Le dessert, succulent et délectable, se trouva consommé avec une grâce mesurée, laissant sur les palais une empreinte sucrée qui éveillait les sens. Tandis que les convives, rassasiés de mets exquis, se levèrent d'un mouvement harmonieux, une étincelle d'allégresse brillait dans leurs yeux, annonciatrice des festivités qui les attendaient dans la salle de bal adjacente.
Malgré ses doléances exprimées avec ferveur auprès de sa mère, Esther se vit contrainte de se retirer du gala et fut accompagnée jusqu'à l'hôtel par un valet empressé. En effet, la jeune demoiselle était encore trop tendre pour s'adonner à ces parades mondaines, réservées aux esprits plus aguerris, elle leur souhaita néanmoins une bonne soirée en leur faisant promettre de s'amuser pour honorer son absence.
Les trois sœurs, bien que teintées d'une certaine appréhension quant aux conventions de ces festivités, ne cherchèrent nullement à se blottir dans les volutes des jupons maternels. Elles ne ressentirent point le besoin de se confondre avec leurs parents, engloutis par la foule bigarrée. Leur regard se trouvait dirigé vers une tout autre direction : elles se regroupèrent avec une complicité tacite, échangeant des murmures complices sur la suite des événements, notamment sur la conduite à adopter face aux prétendants qui viendraient les solliciter pour la valse.Lorsque l'on franchissait les imposantes portes en bois sculpté, on pénétrait dans un espace vaste et majestueux, baigné d'une lumière douce et opulente. Les murs étaient revêtus de riches tentures aux teintes chatoyantes, rehaussées d'or et d'argent, qui conféraient une aura de luxe et de raffinement à l'ensemble. Le plafond, habillé de fresques saisissantes, déployait une symphonie de couleurs et de motifs, racontant des histoires mythologiques et allégoriques. Au centre de celui-ci, un imposant lustre en cristal, scintillant de mille feux, répandait une lueur étincelante qui se reflétait sur les parquets polis, soulignant leur éclat naturel. Les miroirs suspendus aux murs, dans de somptueux cadres dorés, agrandissaient l'espace et créaient une illusion de profondeur infinie. Les dorures finement ouvragées, présentes sur les colonnes qui encadraient la salle, ainsi que sur les balustrades et les rampes d'escalier, ajoutaient une touche de magnificence à l'ensemble. Les fleurs fraîches, soigneusement disposées dans de somptueux vases en porcelaine, embaumaient l'air de leurs parfums délicats, ajoutant une note florale à l'atmosphère enivrante.
Telle une scène enchanteresse, la salle de bal était le théâtre des passions, des intrigues et des rencontres. Un lieu où la société se retrouvait pour se divertir, où la musique et la danse unissaient les cœurs et où l'art de la conversation s'épanouissait.— Comment régir si un vieillard venait à me proposer une valse, s'exclama Evalyn, dont le dégoût s'affichait ostensiblement sur son visage à la simple évocation de cette éventualité.
— Il est avant tout question de faire des rencontres, de savourer le divertissement et d'exhiber notre statut social, il ne s'agit pas uniquement de s'adonner à la romance, s'évertua Élisabeth à lui expliquer, bien qu'elle-même nourrît une conviction mitigée quant à ses propres arguments.
— Je te mets au défi de tenir un tel discours avec autant de ferveur devant tes prétendants qui te lorgnent depuis l'autre bout de la salle, répliqua Élinor en détournant le regard, esquivant ainsi leur attention tout en les désignant d'un geste bref de son éventail délicatement manié.
Les musiciens ne tarderaient guère à entamer la première valse, et fort heureusement, quelques jeunes audacieux se précipitèrent pour saisir l'opportunité. À l'exception d'Élisabeth, qui entrevoyait en chaque cavalier un prétendant potentiel, Evalyn et Élinor abordaient cet exercice tel un divertissement, voire une occasion de perfectionner leur maîtrise de leur pas.
À maintes reprises, elles croisèrent leurs parents en des moments d'une complicité qui laissait transparaître une pratique assidue de cet art en duo, comme si la danse avait toujours été leur compagne de vie. Une harmonie parfaite régnait entre eux, illuminant leur sillage de grâce. Il était manifeste, pour quiconque les observait attentivement, que cette danse témoignait de l'expression d'un amour partagé entre deux êtres profondément épris l'un de l'autre, bien loin de la découverte récente et du frisson de l'inconnu que suscitait une rencontre de deux âmes à peine familiarisées. Certains malheureux essayèrent de créer cette osmose en engageant la conversation tandis qu'ils esquissaient quelques pas avec les deux jeunes Ausbourg. Hélas, leurs efforts furent vains, ne récoltant en retour que des réponses brèves, dénuées de toute profondeur, ou des compliments vides de sincérité, évanescents tels des mirages.
Leur père s'avança avec une démarche empreinte de distinction, s'approchant de chacune de ses fille pour les inviter chacune leur tour. Profitant de l'occasion, il leur demanda, avec une bienveillance paternelle, quelles étaient leurs premières impressions de ces festivités.

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Élinor
Historical FictionProvins, 1850. Héritière d'une puissante famille bancaire parisienne, Élinor Ausbourg se délecte de la quiétude de sa campagne natale, loin des agitations tumultueuses de la Ville Lumière. Telle une âme solitaire, elle trouve refuge dans la nature e...