Damon soupire en se dirigeant vers la boulangerie pour racheter du pain.
— C'est pourtant ce que tu as fait, commente-t-il. Tu es partie !
— Mais c'est toi qui voulais que...
— Je t'ai appelée, Emilie. Je t'ai dit : « Tu peux partir. Tu es libre de chacune de tes décisions. » Et tu as choisi.
Il désigne de la main les montagnes sur notre droite :
— Tu es revenue au point de départ.
Il entre dans la boulangerie. Je fixe le bout de mes chaussures. J'étais si bouleversée devant cet écran de télévision, devant les révélations inattendues du chanteur, devant mon impuissance face à Gossip Boy... Quand j'ai compris que j'avais poussé le chanteur à faire ces aveux en public, je m'en suis voulu. Je me sentais triste d'avoir été si naïve.
J'aurais tant voulu que Damon me fasse confiance. Au fond, le chanteur est comme moi et Vincent : il a peur d'être seul, terrifié à l'idée d'être mis à l'écart pour ce qu'il est. Et moi ? Moi, j'ai fait tout ce qu'il ne fallait pas : je suis partie au lieu de le soutenir.
Et pourtant, je lui en veux. Ses propos ne sont jamais clairs. Tout est à double sens, comme ses paroles. Il prêche le faux, assène des demi-vérités et fait des allusions qui semblent différentes de ce qu'il pense réellement. Je suis trop honnête et directe pour agir comme lui.
— Tu es lâche, je soupire au moment où il sort de la boutique.
— Quoi encore ? grommelle-t-il.
— Tu es lâche ! je répète. Si tu ne dis pas les choses, je ne peux pas les comprendre.
— Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ?
— Je...
— Soit tu joues les imbéciles, soit tu préfères te voiler la face. Alors, Emilie ?
Devant mon manque de réaction, il fronce les sourcils et prend la direction de l'auberge. Je lui cours après.
— Damon, attends !
— Dois-je te considérer comme notre assistante ? demande-t-il soudain. Est-ce que tu ne devais pas démissionner ?
— J'ai essayé, mais Thomas a déchiré ma lettre. Il n'a pas accepté ma démission.
— Et toi tu acceptes toutes ses décisions sans discuter ? Je m'en doutais. Rien ne change ! Nous sommes donc tous ici parce que Thomas te court après, encore. C'est logique !
— Il ne me...
— Si ! s'exclame-t-il. Si ! Nous sommes là pour cette raison. Que vas-tu répondre à sa déclaration ?
— Cela ne te regarde pas !
— C'est toi qui me demande d'être honnête, Emilie. Essaye de l'être aussi. Que représentent les 4 Devils pour toi ?
— Vous êtes...
— Un simple job ?
— Non, bien sûr que non ! Vous êtes mes amis, vous êtes comme... comme... mes frères.
— Des frères ? ricane-t-il odieusement alors que nous arrivons devant chez moi. Je ne veux pas être ton frère.
— Mais...
Il relève ses lunettes et me dépose les baguettes dans les bras. Occupées à tenir le pain, mes mains ne peuvent pas repousser celles de Damon qui se posent de chaque côté de mon visage. Ses yeux verts sont si proches des miens et je sens son souffle sur mes lèvres.
— Je ne veux pas être ton frère, répète-t-il doucement. Est-ce que c'est assez clair pour toi ?
Mon cœur s'accélère et ses battements emplissent tout mon corps. Je n'ai pas peur, c'est même très différent de ce que j'ai ressenti avec Thomas dans ma chambre ou sur la terrasse. Tout mon corps s'embrase. Je retiens mon souffle. Le visage de Damon se rapproche encore un peu et je ferme les yeux.
— Vous êtes enfin de retour ? nous interrompt Lucifer.
Depuis le pas de la porte, il nous dévisage, l'air crispé.
— Tiens, voilà ton grand frère, me murmure le chanteur.
Il recule tandis que je rougis.
— Damon, recule ! exige Thomas en s'avançant vers nous. Laisse Emy respirer.
— Tu n'as pas ton mot à dire, manager, lui répond le chanteur. Elle est avec moi pour la journée et ce soir nous allons danser. Trouve-nous des costumes pour le bal masqué de la ville, sauf si tu veux que je m'expose à la presse à visage découvert.
Damon me reprend les baguettes des mains et les lance dans les bras de Thomas.
— Bien sûr, Thomas, tu es cordialement invité, sourit Damon. Trouve-toi une cavalière et dis aux autres de nous rejoindre !
Le tyran attrape mon poignet et m'emmène vers la montagne, alors que Thomas nous regarde partir sans réagir. Nous croisons Léo, traînant derrière lui sa luge de compétition, ainsi que mes sœurs, mais Damon m'entraîne dans sa course et je n'ai pas le temps de m'arrêter pour discuter.
— On se voit au bal ce soir, Léo ! lui lance Damon. Préviens les autres.
— Vous venez au bal masqué de la ville ? s'écrie ma sœur Amanda. Léo, sois mon cavalier, s'il te plaît !
— Il lui faut un costume, s'exclame Eve. On pourrait appeler notre marraine, elle a toujours ce qu'il faut !
Je vois Eve dégainer son téléphone et lever son pouce en l'air pour me signifier qu'elle se charge de tout, pendant qu'Amanda fait des bonds de joie autour du batteur.
— Où allons-nous ? je demande, inquiète de voir le ciel s'assombrir. Il va neiger en altitude, c'est dangereux.
— Je t'emmène loin du monde, répond Damon. Cette fois, tu ne t'enfuiras pas. Tu n'auras nulle part où aller !
Nous marchons depuis plusieurs minutes. Les yeux braqués sur les nuages, je m'inquiète. Si nous nous retrouvons dans un brouillard trop épais, nous ne pourrons plus revenir sur nos pas. Je connais trop bien la montagne pour savoir que défier la météo est imprudent. Et s'il se met à neiger, ce sera pire. N'ayant pas de portable, il sera impossible de prévenir qui que ce soit en cas de souci.
Nos pieds s'enfoncent jusqu'aux chevilles dans la neige fraîche. Nous sommes seuls, au milieu d'une vaste étendue blanche et vierge qui se déploie à perte de vue. Seul le vent siffle et meuble le silence de cette marche effrénée. Chaque fois que j'essaie de parler au chanteur, il me répond : « Pas ici ! »
J'obéis à contrecœur et ronge mon frein. Attends que minuit sonne, mon pauvre ! Je vais tapisser ta chambre de tout ce à quoi tu es allergique !
Mes chaussures de ville commencent à prendre l'eau. Je ne suis pas équipée pour une marche en hauteur.
Nous entrons dans un nuage de brume. Damon accélère le pas et j'ai du mal à le suivre.
😈😈😈😈😈😈😈😈
RDV pour la suite demain à 20H !
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Midnight Song
Teen FictionEmy est l'assistante du groupe de rock le plus populaire du moment et ce n'est pas de tout repos. Cendrillon, vous connaissez ? C'est moi, Emy, mais avec 4 musiciens au lieu de deux belles sœurs et un manager à la place d'une marâtre. Il m'arrive...