Prologue (Seyla)

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— Je vais au toilette, je reviens vite. Avais-je prévenue.

— Nous, on va s'installer près de la vitrine, tu nous rejoindras, fit Asu en lui caressant l'épaule comme pour lui apporter un quelconque soutien.

Je marchai sereinement, l'air de rien en direction des toilettes. Je faisais tout pour faire croire aux autres que j'étais d'un calme olympien, mais la vérité était tout autre...

Intérieurement, j'étais littéralement morte de peur. J'arrivais à peine à dissimuler mes tremblements en les attribuant au froid qui régnait dehors. Pourquoi avais-je une telle peur ? Pourquoi étais-je dans un état de choc pareil ? Qu'arrivait-il à mon corps ? Je ne comprenais plus rien ! Une sensation de dégoût avait envahi ma gorge, et j'avais une terrible envie de vomir toute mes tripes jusqu'à vider mon corps de ces organes.

En pénétrant dans les toilettes, mon corps s'était soudainement crispé sans mon autorisation, à tel point que j'allais finir par m'écrouler. Sans perdre plus de temps à me morfondre sur cette douleur à l'estomac, je m'étais précipité vers la première porte disponible et avais accompli ce que j'avais à faire.

Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

C'est quoi cette douleur qui m'envahit ?

Ces images qui fusent dans ma tête, ces cris de douleur, ces larmes... à qui appartiennent-elles ? Ces rires malsains, de qui viennent-ils ? Ce corps allongé par terre...

Pourquoi est-ce que j'ai toutes ces choses dans ma tête ? Qui peut bien être ce camarade de classe que j'ai oublié ?

J'ai mal ! J'ai tellement mal !! j'ai si mal !!!

Non ! Lâcher moi ! Laissez-moi tranquille ! NON, NON, NON, NON, NOOOOOOOONNNNN !!!

En reprenant mes esprits, les images qui hantaient mon esprit et qui devenaient peu à peu réelles s'étaient volatilisées, ne laissant derrière elles que la peur qu'elles avaient engendrée en moi. J'étais assis par terre à côté des toilettes et de mon vomissement qui les remplissait, relevant la tête, constatant que le danger était maintenant parti, je me relevai ensuite pour remarquer que je saignais abondement du nez, chose qui ne m'était jamais arrivé auparavant.

Malgré mes efforts pour marcher correctement, mon corps était en proie au choc de ce qu'il venait de se produire. La peur était désormais maîtresse de mon corps. Je devais impérativement me calmer, car je risquais d'inquiéter les autres, et c'était la dernière chose dont j'avais envie à l'instant. Siyah pourrait s'énerver contre mon ancien camarade de classe et Isaiah...

Je ne savais plus quoi penser de lui depuis qu'il m'avait révélé au grand jour ses sentiments envers moi. Je ne le détestais pas, mais l'idée de me mettre en couple avec un homme me répugnait. Je n'étais pas lesbienne pour autant, j'aimais bel et bien les hommes, mais lorsqu'il s'agissait de se mettre en couple, une barrière immense se dressait alors entre moi et les hommes, et je me mettais à les repousser systématiquement.

Je ne me comprenais pas.

D'un côté, j'avais une envie irrésistible de sentir le corps d'un homme contre le mien, mais de l'autre, je les rejetais tous... Pour quelle raison faisais-je cela ? Pourquoi avais-je une telle attirance sexuelle envers ce sexe ? Pourquoi l'envie de goûter au membre de Siyah m'obsédait-elle ? Pourquoi je désirais l'avoir en moi... pourquoi avais-je ce genre de pensé obscène ? Pourquoi étais-je aussi perverse ?

Je suis si dégoutante. Ce doit être la raison pour laquelle je refoule les hommes un a un comme des dominos.

Je n'en connaissais pas les raisons, mais depuis mon réveil dans cet hôpital, je possédais une libido anormalement élevée. Pour les jeunes de mon âge, il était tout à fait normal d'avoir ce genre de pensées et d'envies. Les garçons comme les filles désiraient ardemment explorer cette facette du l'amour, quelque chose qui est décrit comme agréable, capable d'atteindre l'extase ultime du bonheur sur terre, le sexe.

Mais pour une raison inhabituelle, j'en avais constamment envie. Je voulais me masturber encore et encore jusqu'à ne plus en ressentir le besoin, ce que j'avais d'ailleurs fait un week-end il y a un an maintenant. Je pensais que cela calmerait mes pulsions sexuelles, mais...

Il va s'en dire que j'étais tellement naïve.

La même boucle se répétait constamment chaque jour qui passait. En premier lieu, vient le désir irrépressible de vouloir se masturber, ensuite vient la pratique, le bonheur survient durant les deux premiers processus, donc en faire un troisième était inutile. Enfin, le regret, les larmes et le dégoût envers ma propre personne se manifestaient.

- Ah... je suis fatigué, tellement fatigué...

À cet instant précis, j'en avais très envie, mais en fixant la personne qui pleurait silencieusement dans le miroir, j'avais décidé de ne pas le faire ici. Je n'avais ni l'envie ni le courage de me regarder dans le miroir une nouvelle fois après l'avoir fait. Et puis, comment pouvais-je faire face à l'homme qui m'attirait et à l'homme que j'attirais suite à cet acte...

Tu es si dégoutante, Seyla.

Séchant mes larmes, puis aspergeant mon visage d'eau froide, je quittais les toilettes, comme si rien ne s'était déroulé dans ces lieux. Marchant avec un sourire faussé aux lèvres vers mes amis, je les rejoignais tandis qu'ils étaient servis par des hommes en tenues ridicules, cherchant désespérément à gagner ce concours. Je n'avais pas pu retenir mon rire en les apercevant. Cette sensation de joie partagée avec tous les clients et serveurs de ce maid café, ah... c'était si bon...

Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant