Chapitre 35 : L'épée de Damoclès

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Après avoir passé une longue semaine alité chez moi à cause de mon rhume, je pouvais enfin sortir de chez moi pour entreprendre une tâche cruciale : réparer mes erreurs du passé. Pour cette occasion, j'avais choisi de revêtir mon plus élégant costume, celui que j'aurais dû porter lors de l'enterrement de Zéphyr. Cependant, à l'époque, j'avais été trop lâche pour me rendre ne serait-ce qu'à sa tombe... Aujourd'hui, j'étais fin prêt à affronter le passé. J'avais aussi pensé à prendre des fleurs, un crayon de papier et l'objet le plus cher à mes yeux pour les déposer sur sa tombe. Ce n'était pas grand-chose, mais je suis sûr que cela lui aurait fait plaisir, j'en suis certain.

En sortant de ma chambre, j'avais croisé mon père dans le couloir, ignorant mon existence depuis notre dernière dispute ce fameux soir. Notre relation père-fils avait cessé depuis bien des années désormais, mais j'avais l'impression que je ne représentais plus rien à ses yeux. Il ne m'avait jamais, pas même une seule fois, rendu visite à l'hôpital. C'était à se demander si j'étais encore un être humain à ses yeux. Et aussi... quelque chose avait changé en lui, mais je ne saurais dire ce que c'était. Je le sentais de plus en plus faible, et cela n'avait rien à voir avec la vieillesse. Il n'avait que quarante ans à peine. Il n'était plus tout jeune, mais tout de même... la fatigue se faisait ressentir à travers sa démarche, son air abattu, et sa respiration.

Pourquoi m'inquièterai-je ? Je n'ai plus rien avoir avec cet ordure.

Je l'avais alors ignoré à mon tour, descendu et rejoint Asu qui m'attendait dans sa voiture, prête à partir pour la maison de Morgane. Depuis notre dernière rencontre, je n'avais eu aucun signe de vie de sa part, et Asu refusait de me dire pourquoi elle tenait absolument à me voir chez elle. Je savais seulement qu'elles avaient réussi à recoller les morceaux de leur amitié d'antan. Pourquoi n'était-elle pas venue à l'hôpital me rendre visite ? Elle avait eu plusieurs occasions de le faire... J'étais très curieux.

— Tu es prêt ? Me demanda-t-elle.

— Oui, nous pouvons y aller, avais-je répondu.

Nous nous mîmes alors en route, avec trois heures de route devant nous. D'après ce qu'Asu m'avait raconté, elle tenait à habiter très loin de cette maudite ville qui lui rappelait tant de souvenirs douloureux. Elle avait déménagé dans un endroit paisible, presque au milieu de nulle part, dans une montagne, là où personne ne serait venu la chercher. Ses parents n'avaient jamais cherché à la retrouver, et c'était mieux ainsi... Sans ces maudits parents... haa. Il ne servait plus à rien de ressasser le passé. Je devais avancer et faire voir le jour à notre précieux rêve.

Si son frère avait été enterré ailleurs, elle n'aurait jamais remis les pieds dans cette ville. C'était un pur hasard que nous nous soyons croisés ce jour-là. Certes, elle cherchait à me retrouver, mais si elle avait échoué, elle aurait abandonné toute tentative de meurtre à mon encontre. J'avais simplement eu de la malchance ce jour-là, ou peut-être que, finalement, cela avait été une chance. Ce jour-là, Asu m'avait tout de même sauvé la vie, et je ne pourrais jamais lui rendre la pareille.

— Pourquoi nous allons d'abord chez elle ? Nous aurions pu  directement passé par le cimetière et ensuite nous rendre chez elle,  avais-je argumenté.

— Elle tenait à venir au cimetière avec nous, mais elle voulait d'abord avoir une discussion avec toi. Ne t'en fais pas, elle ne cherchera plus à te faire du mal. Tout se passera bien, me rassura-t-elle. Et tu as besoin de récupérer des précieuses choses qui te seront utiles pour ton rêve, me confirma-t-elle.

— Je vois...

Je profiterai de cette occasion pour m'excuser auprès d'elle.

— Ah, c'est dommage que la neige s'en aille petit à petit. Je n'ai pas pu en profiter assez...

Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant