Chapitre 36 : Deux frères

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— Il avait un véritable don pour le dessin. On aurait presque pu croire qu'à la naissance, il était né avec un crayon à la main. Je n'en reviens toujours pas qu'un enfant de cinq ans ait pu accomplir de si grandes choses avec simplement ses mains et un crayon, raconta Morgane, les larmes pleines de nostalgie en montrant les dessins de Zéphyr qu'il avait réalisés durant son enfance.

— Sans lui, qui sais ce que je serais devenu, avais-je déclaré, saisissant dans ma main la première planche de notre manga.

Je l'admirais avec tant de nostalgie, les souvenirs qui avaient déserté mon esprit avaient soudainement refait surface à la simple vue de celle-ci. Je m'en souvenais encore comme si c'était hier. Nous avions trouvé le scénario du manga en passant des jours et des nuits à réfléchir dessus.

Le jour où nous avions trouvé, nous n'avions pas arrêté de nous disputer sur la couleur des cheveux du personnage principal. Lui souhaitait que le personnage ait les cheveux blonds, mais moi je les voulais bruns. Incapables de nous départager, nous avions alors décidé de modifier le scénario et de créer un frère pour le personnage principal, mettant ainsi fin au problème.

Pour tous les problèmes qui nous faisaient obstacle, nous avions toujours une solution, ce qui faisait que nous ne restions jamais fâchés trop longtemps l'un contre l'autre. C'est ainsi que nous avions pu créer un manga de A à Z en faisant attention à chaque détail contenu dans le dessin et le scénario. Nous étions des enfants en pleine croissance avec une imagination incalculable, notre scénario ne pouvait être que parfait, et une grande maison d'édition nous l'avait confirmé. Malheureusement, nous étions trop jeunes pour pouvoir nous lancer dans le métier de mangaka, n'ayant que dix ans à peine, nous devions avoir l'autorisation et le soutiens de ces derniers pour nous lancer.

C'était d'ailleurs peu de temps après cet entretien avec un éditeur que ma relation avec mon père avait cessé d'exister à tout jamais pour des raisons plus qu'évidentes...

— J'ai bien entretenu vos planches, comme tu as pu le constater toi-même. J'ai pris soin de ne rien toucher, car au fond de moi, je savais que ce moment arriverait un jour, dit-elle en affichant un faible rictus tout en me tendant une partie des planches.

J'avais alors pris les planches en main et avec l'aide des filles, je les avais placées soigneusement dans le coffre de la voiture pour éviter qu'elles ne s'abîment durant le trajet retour.

— Encore merci, Morgane, avais-je remercié en lui serrant la main comme de bon amis.

— Il n'y a pas de quoi, mais promets-moi une chose, dit-elle en marquant une pause. Elle tira sur mon bras pour me ramener vers elle, puis elle me frappa violemment la tête d'un coup de tête, me faisant sursauter. Tu as intérêt à devenir célèbre avec ce manga ! À la mort de Zéphyr, mes parents ont essayé de se débarrasser de toutes les affaires, y compris vos planches de manga. J'ai dû endurer beaucoup pour protéger votre rêve, alors deviens quelqu'un dont nous pourrons tous être fiers, et surtout, que Zéphyr soit fier, compris !? Ordonna-t-elle en me lançant un regard qui aurait même pu effrayer le plus dangereux des hommes.

— Tu n'avais pas besoin de me frapper aussi fort, je t'assure que le message serait passé rien qu'en me l'expliquant, avais-je déclaré en frottant mon front, espérant faire disparaître la douleur.

— Je le sais, mais ce coup de tête était nécessaire pour te faire mieux comprendre que si tu échouais, j'apparaîtrai un jour derrière toi et te ferai un joli bobo à la partie de ton corps que tu utilises pour faire plaisir à Asu. Crois-moi, tu ne voudrais pas connaître cette douleur, me menaça-t-elle avec un sourire qui semblait à la fois menaçant et encourageant.

— Comment tu as su ? Je ne t'avais encore rien dit à ce sujet, interpella Asu, à la fois surprise et gênée par les mots que Morgane venait de dire.

Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant