Chapitr 59 : La Dualité des Émotions

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La course effrénée vers l'hôpital s'apparentait à une quête précipitée, alimentée par l'urgence de rejoindre Asu et ma mère. Le poids d'une révélation imminente pesait sur mes épaules, nourrissant mes craintes de l'inconnu. Les pavés de l'hôpital semblaient s'éloigner sous mes pas, laissant place à l'incertitude qui grandissait en moi.

À l'entrée, Asu m'attendait, une présence familière qui contrastait avec la tension qui régnait dans l'air. Dans un élan, elle s'était jeté sur moi, m'enlaçant tendrement. Ses yeux trahissaient une profonde émotion, des larmes qui révélaient le poids de ce qu'elle s'apprêtait à partager. Une vague de colère semblait poindre en elle, palpable, mais elle la réfrénait avec une maîtrise impressionnante, optant pour une déferlante d'amour plutôt que de laisser éclater la tempête de ses émotions.

C'était un moment où les mots étaient superflus, où la présence et l'étreinte exprimaient bien plus que toute tentative verbale. Le récit à venir flottait dans l'air, une révélation qui ébranlerait les fondations de ma réalité déjà chancelante. Les murs de l'hôpital semblaient témoigner silencieusement de l'angoisse qui m'habitait, un théâtre où se jouerait le prochain acte de ma vie, imprévisible et déroutant.

— Ton père... il est sur le point de mourir, ils ne lui donnent plus beaucoup de temps, murmura-t-elle en sanglotant. Ta mère était morte d'inquiétude, espèce d'imbécile, tu aurais au moins pu nous donner un signe de vie !

Les paroles d'Asu résonnaient comme une sombre symphonie, un écho de détresse qui révélait l'ampleur de la tragédie qui se déployait. La culpabilité pesait sur moi, une charge lourde que je devais porter, car mes choix avaient infligé une douleur insupportable à ceux qui me tenaient à cœur.

— Je suis désolé, Asu... allons voir mon père, avais-je déclaré en lui serrant doucement la main, Seyla nous accompagnant dans un silence pesant.

Malgré les apparences d'unité dans cette triste conjoncture, mes gestes de soutien dissimulaient un sentiment bien différent. Au plus profond de moi, l'indifférence régnait face à l'imminence de la mort de mon père, un homme que je détestais au plus profond de mon être. Les liens de l'amour filial s'étaient depuis longtemps rompus, laissant place à une froideur indifférente qui se cachait derrière les conventions sociales.

Les passerelles fragiles tissées par des mots de réconfort n'étaient qu'une façade, masquant la véritable nature de mes émotions. Se soutenir mutuellement devenait une performance, une pièce jouée pour préserver les apparences. Seyla, témoin silencieux de cette tragédie, connaissait peut-être la profondeur du mépris qui résidait en moi, alors que nous formions une alliance muette au sein de cette épreuve inattendue. La tristesse partagée n'était qu'une ombre, masquant la véritable nature des sentiments qui se dissimulaient derrière le rideau de l'obligation sociale.

Au cours des cinq derniers jours, elle m'avait expliqué que ma mère avait veillé à son chevet, me contactant régulièrement et s'inquiétant également pour moi. Asu était au courant de mes actions, mais par crainte des conséquences sur ma mère, elle avait choisi de garder le silence. Aujourd'hui, je faisais face aux répercussions de mes actes et de mes mensonges, réalisant que les conséquences de mes choix avaient atteint des proportions que je n'avais jamais anticipées.

— On a beaucoup de choses à se dire, mais commence par aller voir ton père. Je sais que tu ne l'apprécies pas beaucoup, mais écoute ce qu'il a à te dire en premier, conseilla-t-elle en ouvrant délicatement la porte de la chambre où il se trouvait, instaurant une pause chargée de tension.

Bien que l'idée de le voir et de lui parler ne m'enchantais guère, l'ombre de la culpabilité m'avait poussé à franchir la porte de sa chambre d'hôpital. Mon aversion était eclipsée par la préoccupation pour Asu, qui avait trouvé une manière compatissante de s'impliquer dans l'état maladif de mon père. Selon les médecins, il était apparemment sur le point de mourir, et l'idée de ne pas m'engager risquait d'ajouter un poids supplémentaire à la détresse d'Asu, mais surtout celle de ma mère.

Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant