Emy est l'assistante du groupe de rock le plus populaire du moment et ce n'est pas de tout repos.
Cendrillon, vous connaissez ? C'est moi, Emy, mais avec 4 musiciens au lieu de deux belles sœurs et un manager à la place d'une marâtre. Il m'arrive...
Mon corps est projeté hors de la cabine de douche.
Je vois les cheveux teints en rouge, la peau chocolat et les tatouages tribaux du dernier membre des 4Devils. Il ne manquait plus que lui !
Plantée au milieu de la salle de bains, une flaque commence à se former sous mes rangers ; et lui, le grand jeune homme, sèche énergétiquement mes cheveux avec une serviette.
— Damon ! hurle le géant. Tu es allé trop loin ! Qu'est-ce que tu lui as fait ?
Je tente d'essuyer mes larmes en hoquetant. Je me sens si minable. Comment le bassiste des 4D a-t-il su ce qui se passait ?
J'aperçois les cheveux blonds, les yeux bleus et inquiets de Léo jeter un coup d'œil dans la salle de bains depuis le couloir :
— Emy, ça va ?
Je ne veux pas causer de problème. Je suis l'assistante, et non l'assistée.
— Ce n'est rien, dis-je à Vince. Ne dispute pas Damon. Ce n'est pas ce qu'il a fait, c'est...
Je n'ose pas dire à celui que les fans des 4 Devils surnomment Cerbère que ce n'est pas la méchanceté de Damon qui est en cause, ni même son habitude de retourner le couteau dans la plaie béante de mon cœur... En réalité, c'est à cause de ce je suis : une fille brisée. Ou plutôt ce que je ne suis pas et que je ne serai jamais : une femme qu'on peut aimer, dont on peut prendre soin, sur qui on peut compter, à qui on peut tout dire. Si j'étais ce genre de personne, Sam aurait veillé sur moi. Il aimait ma bonne humeur, mais ça ne suffisait pas. Je n'avais pas réussi à garder mon sourire dans les moments douloureux du deuil et Sam était parti voir ailleurs.
Je ne suis que celle que l'on aime parce qu'elle est drôle et de bonne composition. Me soutenir est trop compliqué. Une relation superficielle, voilà ce que Sam m'offrait. Une relation légère sur fond d'immaturité. Mais affronter la mort d'un proche a fait exploser notre couple. Je ne pouvais pas lui cacher mon malheur, il ne pouvait pas le supporter. Il s'est tourné vers plus simple, plus beau, plus heureux... La perfection de Sophie. Comment lui en vouloir ? Je ne vaux pas la peine qu'on se batte pour moi. Je ne vaux pas grand-chose. Voilà tout que ce je mérite.
Ce n'est pas Damon qui a eu tort, c'est moi. J'ai cru qu'on pouvait m'aimer de cet amour vrai, celui dont on parle dans les livres. Je me suis trompée. C'est ma faute.
— C'est ma faute. C'est ma faute, je...
Je murmure entre mes larmes, je ne peux pas prononcer autre chose que ces quelques mots.
La visage de Damon apparaît à côté de celui de Léo.
— Damon, dégage ! hurle Vincent du haut de son mètre quatre-vingt-quinze. Je t'étrangle si tu regardes encore Emy !
Le chanteur, debout près de la porte, ne bouge pas d'un pouce. Ses yeux regardent tour à tour le géant puis moi. Vince empoigne mon bras et me pousse vers le couloir, il passe devant Léo et bouscule Damon au passage. Il ouvre la porte de sa une chambre et la referme derrière nous.
— Assieds-toi, Emy.
Je m'assieds sur le lit sans un mot, je n'ai aucune force pour protester. Vincent s'agenouille devant moi et défait mes rangers, me fait lever les bras et ôte mon pull. Il soupire.
— Si toi aussi tu craques, le groupe est fini.
— Ce n'est pas à cause de Damon...
— C'est toujours à cause de Damon, lâche-t-il. Il a déjà fait renvoyer une douzaine d'assistantes ! Il est dingue.
Le Cerbère se lève, me tend un paquet de serviettes sèches et un peignoir qu'il prend dans son armoire.
— Je reviens. Change-toi.
J'obéis au son de sa voix grave, il semble aboyer comme le ferait le chien des enfers. Mais ses ordres n'en sont pas vraiment. Je sens sa gentillesse sous ce ton bourru.
Je me change, le temps qu'il revienne. La fenêtre de la chambre est ouverte. Le vent de février s'engouffre dans la pièce. Je tremble de froid, lorsque, je mets le peignoir.
— C'est bon, tu es visible ? Je peux me entrer ?
— Mmmh.
— Mais, tu claques des dents ? Génial... tu vas attraper la crève, en plus !
Il traverse la chambre pour fermer la fenêtre, puis se dirige vers le lit et attrape la couette, dont il se sert pour m'emballer comme un maki. Il y a une odeur de menthol sur le drap, celle de son eau de toilette sans doute.
— Vince, je suis désolée. Tu dormais, nous t'avons réveillé ? Je vais te laisser te reposer.
Le bassiste des 4 Devils souffre d'insomnie. Il dort rarement, mais toujours en pleine journée ; la nuit il préfère composer de nouveaux morceaux. L'idée que j'ai pu l'empêcher de se reposer me fait culpabiliser d'autant plus.
— Tu restes ici ! grogne-t-il.
Il me porte et me dépose sur le lit sans me demander mon avis, s'allonge près de moi et me prend dans ses bras. Nous sommes serrés l'un contre l'autre, nos corps séparés par la couette qui m'entoure comme une camisole. Mes bras sont prisonniers. Mon nez enfoui dans son cou hume son parfum et je ressens toute la chaleur de son corps. Je n'ose plus bouger. Je ne peux plus. Doucement, il me caresse les cheveux. Ça devrait me mettre mal à l'aise, mais étrangement, je me sens apaisée.
— Emy, tu vas rattraper toutes ces heures de sommeil que la tournée et les exigences de Damon t'ont volées cette semaine. Je suis désolée que Damon et Léo t'aient appelée pour gérer un code rose un jour de repos. Personne ne rentrera pas dans cette chambre, ne te dira quoi faire, quelle voiture conduire, quel rue éviter pour semer les paparazzi, personne ne t'entendra te plaindre et le manager ne fera plus sonner ton téléphone. Maintenant dors, je veille sur ton sommeil.
— Vince, tu n'es pas obligé.
— Non, tu as raison, je ne suis pas obligé. Dors ! Moi aussi j'ai sommeil.
Dans la chaleur de ses bras, emmitouflée dans l'édredon, exténuée par la fatigue et le chagrin, mes yeux se ferment doucement. C'est la première fois depuis longtemps que je me laisse aller. Mon corps si tendu se décrispe. Je me sens partir comme si une simple parole de Vince m'avait autorisée à me détendre.
— Merci Vince, m'entends-je murmurer avant de sombrer.
— Chut ! Dors !
Lorsque mes yeux s'ouvrent de nouveau, je suis seule dans le lit. Une musique me parvient et m'aide à émerger de mon sommeil. Est-ce le son d'une guitare ?
😈😈😈😈😈😈😈😈😈😈😈😈 On accueille Vincent, diminutif Vince, surnom Le Cerbère, le bassiste du groupe. 👏👏👏👏👏
Si toi aussi tu veux devenir son maki, lève la main 🫶✋️
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