Je suis Fatigué

Chapitre 16 : Manette en Main

Alors que le jeu vidéo captivait notre attention, deux équipes s'étaient formés : Isaiah et moi contre les filles. Un enchaînement de jeux où la compétition faisait rage, et à notre grande surprise, nous réussissions à les battre à plates coutures à chaque tour. Une série de victoires qui laissait transparaître un sentiment de triomphe, mais aussi un soupçon de perplexité.

Je ne pouvais m'empêcher de me questionner, car je connaissais bien la réputation d'Asu en tant que la plus douée parmi nous dans tous les jeux vidéo. Alors, pourquoi ne montrait-elle pas son véritable potentiel ? Qu'attendait-elle ? La brume de l'interrogation s'immisçait dans notre euphorie, laissant planer une énigme que seul le déroulement de la journée pourrait éclaircir. L'ombre de cette énigme n'avait pas encore entaché notre joie, mais elle planait discrètement, ajoutant une note intrigante à notre journée de compétition amicale.

— Vous êtes vraiment nulles les filles ! Se marra Isaiah, un sourire taquin éclairant son visage. Ce tournoi est gagné d'avance, pas vrai Siyah ?

— J'aurais vraiment aimé pouvoir te répondre à l'affirmatif, mais... avais-je hésité, laissant planer une pointe de suspense dans mes mots, anticipant la compétition à venir.

Bien sûr, un "mais" subsistait, et il répondait au nom d'Asu, qui guettait tranquillement l'instant propice, telle une panthère attendant sa proie. Et cette proie, c'était nous ! Malgré ma propre compétence aux jeux vidéo, personne ne pouvait ignorer la maîtrise inégalée d'Asu. Depuis que je tenais une manette, jamais je n'avais réussi à la vaincre dans quelque jeu que ce soit.

Le défi qui planait dans l'air ajoutait une dose d'excitation et de mystère à notre journée de détente amicale. L'ombre de l'attendue confrontation se profilait, mais dans cet instant de victoires successives, nous savourions la satisfaction provisoire, même si je restais conscient que l'épreuve ultime se profilait à l'horizon, avec Asu attendant le moment parfait pour déployer ses talents insurmontables.

— Bon, il est l'heure de vous en faire voir de toutes les couleurs ! Clama Asu en gesticulant ses doigts pour s'échauffer, instaurant une ambiance compétitive.

— Joue comme si ta vie en dépendait, c'est un conseil de frère, avais-je murmuré à Isaiah, qui me fixait sans comprendre de quoi je voulais lui parler, ajoutant ainsi une dimension mystérieuse à nos préparatifs de jeu

Nous lançâmes alors une nouvelle partie, et comme on pouvait s'y attendre, le destin avait suivit son cours. Alors que nous menions le score neuf à zéro, en un battement de cil, Asu, à elle seule avait réussit à nous battre vingt à neuf. Une défaite des plus honteuses, non pas à cause du genre, loin de toute idée misogyne, mais plutôt en raison de cette remontée magnifiquement humiliante.

Le dénouement abrupt accentuait notre stupéfaction, révélant le talent latent d'Asu qui éclatait telle une supernova dans la dernière manche. La salle résonna des éclats de rire et de taquineries, marquant cette défaite inattendue comme un moment mémorable de camaraderie. L'amusement prévalait sur l'orgueil, faisant de cet épisode une péripétie plaisante qui enrichissait notre journée d'une teinte inattendue de dérision amicale.

— Bah alors les garçons ? Vous faites moins les malins-là, s'esclaffa Seyla, taquinant notre apparente déconfiture.

— Je suis habitué à perdre contre Asu, un scénario comme celui-ci était facile à prévoir, par contre Isaiah est figé sur place, avais-je confessé, détaillant la réaction de chacun pour ajouter une touche de réalisme à notre compétition.

— Hé, Isaiah ! Tu vas bien ? Ferme ta bouche où tu vas avaler une mouche. Arrête de fixer l'écran comme ça, ce n'est pas grave de perdre contre plus fort que soi, railla Seyla en pouffant de rire face à celui qui se moquait de lui il y a dix minutes, instaurant ainsi une ironie amusante dans nos échanges.