Prologue (Isaiah)

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Alors que nous déambulions ensemble à travers l'aquarium, Seyla avait entamé une série de blagues mémorables, rivalisant d'ingéniosité à chaque nouvelle espèce de poisson qu'elle découvrait. Devant les bassins, elle avait réussi à transformer une simple visite en une expérience comique. Ses blagues, souvent teintées d'humour absurde et de jeux de mots, faisaient écho dans les allées, attirant l'attention de curieux et provoquant des éclats de rire.

Que ce soit en racontant des anecdotes farfelues sur les poissons exotiques ou en imaginant des conversations hilarantes entre les créatures marines, Seyla avait transformé notre visite en une aventure inoubliable, imprégnant chaque recoin de l'aquarium de son esprit comique et de sa bonne humeur contagieuse. Les éclats de rire résonnaient dans l'air, faisant de cette journée à l'aquarium une parenthèse enchantée de rires et de complicité.

Tandis qu'elle continuait à amuser la galerie, une émotion étrange m'envahissait. Au-delà du spectacle fascinant des créatures marines, je ressentais une tristesse profonde, une empathie envers ces habitants des océans confinés dans un espace bien trop restreint. Les regards perdus des poissons dans les bassins semblaient narrer une histoire silencieuse de leur captivité. Leurs nageoires battaient l'eau dans une chorégraphie triste, un ballet d'êtres libres dans un monde artificiel. Les reflets des lumières artificielles scintillaient sur leurs écailles, mais leurs yeux révélaient une mélancolie qui transcendait la beauté superficielle de l'aquarium.

Chaque coin de l'aquarium devenait une scène où se jouait la tragédie silencieuse de ces créatures privées de leur vaste royaume océanique. Je m'étais surpris à ressentir la tristesse de leur condition, à imaginer les vastes étendues qu'ils avaient perdues. Malgré la splendeur des couleurs et la diversité des espèces, l'aquarium devenait un lieu empreint d'une poésie mélancolique, où la beauté s'entremêlait avec la peine, transformant notre visite en une expérience introspective sur la nature de la captivité et du désir inné de liberté.

Après cette immersion dans l'univers sous-marin, l'odeur alléchante du restaurant de l'aquarium nous avait accueillit. Nous décidâmes de nous octroyer un repos bien mérité autour d'une table, plongeant nos regards fatigués dans les menus colorés. Seyla, toujours avide d'aventure culinaire, ne s'était pas privée de commander une variété de plats qui semblaient défier toute logique en termes de quantité. C'était comme si elle avait l'appétit d'un aventurier conquérant des mers plutôt que celui d'une élégante femme dégustant un repas. Sa gourmandise déployée était presque théâtrale, et chaque plat qui arrivait semblait lui rendre hommage.

Assise en face d'elle, je ne pouvais m'empêcher de sourire face à son enthousiasme débordant. C'était une démonstration de vitalité, une célébration de la vie et du plaisir simple de partager un repas avec des amis. Ses yeux pétillaient d'une joie contagieuse, et l'ambiance chaleureuse du restaurant se mêlait à sa vivacité, créant un moment de complicité et de plaisir partagé. Au milieu de cet océan de saveurs, de rires et de conversations animées, le restaurant de l'aquarium s'était transformer en un lieu où l'amitié et la délectation culinaire fusionnaient pour créer des souvenirs inoubliables.

Au fil de notre aventure à l'aquarium, une étrange ambiguïté s'était installée en moi. Un sentiment intense me poussait à vouloir être plus proche d'elle, à ressentir une connexion au-delà de l'amitié. C'était une tension entre l'attraction et la retenue, une danse subtile entre le désir et la conscience de ne pas franchir certaines limites. Seyla était une amie précieuse, et pourtant, il y avait cette pulsion, ce désir profond qui cherchait à se manifester. La tentation de céder à ces émotions était palpable, mais ma conscience m'empêchait de franchir ce pas. J'étais déchirée entre mes propres désirs et la volonté de préserver notre amitié.

C'était une lutte intérieure silencieuse, une bataille émotionnelle dans laquelle je me retrouvais piégée. Les souvenirs du bonheur partagé avec Milena semblaient tenter de ressurgir, de s'immiscer dans le présent. Cependant, je savais que Seyla méritait bien plus que d'être utilisée comme un substitut. Finalement, la décision de préserver notre amitié l'emportait sur les pulsions égoïstes. C'était une déclaration silencieuse de respect envers Seyla et une reconnaissance du caractère sacré de notre lien amical. Les instants partagés à l'aquarium devaient rester imprégnés de cette complicité unique, préservant la pureté de notre amitié.

Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant