Prologue (Morgane)

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En apprenant que Siyah avait fait une tentative de suicide, j'avais été profondément bouleversé, dévasté. En voyant son corps, il semblait avoir enduré d'innombrables champs de bataille, une multitude de guerres. Je n'osais plus comparer ma propre souffrance à la sienne. Le monde que Siyah contemplait était un paysage post-apocalyptique, où le sol était jonché de terre, les infrastructures en ruines, et le pourpre était la seule lueur vive perçant ce champ de bataille. C'était une scène aussi déchirante que magnifiquement sombre.

En arrivant à l'hôpital, je n'avais pas eu le courage de franchir le seuil de la chambre où Siyah séjournait. La crainte que sa mère se jette sur moi, me tenant pour responsable de tout, avait paralysé mes pas. Je comprenais bien qu'elle ne savait rien de la situation, mais en moi-même, je portais le fardeau d'avoir réduit Siyah à un état si déplorable, tant sur le plan physique que psychologique. J'étais hanté par le sentiment d'être devenu un monstre, un monstre que n'importe quel petit frère rejetterait.

Le même dilemme s'était posé lorsque j'avais envisagé de lui rendre visite à son domicile pour lui présenter mes excuses. Je portais avec moi une lettre spécialement rédigée par Zéphyr une semaine avant sa disparition. Pourtant, la crainte de l'affronter, en réalité, était dirigée vers Siyah lui-même. L'appréhension de sa réaction en me voyant m'avait paralysé. J'étais resté figé sur le trottoir en face de sa maison, incapable de franchir le seuil. J'essayais de l'apercevoir à travers la fenêtre de sa chambre, mais les rideaux de cette dernière demeuraient obstinément clos. À la fin, j'avais renoncé, laissant Asu et ses amis accomplir ce que j'avais échoué à faire.

Deux mois s'étaient écoulés, et finalement, ma curiosité avait pris le dessus. Je désirais ardemment lire cette lettre, celle que j'avais découverte ce soir-là, après ma tentative de meurtre et ma discussion avec Asu, alors que je fouillais parmi les anciennes affaires de Zéphyr. Chacun de ses vêtements et possessions était imprégné de souvenirs que je chérissais, mais ce qui me tenait le plus à cœur était leurs mangas.

J'étais passionné par leurs travails. Cependant, en parcourant les pages de ce dernier complètement intact, j'avais découvert une lettre adressée à Siyah, au nom de Zéphyr. Je ne l'avais pas ouverte, car elle ne m'était pas adressé, mais j'étais tout de même convaincu qu'elle renfermait quelque chose qui aurait pu réparer nos erreurs du passé, mais j'avais agi bien trop tard, les dommages étaient déjà irréparables...

En la parcourant, mon cœur s'était enfoncé dans une tristesse profonde. Dans l'atmosphère de ma chambre, de multiples émotions avaient surgi, mais je ne savais pas comment réagir autrement que de me laisser submerger par le remords. J'avais souillé la mémoire de Zéphyr en laissant la haine m'envahir et en maudissant sa venue dans ce monde. J'avais été une sœur défaillante.

Chaque jour, je relisais cette lettre en boucle, et à chaque fois, la même réaction se produisait : des larmes montaient, et une douleur oppressante envahissait ma poitrine, peut-être me faisais-je délibérément souffrir, qui sais... La pensée que j'avais condamné Siyah à la déréliction me hantait, mais que pouvais-je faire d'autres sinon priées pour qu'une âme charitable vienne à son secours.

Asu m'avait rassurée en affirmant que cette Seyla serait la personne qui viendrait en aide à Siyah, qu'elle possédait quelque chose de spécial en elle, capable de changer Siyah... Cependant, depuis lors, je n'avais plus reçu de nouvelles...

Aide-le, Seyla ! Sauve-le au nom de la mémoire de mon frère. Permets-moi de me repentir auprès de lui. Je t'en prie, sauve-le...

Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant