Prologue (Isaiah)

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La distance avec Siyah s'était agrandi au fil des semaines, créant un vide d'un mois sans la moindre nouvelle de sa part. Nous avions tenté de maintenir le contact en le sollicitant à plusieurs reprises, mais il restait obstinément fermé à tout contact, refusant même de répondre à nos appels, laissant ainsi ses amis les plus proches dans une perplexité douloureuse.

Le monde semblait poursuivre son cours sans le moindre égard pour l'absence de Siyah, et malgré nos efforts pour garder le moral, une angoisse persistante nous envahissait de jour en jour, laissant place à la crainte d'une possible tragédie imminente.

Le souvenir de la réunion au café d'Asu, où elle nous avait exposé la situation, hantait constamment mes pensées. Initialement, j'avais suspecté une agression, étant donné son bandage ensanglanté et les mouchoirs maculés découverts dans sa poubelle. Cependant, la vérité s'est révélée être tout autre, mais pas moins inquiétante que ce que j'avais pu imaginer.

La décision de poursuivre mon rêve de devenir joueur de basket professionnel m'avait conduit à quitter définitivement le lycée, cela faisait désormais trois jour que j'avais pris cette décision. Pourtant, le fardeau de l'inquiétude pesant sur Siyah m'empêchait de ressentir une quelconque excitation ou de partager cette bonne nouvelle avec d'autres. Malgré tout, je m'efforçais de maintenir mon engagement en m'entraînant avec mon équipe, persistant dans ma discipline quotidienne.

Malgré les tentatives répétées de rendre visite à Siyah, de lui laisser des messages d'encouragement, mais il semblait hors d'atteinte, verrouillé dans son propre monde. Nous nous retrouvions souvent, Seyla, Asu et moi, dans des moments de complicité, partageant des rires et des moments agréables ensemble. Cependant, chaque tentative pour le voir se soldait invariablement par un demi-tour, laissant planer un sentiment persistant d'impuissance et de frustration.

Elles étaient venues assister à l'un de mes matchs de basket, captivées par l'intensité de la compétition. Malheureusement, ma volonté excessive de briller devant mes amies avait conduit à une défaite pour mon équipe, ce qui avait suscité la colère de mes coéquipiers dans les vestiaires. Malgré cette erreur, elles avaient partagé un moment de franche camaraderie, riant de mon comportement maladroit sur le terrain. Même dans cette situation cocasse, leurs encouragements et leur présence chaleureuse m'avaient apporté un réconfort indéniable.

Aujourd'hui, je me retrouvais au poste de police, confronté aux conséquences de mon acte, le visage marqué par la tension et l'anxiété. J'avais frappé presque à mort un lycéen qui avait manifestement des intentions malveillantes envers Seyla. J'imaginais qu'il devait être un ami de ce type, un complice cherchant à lui nuire. Chaque instant passé derrière les barreaux du poste de police semblait s'étirer à l'infini, accentuant la haine qui serrait mon cœur.

Malgré tout, j'étais conscient que mon intervention avait été cruciale pour sauver la vie de Seyla. Sans ma présence salvatrice à ce moment précis, elle serait peut-être déjà perdue à jamais. Après dix longues heures d'interrogatoires et de confrontations, j'étais enfin libre de quitter cet endroit oppressant, mais l'ombre des événements de la journée continuait de peser sur mon esprit, me rappelant l'importance cruciale de protéger ceux que l'on aime.

— Isaiah ! Tu vas bien ? Demanda Asu, se précipitant vers moi et me scrutant de haut en bas.

— Je vais bien, avais-je répondu, l'inquiétude pour Seyla se frayant un chemin dans mon esprit.

— A l'hôpital, elle a fait un malaise après ce qu'il s'est passé, mais elle se remet bien. Ce n'était rien de grave heureusement, expliqua-t-elle, sa voix empreinte de soulagement mêlé à une pointe de préoccupation. Mais elle refuse de te voir, en fait, elle refuse de voir qui que ce soit. Même les médecins ont eu du mal à s'occuper d'elle. J'ai moi-même eu du mal à la voir, tout comme ses autres amies, ajouta-t-elle, laissant transparaître une note de tristesse dans ses paroles.

— Je comprends. Laissons-lui le temps de reprendre ses esprits et de retrouver son calme, avais-je dit, compatissant à la situation difficile qu'elle traversait.

Les derniers jours avaient été une épreuve pour elle, et en tenant compte de sa récente agression, il était tout à fait compréhensible qu'elle désire être seule un moment.

— Pourquoi cet inconnu lui en veut autant ? Comment peut-on essayer de tuer une jeune fille sans défense, innocente de tout crime ? Interrogea-t-elle, l'indignation teintant sa voix de nuances sombres.

— Je ne sais pas, je suis tout autant perdu que toi et Seyla. En tout cas, je vais devoir être sur mes gardes désormais. Je vais avertir mes amis et mettre en place un plan. Si je ne la surveille pas, d'autres attaques de ce type pourraient survenir, avais-je expliqué, mes yeux luisant d'une détermination sans faille.

Nous étions rentrés ensemble, enveloppés dans l'étau oppressant de la peur et de la consternation. Asu, habituellement réconfortante, semblait elle aussi bouleversée par ce qui venait de se produire. Elle aurait tellement souhaité être aux côtés de Seyla, pour la réconforter et la guider à travers ces temps troublés, mais elle se retrouvait elle-même submergée par un océan de peur, en grande partie à cause de la connaissance intime qu'elle avait de l'état d'amnésie persistante de son amie. Perdue dans l'ombre de son amnésie persistante, Seyla demeurait dans un état d'incompréhension totale, ignorant tout des événements troublants qui se déroulaient sous ses yeux. Elle se tenait là, telle une âme esseulée, face à un danger dont elle ignorait l'origine, seule dans la confusion de son propre monde intérieur.

Une pensée lancinante me tourmentait : cette vidéo que Siyah avait réalisée et postée, était-ce elle le déclencheur de tout ce désastre ? Mon esprit était en proie à des hypothèses tourbillonnantes, chacune plus sinistre que la précédente, faisant écho aux répercussions inattendues de ce simple acte en apparence anodin.

Siyah, on a besoin de toi, s'il te plaît répond nous, bordel ! Ressaisis-toi !

Je suis FatiguéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant