respectif, devenant le dernier à me retrouver devant ma propre porte. La question récurrente me parvint : "Pourquoi tu me raccompagnes chez moi ?" À chacun, j'ai répondu avec une bienveillance feinte, évoquant simplement ma nature altruiste. Asu et Seyla ont trouvé cela adorable, leurs compliments résonnant dans l'air. Siyah, quant à lui, arborait un regard dubitatif tout au long du chemin du retour, dissimulant probablement une idée singulière derrière son expression énigmatique.

La véritable raison de mon geste était plus simple qu'il n'y paraissait. J'étais tout simplement seul. Contrairement à eux, personne ne m'attendait à la maison. La solitude était mon pire cauchemar, une réalité que je fuyais constamment. Ainsi, je recherchais sans cesse l'amour et la compagnie des autres. Ayant perdu mes parents, je ne connaissais pas l'amour parental, alors je me tournais vers les femmes, cherchant à combler le vide avec leur affection. Mon être entier aspirait à ressentir la chaleur de l'amour, peu importe sous quelle forme elle se manifestait. Pour moi, l'amour était universel, que ce soit celui d'un ami ou d'un parent. Peu importe la personne en face, l'amour demeurait une source de réconfort essentielle.

C'est ce que je pensais avant de la perdre.

L'amour que je ressentais pour elle se distinguait nettement de celui que j'éprouvais envers mes amis. Cette distinction devenait cruellement évidente lorsque le vide dévorant ma poitrine commençait à engloutir mon cœur, telle une force inéluctable comparable à un trou noir. Les contours d'une réalité douloureuse se dessinaient, rappelant que l'amour, loin d'être une panacée, pouvait être aussi source de bonheur que de souffrance. Si seulement j'avais su que cet amour pouvait être aussi dévastateur que libérateur, si seulement j'avais compris les tourments qui l'accompagnent...

Je ne veux plus jamais connaître l'amour, plus jamais !

Je ne veux plus jamais connaître l'amour, plus jamais !

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Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant