Prologue (Asu)

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Une fois les desserts de Siyah terminés, je les lui apportai aussitôt dans de charmants petits paquets, chacun orné de la phrase réconfortante : "Courage Siyah, je t'aime !"

Ses yeux trahissaient un changement certain aujourd'hui, ce qui m'avait poussé à lui proposer de renouer notre amitié, comme au bon vieux temps. Cependant, à ma grande déception, il n'avait pas évolué au point d'accepter ma requête, ce qui m'avais laissé comprendre que son combat intérieur n'était pas encore arrivé à son terme. Par conséquent, j'avais voulu lui témoigner tout mon soutien en lui offrant un baiser et en inscrivant cette phrase réconfortante sur les deux paquets.

Éprouvant une joie pure et exaltante, semblable à celle d'un enfant à qui l'on offre son jouet préféré, je me dirigeai vers la table où Siyah était assis, lui servant ses desserts avec un sourire chaleureux.

— Tiens, voilà pour toi, et oh ! Avais-je lancé en tendant l'objet, surprise de la présence d'un inconnu auprès de Siyah.

Des questions venaient les unes après les autres occuper mes pensées. Qui était cet homme ? Je ne l'avais jamais vu auparavant. Et puis, que faisait-il accompagné de Siyah ? Le seul moyen de le savoir était de lui poser directement la question.

— Bonsoir, vous êtes ? Avais-je demandé par curiosité.

Ils semblent bien se connaître...

— Isaiah, l'ami de Siyah, enchanté, répondit-il poliment, le sourire chaleureux.

Son... Son ami ?

La phrase qu'il prononça provoqua en moi un sentiment étrange dans ma poitrine. Comment ça son ami ? Ça ne se peut pas, Siyah ne peut pas avoir d'ami. Mais ? Qu'est-ce que je raconte ? Non, ressaisis-toi. Ce n'est pas le moment de te perdre dans tes pensées.

— Enchantée, je m'appelle Asu, avais-je répliqué, tentant de dissimuler mon trouble.

— Oh, magnifique prénom, complimenta-t-il.

— Merci, avais-je dis en souriant.

— Bon, je vous laisse entre amoureux, bonne soirée, à plus tard Siyah. N'oublie pas ce que je t'ai dit, hein ! Lança-t-il en partant.

Finalement, Isaiah s'éclipsa, nous laissant, Siyah et moi, seuls dans le café ancestral.

— Je... commença-t-il, comme s'il  avait une quelconque excuse à me fournir.

Un frémissement de bonheur m'envahissais tandis que je contemplais Siyah, enfin capable de tisser des liens d'amitié. Son visage déconcerter m'avait arracher une larme, un torrent de joie et de soulagement m'avait également envahis, mais... à cette exultation se nichait une tristesse silencieuse, une tristesse dont je n'étais pas encore consciente. Une mélancolie voilée, comme un pressentiment tenace, se dissimulait dans les recoins de mon âme, obscurcissant le moment de ce voile invisible et pourtant palpable.

Je n'étais pas heureuse...

— Je suis heureuse pour toi, tu t'es enfin fait un ami Siyah, avais-je proclamé, les larmes aux coins de ses yeux.

Mes paroles avaient franchi mes lèvres, mais une dissonance interne s'était glissée dans mes pensées les plus intimes, semant le doute sur la véracité de mes propres convictions. Je m'étais persuadée de la sincérité de mes paroles, mais au fond de moi, un écho insaisissable suggérait le contraire, remettant en question la solidité de mes convictions les plus profondes.

— Ces paroles... sont-elles sincères ? Et ses larmes ? Ce sont des larmes de tristesse, n'est-ce pas ? Tu es la seule à ne pas m'avoir rejetée et à être restée auprès de moi, dit-il d'un ton froid et glacial, refroidissant l'ambiance chaleureuse qui régnait dans la pièce.

Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant