Prologue (Isaiah)

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Épuisé par la nuit où les pouvoirs mystérieux de cet homme avaient été révélés, capables de causer des morts avec une facilité presque terrifiante, j'avais ressenti le besoin de m'éloigner. Prendre congé pour retrouver ma mère et les enfants à l'orphelinat pendant un jour ou deux, loin du stress et des fardeaux laissés entre les mains d'Alda, Isaiah et Siyah. Un poids pesait sur ma conscience, mais les mots réconfortants de Siyah avaient réussi à apaiser une partie de cette culpabilité.

Ces quatre derniers jours passés à leurs ces m'avaient procuré un réconfort inestimable, mais j'avais besoin de plus. En route pour l'orphelinat, l'endroit apparaissait au loin, à travers des champs de fleurs et une colonne majestueuse de hautes herbes. À côté, une ferme se dressait, offrant aux enfants la possibilité de jouer avec le chien qui veillait sur le troupeau du fermier. L'image de ce paisible paysage m'apportait un peu de sérénité au milieu du tumulte qui avait émaillé mes récents jours.

Lorsque je me garais près de l'orphelinat, le calme régnait à l'extérieur, tous les enfants étant en classe. Seuls quelques adolescents plus jeunes se trouvaient à l'extérieur. J'avais décidé de m'approcher d'eux pour échanger quelques mots, prenant le temps de prendre des nouvelles de chacun. Ces visites régulières me faisaient du bien, me permettant de rester connecté à leur réalité, de m'assurer de leur bien-être et de partager quelques moments de réconfort avec eux.

J'avais reconnu chacun des visages, des plus petits aux plus grands, y compris Inuart, le deuxième plus grand avant mon départ définitif de l'orphelinat. Inuart jouait le rôle de grand frère pour les autres, et nous avions une relation privilégiée. Cependant, il était absent ce jour-là. Intrigué, j'avais questionné Lunara, celle pour qui il avait des sentiments, et elle m'avait alors confié que c'était un secret qu'elle ne pouvait pas révéler. J'étais curieux et pressé de savoir ce qu'Inuart me réservait, mais je devais attendre son retour pour en savoir plus. Plus tard, alors que nous discutions, Lunara m'avait partagé des anecdotes drôles et romantiques sur leur relation naissante.

Elle m'avait décrit comment Inuart, maladroit mais plein de détermination, avait tenté de lui offrir une fleur qu'il avait soigneusement ramassée dans le champ voisin. Malheureusement, ses efforts avaient été compromis par une bande de canards qui avait décidé d'attaquer au même moment, provoquant un chaos hilarant. Une autre histoire qu'elle m'avait racontée était celle d'une soirée étoilée où Inuart avait organisé un pique-nique improvisé dans la cour de l'orphelinat. Il avait préparé des sandwichs avec enthousiasme, mais un essaim de lucioles avait décidé de participer au repas, créant une ambiance féerique et rendant le moment encore plus mémorable.

Ces récits détaillés par Lunara m'avaient permis de visualiser ces moments de bonheur et d'innocence partagés entre les enfants de l'orphelinat. Les éclats de rire et la camaraderie étaient palpables, formant un contraste apaisant avec les épreuves que je devais affronter par ailleurs. Ces moments chaleureux avec les enfants de l'orphelinat étaient une bouffée d'air frais dans ma vie agitée.

La scène devant moi dépeignait un tableau idyllique. Des enfants riant et jouant sous le doux soleil de l'après-midi, leurs éclats de joie résonnant à travers la cour de l'orphelinat. Les rires s'entremêlaient avec le doux murmure du vent, faisant onduler les hautes herbes qui entouraient l'aire de jeu.  Le paysage était baigné de couleurs vives, les fleurs égayant l'ensemble de la scène de leurs teintes éclatantes. L'atmosphère dégageait une chaleur réconfortante, un tableau vivant de bonheur et d'innocence.

C'était un contraste bienvenu par rapport aux récents défis et aux sombres nuages qui avaient assombri mon horizon. Être là, au milieu de cette scène paisible, m'avait rappelé les moments de détente en montagne avec mes amis, renforçant le sentiment de bonheur que ce lieu m'offrait.

Après une après-midi intense à jouer avec les enfants de l'orphelinat, l'épuisement commençait à se faire ressentir. Chacun de mes mouvements révélait la fatigue accumulée au fil des jeux, des rires et des courses effrénées. Les cris joyeux des enfants résonnaient encore dans ma tête, une mélodie vivante qui avait coloré notre journée. Nous avions exploré les recoins du terrain, partagé des histoires fantastiques, et participé à d'innombrables aventures imaginaires. Les rires cristallins des enfants étaient une symphonie de bonheur, mais à mesure que la journée s'achevait, la fatigue avait pris le dessus.

Assis sur le banc, le sourire persistant sur le visage malgré la fatigue, je ressentais une satisfaction profonde. Ces moments épuisants étaient précieux, marquant non seulement une journée de jeux endiablés, mais aussi le renforcement des liens qui nous unissaient en tant que famille atypique mais aimante. Chaque rire, chaque éclat de joie, ajoutait une couleur vibrante à notre toile commune, faisant de cette après-midi une expérience mémorable.

La soirée s'étirait doucement autour de nous, enveloppant le paysage d'une lueur dorée. Toujours assis sur le banc à l'extérieur, la fatigue m'immobilisant, je savourais la quiétude du moment, accompagné de celle qui avait été ma mère tout au long de ma vie. Le thé qu'elle avait préparé avec soin ajoutait une note chaleureuse à notre conversation, créant une ambiance douce et réconfortante. Le vent légèrement frais portait le parfum des fleurs environnantes, tandis que les derniers rayons du soleil caressaient les collines avoisinantes, créant un tableau pittoresque. Nous évoquions tantôt le passé que nous avions partagé, tantôt le futur qui s'étendait devant nous, tissant ainsi les fils de notre lien familial. Lunara et Inurt, deux âmes joyeuses, nous avaient rejoints plus tard dans la soirée, complétant ainsi la scène paisible que nous formions à l'orphelinat.

Les nouvelles que nous avions échangées étaient comme un fil tissé entre nous, renforçant les liens affectifs qui nous unissaient. Chaque étreinte exprimait l'amour que nous partagions, transcendant les liens du sang pour forger une relation unique. Nous étions bien plus que des amis, bien plus que des frères et sœurs de cœur ; nous étions une famille façonnée par le destin dans les couloirs bienveillants de l'orphelinat.

Même si je rêvais de connaître l'amour d'une mère biologique et d'un père, je me questionnais sérieusement sur la nature de l'affection que je partageais avec ma mère et mes frères et sœurs de l'orphelinat. Cet amour sincère, forgé au fil des années, m'interrogeait sur la véritable essence de l'amour, au-delà des liens du sang. Assis dans ce cadre apaisant, entre le crépuscule et la nuit naissante, je me laissais emporter par ces pensées, me demandant si l'amour que nous partagions n'était pas, en fin de compte, le véritable amour.

Je contemplais le retour de chaque enfant à l'orphelinat, chacun rentrant progressivement pour savourer son dîner. Mes pensées se perdaient dans le passé, revivant ces moments où je les portais encore dans mes bras il y a des années. Un sourire m'échappait, teinté de nostalgie, alors que je rejoignais ces petits visages familiers, marquant de cette journée empreint de souvenirs et d'émotions.

Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant