Chapitre 67 : Chants Funèbres

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L'aube naissante peignait le ciel, mais sa lueur n'effaçait pas la douleur qui pulsait à travers chaque fibre de mon être. Allongé dans l'herbe, mon corps criait sa souffrance alors que je m'efforçais de me relever. L'horizon dévoilait une église dévastée, comme si la colère divine l'avait frappée. Cependant, la réalité sanglante démentait toute interprétation céleste. Seyla et Asu avaient disparu de mes côtés, laissant un vide inquiétant. Alors que j'appelais chacun d'eux, ma voix résonnant à travers la prairie, aucun ne m'avait répondu, suscitant en moi une inquiétude grandissante. Les sanglots s'étaient échappés de ma gorge avec une faiblesse déchirante. Aucune réponse ne venait, et la solitude pesait sur moi comme une chape de plomb.

Mais lorsque j'avais perçu des pleurs, l'espoir avait refait surface en moi. Mes pas vacillants me guidaient vers l'église en ruines, où des sanglots et des pleurs perçaient faiblement l'air, c'était Seyla et Asu. En tentant d'atteindre l'endroit où elles étaient, mes jambes refusaient de coopérer, m'obligeant à chaque fois à m'effondrer sur le sol glacial. Malgré ma faiblesse, une détermination fragile me poussait à me relever, à rejoindre les filles. Quand enfin j'atteignis le lieu funeste, le monde s'était soudainement arrêter de tourner. Devant mes yeux, les corps sans vie d'Hiroshi et d'Isaiah gisaient, témoignant de l'horreur qui avait transpiré. Le cadavre partiellement brûlé d'Isaiah reposait aux côtés du corps sans jambe d'Hiroshi, créant un tableau macabre qui glaçait le sang. Leurs formes inertes, jadis animées par la vie, semblaient défier toute logique.

La réalité brutale me frappait avec une force implacable. La mort avait fauché ceux que j'aimais, les plongeant dans un silence éternel. La répétition de "mort" résonnait dans ma conscience, martelant la cruauté de cette perte.

Mort, mort, mort, mort, mort, mort... Ils sont morts...

Leurs corps, autrefois pleins de vie, gisaient mutilés, baignant dans une mer pourpre. Isaiah, dont la moitié du corps était dévorée par les flammes, et Hiroshi, dont les jambes avaient été arrachées et brûlées, reposaient là, dans un tableau macabre. Mon esprit refusait d'accepter cette réalité, la trouvant trop insensée, trop inhumaine. Un pas hésitant après l'autre, je m'approchais lentement des corps étendus. Cependant, à mesure que je me rapprochais, la scène se dévoilait davantage. Seyla, dans un élan de désespoir, tentait de réveiller Isaiah, alors qu'Asu, désemparée, tentait en vain de l'arrêter. Cette scène déchirante avait provoquer en moi des larmes silencieuses, soulignant la tragédie qui s'était abattue.

— Allez Isaiah... relève-toi s'il te plaît. Aller, aller, aller, refais-nous une de tes blagues perverses. Aller Isaiah...arrête de faire semblant de dormir, ce n'est plus drôle. Isaiah, relève-toi, Isaiah ! Supplia-t-elle désespérément entre deux sanglots et en bougeant son corps inerte de droite à gauche. Sa voix était empreinte d'une détresse palpable, créant une scène poignante d'espoir et de désespoir mêlés.

— Arrête, Seyla, c'est trop tard... s'il te plaît, arrête... murmura Asu, assise à ses côtés. La supplication dans sa voix trahissait un mélange d'impuissance et d'espoir fragile.

Dans ce cimetière improvisé de douleur, je m'étais approché des corps inanimés, mes mains tremblantes essayant vainement d'essuyer le voile de larmes qui obscurcissait ma vision. La vue des sourires sereins sur les visages meurtris d'Isaiah et d'Hiroshi avait déchiré le masque de ma retenue. Mes larmes, libérées de toute retenue, avaient tracé des sillons sur mes joues, emportant avec elles le poids insupportable de la perte. Les sourires apaisés de mes amis, contraste poignant avec le chaos qui les entourait, ont résonné comme un écho déchirant dans le silence de l'horreur.

Au milieu de la douleur dévorante, mes pensées s'étaient repliées sur la promesse non tenue, mais une compréhension résignée m'a envahi. Je ne lui en voulais pas, non, car sa quiétude retrouvée m'inspirait une étrange paix. Contempler son visage apaisé m'avait fait me demander si c'était là le dénouement souhaité, malgré la douleur lancinante de le voir partir. Mon cœur souffrait, mais une lueur d'espoir s'épanouissait en imaginant qu'il pouvait retrouver l'amour qu'il avait cherché avec tant d'ardeur ici-bas.

Quant à Hiroshi, son sourire semblait révéler une réunion bienheureuse avec son frère, sa femme, et le bébé à venir. C'était peut-être la seule voie pour lui. La tristesse embrassait mon être, mais une joie teintée d'amertume émergeait en reconnaissant qu'ils avaient triomphé de Thalric, même si cela signifiait sacrifier leur existence. Ils avaient persévéré jusqu'au bout, préservant ainsi notre bonheur collectif.

La remontée de cette pente escarpée s'annonçait ardue pour nous trois, et le chemin le plus long à parcourir serait certainement celui de Seyla. Après tout ce qu'elle avait enduré, je me questionnais sur sa capacité à retrouver un jour le sourire sur ses lèvres. En prêtant une attention particulière à elle, j'avais noté une transformation intrigante : ses cheveux blonds habituels avaient adopté une teinte pure, évoquant le lait ou même la neige. Le mystère de ce changement m'échappait, mais à force de l'observer de près, la vérité m'avait frappé : c'était elle depuis le début.

Je vois... je suis désolé Seyla... sincèrement désolé.

Alors que je contemplais le lever du soleil, signalant la fin d'un monde ancien et la naissance d'un monde nouveau, deux Quetzals avaient surgit soudainement à travers les arbres, volant majestueusement dans le ciel. Leur beauté transcendante rappelait la présence de mes amis disparus, évoquant une douce mélancolie. Le chant des oiseaux se métamorphosait en une mélodie funèbre, tandis que les plumes chatoyantes de ces créatures ailées devenaient le symbole silencieux d'une ère révolue, portant en elles le présage énigmatique d'un avenir incertain.

Au revoir, mes amis.

Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant