Chapitre 43 : Danse des illusions, Répit près du feu.

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Alors que le temps s'écoulait lentement dans l'obscurité des escaliers, les cris et les pleurs résonnaient le long des parois du toit, des appels à l'aide désespérés que personne ne semblait entendre. Mon cœur se serrait à chaque son, mais je ne pouvais pas me permettre de fléchir. Quelle autre solution y avait-il ?

Comment aurais-je pu laisser des personnes comme eux respirer le même air qu'Asu ? Était-ce la seule voie possible que de devenir un monstre à mon tour ? Je souhaitais leur mort, mais en agissant ainsi, ne perdais-je pas un peu plus de mon humanité à chaque instant ? Que ce soit pour la bonne ou la mauvaise cause, retirer la vie d'un homme, n'était-il pas quelque chose d'horrible ?

Je me remettais en question, j'étais en proie à un silence intérieur incessant. Je ne savais pas si je devais arrêter Isaiah ou non. Je l'avais déjà arrêté une fois, mais serais-je capable de le faire à nouveau, alors qu'il s'agissait des personnes responsables d'avoir anéanti l'âme de la femme de sa vie ? Si j'avais été à sa place, je les aurais sûrement tués. Et si quelqu'un avait tenté de m'arrêter, ce serait certainement impossible, car par tous les moyens possibles, j'aurais fait en sorte de les détruire.

Mais se perdre dans les méandres de sa colère n'était pas quelque chose de bon. J'en avais déjà payé les conséquences lors de ma dispute avec Zéphyr, et les remords étaient fatals.

Je dois l'arrêter !

Les images du passé refaisaient surface, moi pleurant toutes les larmes de mon corps, le corps inerte de Zéphyr, moi tentant désespérément de le ramener parmi nous... Ma poitrine se serra soudainement. Je ne pouvais pas commettre une seconde fois cette même erreur. S'il les tuait, sa carrière dans le basket prendrait fin avant même d'avoir commencé. Milena ne voudrait pas qu'il devienne ce genre de monstre, en aucun cas. Je devais l'arrêter !

Je me précipitais, le cœur battant et la sueur au front, arpentant les marches des escaliers deux par deux. J'espérais sincèrement que les cris qui avaient soudainement cessé n'étaient pas réellement ce que je craignais, mais plutôt un silence qui signifiait quelque chose de différent.

— Isaiah ! Avais-je hurlé, tirant la porte du toit d'une main puissante. Mais ce qui se présentait devant moi me laissait sans voix, une scène macabre digne des pires cauchemars, figée dans toute son horreur.

Sur le toit éclairé par la lune, Isaiah se tenait au-dessus de ses deux assaillants, son corps tremblant d'adrénaline. Autour de lui, le silence était brisé uniquement par le bruit lointain des voitures, le vent froid de l'hiver et le souffle court d'Isaiah. Son regard fixe et dur contrastait avec la violence de la scène. Ses yeux reflétaient le néant, le vide... sa part d'humanité avait été retiré.

La lueur pâle révélait le visage des agresseurs, déformé et méconnaissable, tandis que la bouillie sanguinolente recouvrait chaque centimètre carré de leur peau. Le souffle court, Isaiah cherchait à comprendre la fureur qui l'avait animé, tandis que la brise légère balayait ses cheveux blond maculés de sang, soulignant l'horreur de l'instant.

Hiroshi, arrivé après moi, semblait lui aussi figé devant cette vision cauchemardesque. Son regard empreint d'incompréhension se posait sur les corps déformés, son souffle suspendu dans l'air nocturne. Son visage blême reflétait l'effroi et la stupeur face à la dévastation qui s'étendait devant lui, figeant l'instant dans une tension palpable. Les ombres dansantes de la nuit semblaient envelopper le duo, les isolant dans leur choc muet... ils n'étaient plus de ce monde.

— Je n'ai rien fait... c'est lui... c'est lui qui... a fait ça... balbutia Isaiah, sa voix presque étouffée par le vent glacial de la nuit.

Ses yeux reflétaient un mélange de confusion et d'effroi, tandis qu'il semblait lutter pour donner du sens à ce qu'il venait de se passer. Le frisson de la nuit enveloppait ses paroles, accentuant l'atmosphère sinistre qui planait sur le toit désert. Chacun de ses mots semblait se perdre dans l'obscurité, laissant flotter un doute trouble dans l'air.

Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant