Chapitre 56 : Les Marées de la Vengeance

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Le lendemain, de retour à la maison, mes pensées étaient obsédées par la perspective imminente de devoir utiliser l'arme soigneusement cachée derrière mon lit. Je m'étais réveillé d'un sommeil profond, la désillusion de quitter ce monde onirique pour revenir à la réalité mordante.

Ce soir, dans quelques heures à peine, cette arme aurait un rôle à jouer. Les images persistantes de presser la gâchette, d'enlever la vie de celui qui avait tourmenté Seyla et Isaiah, hantaient mes pensées. La nuit précédente avec Seyla ne faisait qu'amplifier ma rage, une rage qui coulait jusqu'au bout de mes doigts caressant la détente de frustration. Le poids de la mission à venir se faisait sentir, mais il était trop tard pour reculer.

Des jours durant, je m'étais perdu dans la réflexion sur la moralité de l'acte que j'allais commettre. Retirer une âme signifiait également arracher une parcelle d'humanité, et je me questionnais si cela commençait à partir du moment où l'on s'habituait  au meurtre. Tuer devenait-il alors une perte de sensibilité, un émoussement de notre humanité ? La peur initiale de l'idée de prendre une vie avait cédé le pas à une acceptation résolue de la responsabilité qui pesait sur mes épaules. Mes mains ne tremblaient plus à l'idée d'ôter une vie, car au plus profond de moi, je m'étais forgé une détermination inébranlable pour éliminer la source du mal à sa racine.

Les pensées de Thalric occupaient chaque recoin de mon esprit. J'étais immergé dans la perspective de la descente que nous préparions avec acharnement dans sa base, surnommée sobrement "la Base". Après des jours de lutte contre les membres de son gang, nous avions réussi à prendre l'avantage en termes d'effectifs. L'heure de l'assaut tant attendu avait sonné, une occasion que nous avions espérée avec une ferveur incommensurable. Rien ni personne n'allait m'empêcher de saisir cette opportunité entre mes doigts tendus vers la justice, ma justice !

Les aiguilles de la montre semblaient filer à une vitesse vertigineuse, chaque seconde, chaque minute s'évaporant dans l'obsession de la mission à venir. Même lors de mon appel vidéo avec Asu, mon esprit restait captif de l'obsession de chasser Thalric, comme un chasseur traquant sa proie. Le mal qu'il avait pu lui infliger en mon absence ne laissait aucun espace pour rester de marbre. L'incertitude régnait, mais ma détermination restait inébranlable, telle une force motrice guidant mes actions.

Son sourire était éclatant, elle partageait les détails joyeux de sa journée tout en s'occupant de ses clients. Cependant, au fond de moi, persistait une question lancinante : pourquoi ne m'avait-elle rien dit au sujet de son agression ? Se pouvait-il qu'elle cherchait à me préserver de l'inquiétude, anticipant ma réaction impulsive et protectrice ? Elle me connaissait bien, prévoyant avec justesse comment j'allais réagir, et dans cette anticipation, elle avait certainement raison. Un mélange de préoccupation, de colère et de frustration s'entremêlait en moi, façonnant un tourbillon d'émotions difficile à maîtriser.

J'avais préféré mettre de côté mes inquiétudes et me concentrer sur elle. Alors que je lui partageais chaque détail de ma journée exceptionnelle avec Seyla, je voyais son visage s'illuminer à mesure que je décrivais les moments forts. Les combats dans l'arène avaient été électrisants, chaque mouvement capturé par l'énergie palpable de la foule. Les défilés nous avaient transportés dans un univers de créativité, où les costumes colorés et les danses enivrantes formaient une symphonie visuelle.

Le concert en plein air avait été une expérience magique, la musique résonnant sous le ciel étoilé, créant une atmosphère enchanteresse. La session shopping nous avait conduits à découvrir des trésors uniques, tandis que les délices de la cuisine japonaise avaient ravi nos papilles. Chaque instant, chaque rire partagé avec Seyla avait rendu cette journée mémorable, une parenthèse enchantée dans nos vies ordinaires. Et même si j'avais omis certains détails, gardant certains moments entre moi et Seyla, la joie de les avoir vécus avec elle restait gravée dans ma mémoire.

Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant