Chapitre 39 : L'Alliance des victimes

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J'étais épuisé, mais je ne ressentais pas la fatigue languissante qui engourdissait mon corps. Mon esprit était trop occupé à errer, à réfléchir, à arpenter les rues de la ville éclairées par les réverbères. Il était cinq heures du matin, mon regard était vide, mes pas étaient lourds, et le vent frais du matin était mon seul compagnon dans cette marche solitaire. J'étais écrasé par la pesanteur de la nuit.

L'aube était sur le point de se lever, je devrais sans doute rentrer...

En poussant la porte de la salle de bain, j'avais saisi le pommeau de douche et l'avais tenu au-dessus de ma tête tout en actionnant l'eau froide pour retrouver mon calme. Toute la nuit, j'avais passé à réfléchir au pourquoi du comment, une bataille de questions avait submergé mon subconscient. Aucune réponse claire n'avait émergé, seulement des théories confuses. Dans les conflits, la guerre de l'information était particulièrement cruciale, et l'ennemi semblait détenir des informations qu'il ne devrait normalement pas posséder, à moins qu'il ne fasse partie des services secrets d'espionnage.

Pourtant, nous avions affaire à un simple gang de jeunes lycéens, tout comme moi. Comment pouvaient-ils être au courant de l'existence d'une femme qui avait disparu de cette ville il y a des années de cela ? Ils ne pouvaient pas nous espionner, c'était tout bonnement impossible. Ce genre de voyou est repérable à des kilomètres, et j'avais fait attention à ce que l'on ne nous suive pas hier. J'observais chaque personne suspecte d'être un partisan du gang, mais rien ne laissait présager le danger. Alors, comment était-ce possible ?

La seule explication plausible... Non, je dois délirer, de telles choses n'existent pas...

Éteignant l'eau et reposant le pommeau à sa place, j'avais séché mes cheveux qui avaient manifestement très bien poussé depuis mon isolement. Ils m'arrivaient désormais aux épaules, et l'envie de les couper au plus vite me taraudait. Cependant, Asu aimait les caresser lorsque j'étais à l'hôpital, alors je les avais laissés tels quels, attachant ainsi mes cheveux à la manière d'un guerrier samouraï de l'ère Meiji.

— C'est étrange de ne plus avoir de cheveux qui me tombent devant les yeux, je me sens plus libre, avais-je remarqué en écartant mes cheveux vers l'arrière.

Une fois dans ma chambre, je m'étais jeté sur mon lit, épuisé par la nuit et les événements éprouvants que j'avais dû traverser, et je m'étais lentement laissé bercer par les bras de Morphée. Mes paupières lourdes se refermaient progressivement, jusqu'à ne plus s'ouvrir, me laissant ainsi me reposer une dernière fois avant de partir au front.

Après avoir passé l'entièreté de la journée dans mon lit, j'avais donné rendez-vous le soir même à Isaiah et Hakan pour leur présenter de bons amis à moi, en vue de la guerre à venir.

...

— Prends soin de toi, Siyah. S'inquiéta ma mère en se tenant devant moi sur le palier de la porte.

— Oui, maman, je ne serai pas long. Avais-je prévenu en tirant la porte d'entré.

Une fois dehors, je me mis en route vers le lieu du rendez-vous, le sommet de l'immeuble abandonné. Aucun autre endroit ne convenait aussi parfaitement à ce genre de rencontre. La crainte d'être espionnés m'envahissait, ne me laissant d'autre choix que de fixer cette rencontre là-bas. Au moins, je pouvais y aller l'esprit tranquille.

Après une longue marche à travers la ville, je discernais au loin une lueur sur le toit, ce qui me laissait supposer qu'ils étaient déjà tous arrivés. J'avais délibérément choisi d'arriver en retard pour leur permettre de faire plus ample connaissance entre eux.

Arrivé devant l'immeuble, j'ouvrais la porte et montai les escaliers un à un, tout en réfléchissant à mon plan qui était à la fois d'une simplicité redoutable et d'une dangerosité monstrueuse. Nous allions bientôt voir des victimes apparaitre dans les deux camps. Arrivé devant la porte qui me séparait de mes amis, j'entendais les quatre hommes discuter entre eux. Au vu du ton employé dans leurs échanges, comme je l'avais prévu, il était évident qu'ils ne s'entendraient pas. Cette tension dans l'air était comme un prélude à la tempête imminente qui allait secouer nos vies et décider de notre destin.

Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant