Je suis Fatigué

Chapitre 2 : Une Amitié

Le lendemain, marchant sur le chemin familier du lycée, mes pas m'avaient inévitablement mener vers l'endroit où je l'avais vue la veille. Là, assise sur l'herbe, elle semblait absorbée par une contemplation profonde, son regard perdu au-delà de la rivière qui s'étendait devant elle. Intrigué, je m'approchai doucement, pensant qu'elle observait les eaux calmes, mais son regard était dirigé bien au-delà, vers un horizon invisible.

Son visage, habituellement éclairé par un sourire, portait cette fois une lueur de mélancolie. La tristesse qui se dessinait dans ses yeux contrastait avec l'image joyeuse que je m'étais forgée. C'était une découverte troublante, un rappel que derrière chaque sourire pouvait se cacher une multitude de sentiments. Je restai là, observant en silence, me demandant ce qui pouvait bien occuper ses pensées au-delà des horizons visibles.

Alors que je m'approchais d'elle, une légère hésitation m'envahissait, comme une vague indécise cherchant à déterminer si j'allais l'esquiver ou créer un moment gênant entre nous. L'idée de faire un détour pour éviter tout embarras me traversait l'esprit, mais la paresse l'avait emporter sur la prudence. Finalement, j'avais décider de poursuivre mon chemin, abordant la situation comme si de rien n'était. Mon cœur battait un peu plus fort, mélange d'anticipation et d'appréhension face à ce qui allait suivre. Les secondes semblaient s'étirer alors que je m'approchais, prêt à engager une conversation qui pourrait dissiper le voile de tristesse qui avait enveloppé son regard.

— Hé ! Avais-je balancé en lui tapotant l'épaule, cherchant à attirer son attention de manière décontractée.

— Ah ? Oh, excuse-moi, je ne t'avais pas vu, répondit-elle, manifestant une sincère surprise.

— Ce n'est rien, avais-je répliqué avec indulgence, voulant apaiser toute éventuelle gêne. La légèreté de l'instant était palpable, et notre échange reprenait son cours naturel.

Son regard, autrefois voilé par la mélancolie avait retrouver sa lueur habituelle, intrigante et pleine de vie. Je me questionnais intérieurement sur ce qui avait pu provoquer cette transformation soudaine. Mon esprit oscillait entre la curiosité et la volonté de ne pas m'immiscer dans sa vie privée. Je m'étais juré de ne plus m'investir émotionnellement, alors pourquoi avais-je décidé de m'approcher d'elle ? Une partie de moi regrettait presque de ne pas l'avoir ignorée, mais une force indéfinissable m'avait poussé à aller vers elle. Peut-être ce regard empreint de tristesse avait-il résonné en moi d'une manière que je ne comprenais pas encore.

— On y va ? Me lança-t-elle le sourire aux lèvres, exprimant son impatience teintée d'une énergie positive.

Elle s'était alors lever, et tous deux, nous nous dirigions désormais vers le lycée. L'atmosphère entre nous oscillait entre le silence pesant et l'énigme des sentiments inexprimés.

— Tu as bien dormi cette nuit ? Demanda-t-elle, affichant une curiosité sincère qui étincelait dans son regard.

— Non, enfin, je ne sais pas vraiment. J'ai traîné éveillée jusqu'à tard dans la nuit, avais-je confessé, mes yeux portant les stigmates évidents de la fatigue accumulée.

— Ça se comprend. Après tout, tu as passé toute une après-midi à dormir sur le toit du lycée, rappela-t-elle, soulignant avec une pointe d'amusement la petite escapade inhabituelle qui avait occupé mes heures de sommeil.

Parler avec elle de manière aussi décontractée, presque amicale, m'envahissait d'un malaise profond. Non, ce n'était pas la bonne approche, pas du tout. Les souvenirs soigneusement enfouis dans les tréfonds de mon cœur et de mon esprit remontaient à la surface, défilant à une vitesse vertigineuse. Mon regard s'obscurcissait, ma vision devenait trouble, et les battements effrénés de mon cœur résonnaient dans mes tempes. Il était impératif que je prenne mes distances, que je m'éloigne d'elle avant que quelque chose de trop intense ne se produise, sinon... sinon, les conséquences pourraient être dévastatrices.