Vincent regarde loin devant lui.
De la piscine, la baie vitrée offre une vision panoramique sur la ville en contrebas. Nous sommes entourés de montagnes et leurs sommets sont cachés par un épais brouillard annonçant la neige.Nos corps, côte à côte, sont plongés dans l'eau chaude, et chacune des paroles de Vince dévoile un peu plus son âme.
Vincent vient d'un tout petit village. Son père y cultivait la terre, c'était un homme austère et honnête qui ne parlait que rarement. Après le décès de son épouse, il avait élevé son fils unique avec sévérité et dans le respect des croyances. La taille de Vince lui donnait un air adulte et son père se félicitait d'avoir un homme à ses côtés pour l'aider dans leur exploitation agricole. Pourtant, Vincent était mélancolique et secret ; il aimait la musique et les livres. Il avait découvert ces passions à l'école, mais son père les jugeait inutiles et ridicules. « Ces activités ne te feront pas manger ! », répétait-il à l'envi.
Vincent se cachait. Il écoutait cette musique honnie par son père et composait des mélodies dans la salle de musique du lycée. Il se sentait isolé, sans s'expliquer pourquoi. Les années passèrent sans que Vincent ne puisse exprimer son envie de vivre ailleurs, obéissant à un père tyrannique et colérique. Il menait deux vies parallèles. L'une faite de silence et d'oppression ; l'autre emplie d'une musique qui rythmait son cœur sensible. Ses sentiments pour les garçons, pouvaient-il en parler à quelqu'un ?
Lors d'une soirée, il rencontra quelqu'un. Une personne plus âgée, un étudiant de la ville voisine. Il parlait bien et ne cachait pas la vraie nature de ses désirs. Vincent en avait été bouleversé. On pouvait donc parler d'amour de cette manière, sans complexe et sans honte ? Dans son petit village, c'était impossible. Comme marcher en pleine rue avec une pancarte : « Je suis celui qui n'est pas comme vous ! ». Mais cet étudiant, lui, s'assumait pleinement. Peut-être qu'au fond, c'était normal ?
Pendant des jours, Vincent garda en mémoire le discours de ce garçon. A-t-on le droit d'être différent ? Il fallait peut-être rester honnête avec soi-même... Se cacher le faisait tellement souffrir qu'il n'en dormait plus la nuit – de peur d'être démasqué. Il n'était pas une mauvaise personne, mais son secret le maintenait prisonnier de lui-même.
Un après-midi, alors qu'il aidait son père dans les champs, il prit son courage à deux mains pour tout lui avouer. C'était son père après tout, il pouvait bien comprendre son fils. Vincent n'avait pas besoin de le crier sur tous les toits, mais si au moins sa famille l'acceptait, cela suffisait. C'était son vœu : celui d'être accepté tel qu'il était.
À l'annonce de son fils, le père était resté immobile. Ses mains s'étaient serrées autour de la canne qu'il prenait pour marcher dans les champs. Son visage prit une expression de douleur, puis de mépris. Cependant, il n'était pas si étonné, comme s'il le savait depuis longtemps. Ses lèvres s'étaient brusquement retroussées de haine et de répulsion : « Tu aurais dû le garder pour toi ! » avait-il asséné à son fils qui le regardait avec espoir.
Le père avait levé sa poing vers le cœur de l'adolescent : « Ton pêché, je ne peux l'accepter ! avait-il froidement énoncé. Tu es un démon de la pire espèce ! Pars d'ici ! Ne reviens plus jamais me voir ! »
Sans un mot de plus, le vieil homme s'était retourné. Et c'est ainsi, avec un poing dirigé sur son cœur et le souvenir d'un père méprisant que Vincent comprît qu'il n'avait aucune valeur. Il était repoussant, ignoble, déviant : un démon de la pire espèce... Sa seule famille le reniait.
Les jours suivants, Vincent vécut chez des amis, puis dans la rue, pour ne déranger personne. Avec son physique de géant, on le croyait adulte. Il avait donc menti et commencé à travailler sur des chantiers comme main-d'œuvre non-déclarée. De quoi subvenir à ses besoins. Il changea de ville, abandonnant l'espoir de revoir son père, dormant dans des endroits avec d'autres personnes inconnues. Il apprit à se taire pour ne plus être rejeté.
À dix-neuf ans, il trouva un job dans un salon de tatouage. Il devait aider les clients et les conseiller. C'était son premier salaire fixe et cela lui permettait de payer un loyer et de manger chaque mois. Pour certaines personnes, avoir un travail et un logement semble évident, mais pour Vincent c'était une porte de sortie de l'enfer de la précarité. Il ne voulait pas laisser passer cette chance et travailla donc ardemment.
Son employeur apprécia sa diligence et son implication et lui offrit ses premiers tatouages. Vincent les avait dessinés lui-même. Ils exprimaient sa douleur d'être différent ; leurs courbes sinueuses représentaient les détours de son âme. Vincent ne trouvait pas les mots, et ses dessins parlaient pour lui.
Il pensait vivre dans l'ombre de sa vraie nature éternellement. Mais un soir, un homme au look gothique pénétra dans le salon. Les longs cheveux noirs et le regard souligné par un trait d'eye-liner interrogeaient Vince derrière son comptoir. L'homme se pencha sur les dessins que Vince traçait pour meubler les moments creux.
Il reconnut immédiatement Ethan. Le jeune homme était déjà une star dans le cercle des amateurs de rock indé. Lorsque leurs regards se rencontrèrent, le géant comprit que son cœur de démon reprenait place dans sa poitrine. Si le jeune homme continuait de le dévisager, il serait difficile de le cacher.
— Cette démo, c'est de toi ? avait demandé Ethan sans détourner son regard.
Il déposa une pochette sur le comptoir. C'était un recueil de compositions que Vince avait envoyé à un groupe local, plusieurs semaines auparavant.
— Si c'est de toi, continua Ethan, alors nous sommes faits pour être ensemble.
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RDV pour la suite !
Mardi 20H
On a dépassé les 80 000 vues 😱❤️ ! C'est fou 😍 merci beaucoup !
Je pense déjà rajouter des bonus après la fin de l'histoire (d'ici une dizaine de chapitres déjà...) et peut-être des passages du point de vue de membres des 4D.
Qu'est-ce que vous en pensez ?
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Midnight Song
Teen FictionEmy est l'assistante du groupe de rock le plus populaire du moment et ce n'est pas de tout repos. Cendrillon, vous connaissez ? C'est moi, Emy, mais avec 4 musiciens au lieu de deux belles sœurs et un manager à la place d'une marâtre. Il m'arrive...