Chapitre 58 : Fardeau des remords

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Ce jour-là, et les jours qui avaient suivit, j'avais demeuré inactif, plongé dans une léthargie de cinq jours épuisants. Mon existence semblait dépourvue de direction, et l'incertitude régnait en maître. Perdu dans mes pensées, j'avais revécu sans cesse cette vision cauchemardesque de son bras mutilé et tout ce que j'avais déclenché... ce bain de sang, ces meurtres... Mon esprit tournait en boucle, prisonnier d'une spirale de remords.

Durant ces cinq jours passés chez Hiroshi, j'étais plongé dans un abîme de confusion. Incapable de retourner chez moi, le poids du massacre nous avait enveloppés. Les médias avaient diffusé notre histoire, mettant en scène le bras ensanglanté dans le coffre, la mafia, et les membres du groupe d'Hiroshima et Alda, injustement dépeints comme des criminels. Ceux qui se jouaient dans l'ombre avaient manipulé l'information à leur guise, créant un récit qui déformait la réalité de nos actes.

Je croyais naïvement qu'ils garderaient cette information confidentielle, une illusion que je m'étais créée pour je ne sais quel raison. Cependant, j'avais oublié que nous étions confrontés à une force malveillante, au mal incarné, au diable. Désormais, le monde entier connaissait le propriétaire de ce bras ensanglanté. Depuis ce jour, j'avais été assailli par des remords que j'esquivais, fuyant la réalité comme à mon habitude.

Asu bombardait mon téléphone d'appels et de messages, tout comme ma mère, Isaiah et Hakan. Ils réclamaient des réponses, mais moi aussi, je cherchais désespérément des explications. Chaque jour, Hiroshi apportait le déjeuner et le dîner dans la chambre d'ami où je m'étais réfugié. Il ne prononçait pas un mot, sauf le premier jour où, après m'être réveillé, il m'avait simplement dit : « Je suis désolé, Siyah. »

Hiroshi, qui avait envisagé le sacrifice de quelques vies, n'aurait jamais pu prévoir la perte totale de son groupe. Nous n'étions plus qu'une dizaine à avoir survécu, en comptant Hiroshi, Alda et moi. Et en parlant d'Alda, il n'avait pas fui avec nous. Il était resté sur place, mais depuis ce jour, aucune nouvelle de lui. Les informations relayées affirmaient que deux cents mafieux avaient été retrouvés morts dans toute la forêt, y compris sur le chantier. C'était probablement son œuvre. Je ne savais pas pourquoi cette idée me traversait l'esprit, mais un individu aussi mystérieux que lui devait sûrement cacher quelque chose d'important dans l'ombre. C'était la conclusion à laquelle j'étais parvenu.

Ma présence ici reposait sur la certitude que personne ne me découvrirait à cet endroit, car Hiroshi était un mystère pour tous sauf Hakan, qui ignorait encore tout de lui. Bien que je me sentais serein en pensant cela, au fond de moi, la force d'agir avait disparu, car littéralement tout était de ma faute, mais je devais aussi réparer mon erreur, mais par où devrais-je commencé ? Comment pouvais je réparer mon erreur ? Comment ? Comment ? Comment ? Comment ? Comment ?

— Siyah ! S'écria Hiroshi en m'épellant pour me demander de venir.

Soudain, après quatre jours de silence, Hiroshi avait enfin prononcer un mot, ce qui m'étonnait énormément. Sa décision de rompre le silence était probablement due au fait qu'il avait trouvé une solution à notre problème. L'intrigue de l'incertitude planait encore dans l'air, mais cette fois-ci, une lueur d'espoir s'était allumée.

— Jette un œil à cela, dit-il d'un ton sérieux et posé.

Il me tendait alors un téléphone, et pas n'importe lequel, celui de Seyla. En parcourant les messages, je reconnus immédiatement l'expéditeur, Thalric. Chaque mot lu était comme une brûlure dans mon esprit, révélant le piège machiavélique dans lequel nous étions pris.

« Espérant que ma surprise a éveillé ton intérêt, tu as désiré jouer avec moi, alors jouons ! J'admets t'avoir sous-estimé. Dès que j'ai discerné ce regard, cette lueur de haine en toi, j'ai immédiatement compris que nous partagions une similitude troublante. J'en avais la même impression en observant Isaiah, mais il m'a grandement déçu. Par conséquent, je l'ai châtié, comme tu as dû le constater quelques jours auparavant. Je suis las de m'amuser avec tes complices Hiroshi et Alda ; ce que je recherche, c'est toi ! Un adversaire digne de ce nom ! Je vais te convier à un autre petit jeu, après que tu aies goûté au premier. Rends-toi à l'église abandonnée, seul ! Nous discuterons simplement autour d'une table, et ensuite, je déciderai du sort d'Isaiah. Tes réponses devront me satisfaire, sinon... je le tuerai devant tes yeux impuissants ! Pas de cachoterie, je découvrirai rapidement si tu seras seul ou non et si tu prévois quoique ce soit d'autre ! À bientôt, rendez-vous dans trois jour, à condition qu'il résiste à mes tortures d'ici là. »

Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant