48. Ce n'est pas le paradis (flashback)

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Le jeune homme brun, avec ses abdominaux saillants et son regard à se damner, semblait sous le coup de la stupeur ; la seule chose qu'il trouva à faire, ce fut de m'arracher mon téléphone des mains, alors que je fermais les yeux.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? lâcha-t-il.

On ne se connaissait pas et techniquement j'aurais dû lui dire qu'il n'avait pas à me tutoyer, mais j'imaginais que la colère ôtait les bonnes manières. Je ne pouvais pas lui en vouloir, je venais quand même de le découvrir dans toute son intimité. Quelque part, ça rapprochait, non ?

- Je suis désolée, monsieur ! fis-je d'une toute petite voix. Je pars tout de suite, ne dites à personne que je suis là.

- Monsieur ? s'étonna-t-il.

J'entendais qu'il se déplaçait ; il devait s'habiller.

Les yeux cachés par mon bras droit, je tendis le gauche dans un geste désespéré... J'avais l'air de faire la manche :

- S'il vous plaît, suppliai-je, rendez-moi mon téléphone. Je pars tout de suite. Je suis vraiment désolée. Je ne voulais pas m'introduire chez vous, je cherchais à partir. Il ne faut pas qu'il me voie.

- Qui ?

- Lucifer, vous ne lui direz rien ? S'il vous plaît !

- Tu viens voir qui ?

- Le manager ! Non, je veux dire : personne ! Je pars, au revoir !

Je m'étais levée d'un bond, il était presque habillé. Il portait un simple pantalon noir et restait torse nu. Je pris soin d'éviter son regard en lui reprenant mon portable d'un geste rapide avec l'intention de filer aussi sec après. Je me sentais si mal. J'avais encore envie de vomir. Il apparaissait évident que j'étais sur le point de m'effondrer. J'avais besoin d'air ! En reprenant des forces, la main contre le mur, je me pliais en deux... La douleur au ventre était insoutenable. Un voile passa devant mes yeux. Étais-je en train de m'évanouir ?

Et cette sensation sur ma joue ? Qu'est-ce qui me retenait de toucher le sol ? Étais-je dans les bras de quelqu'un ? Si c'était ceux du beau garçon, je n'avais aucune d'objection... Son parfum me rappelait quelque chose... Une odeur nostalgique. J'entendais son cœur battre contre mon oreille.

Soudain, j'eu un flash: Dan me souriait. Dan me manquait. Il avait disparu de ma vie si brutalement. Pourquoi est-ce que je pensais à lui maintenant ? Était-ce parce que je venais de croiser Lucifer ? Dan et Thomas étaient indissociables dans mon esprit. Quand Thomas était parti à Paris, mon cœur avait été réduit en miettes... Jusqu'à ce que Dan me quitte également. C'est ce jour-là que j'avais compris : j'avais tout perdu. Je les aimais tellement tous les deux.

J'entendis un rire résonner au-dessus de ma tête. En ouvrant les yeux, je découvris une tête blonde, des yeux bleus et un sourire étincelant. Un... un ange ?

- Suis-je morte ? demandai-je au chérubin. C'est le paradis ?

- Non, pas du tout ! avait annoncé un autre homme en se penchant vers moi.

Il était aussi brun que l'autre était blond. Ses cheveux longs d'un noir de jais tombaient sur ses épaules. Un ange brun ? Moi, j'aime bien ! Ce genre de paradis était sympa ! Il avait un visage doux. Il me souriait d'un air espiègle. J'avais l'impression de l'avoir déjà vu.

Je m'étais redressée sur un coude, tandis que le petit ange blond discutait avec l'archange aux cheveux longs. J'étais allongée sur une banquette, toujours dans la loge du garçon aux yeux verts. Ce n'était pas vraiment le paradis. Le beau garçon tout nu avait disparu. Qu'est-ce que je faisais encore ici ?

- Oh, il ne faut pas que Lucifer sache ! m'étais-je écriée en réalisant pourquoi j'étais là. J'étais paniquée à l'idée de me faire repérer. Je suis désolée, je dois y aller !

Je tentai une sortie, mais retombai lourdement sur mon séant. C'était trop rapide et le décor se mit à tourner. Je portai ma main à la bouche pour éviter de vomir aux pieds des anges.

- Qui est Lucifer ? demanda le blondinet, tandis que l'ange brun avec ses yeux en amande prenait mon pouls en posant deux doigts sur mon poignet et en regardant sa montre, comme un docteur l'aurait fait.

- Vous devriez rester allongée, mademoiselle. Vous délirez et votre tension est très basse. Il n'y a pas de diables ici, uniquement deux démons.

- Je dois m'en aller ! suppliai-je.

- Ethan, tu lui fais peur ! répondit le petit blond en hochant la tête. C'est sûrement une de tes fans.

- Mes fans m'idolâtrent, je ne leur fais pas peur, voyons, Léo.

- Mais elle parle du diable, quand même. Qui est ce Lucifer, mademoiselle ? me demanda-t-il.

- C'est un manager. J'avais rendez-vous avec lui, mais, en fait, j'ai changé d'avis. Je vous quitte ! Navrée pour le dérangement.

- Un manager ? avait répété le grand brun. Vous voulez dire Thomas ?

- Thomas ?! Hahahaha ! riait le blond. Lucifer, ça lui correspond si bien ! J'approuve !

Il levait sa main en l'air mimant un vote fictif. L'archange-docteur approuvait d'un air amusé. Je ne savais pas qui étaient ces garçons, mais je ne devais pas rester ici. Je leur disais poliment au revoir quand la porte s'ouvrit.

Mon cœur s'arrêta de battre, glacé par l'effroi.

- Tu as l'art et la manière de te présenter pour un entretien d'embauche ! annonça Thomas.

Debout devant moi, il avait les bras croisés. Son regard doré me fixait avec la même intensité que dans mes souvenirs d'enfance. J'étais tétanisée. Je me sentais tellement misérable et ridicule.

- C'est la nouvelle assistante ? riait Ethan. Elle ne tiendra jamais le coup ! Tu sais qu'elle a débarqué comme une furie chez Damon. Il sortait de sa douche, alors tu peux faire une croix sur son recrutement.

- Damon ? murmurai-je. Le beau garçon s'appelle Damon ?

- Ne fais pas comme si tu ne le connaissais pas ! se moquait Thomas en s'asseyant sur un tabouret face à moi.

- C'est quand même le chanteur des 4D, approuva l'angelot.

- Des... 4D ?

Surprise, je fixais le chérubin qui devait en réalité être de la même taille que moi.

- Vous êtes Léo des 4 D ? Je savais que je vous avais déjà vu ! Mes sœurs vous adorent ! Si j'avais su, je vous aurais ramené des bonbons ! Comme je suis heureuse de vous rencontrer ! balbutiai-je.

Mais de quoi est-ce que je parlais ? Je devais partir en courant et non jouer la groupie d'un garçon plus jeune que moi ! Thomas me regardait comme un fantôme. Mais qu'est-ce qui ne tournait pas rond dans ma tête ? Si j'avais pu attraper ma marraine, elle aurait passé un sale quart d'heure !

- Donc c'est une fan de Léo, et non de moi... s'était plaint l'archange en rejetant en arrière ses cheveux noirs d'un geste de la main.

- Je ne suis pas une admiratrice ! rétorquai-je.

- Pourrait-on revenir à cet entretien ? soupirait Lucifer.

Midnight SongOù les histoires vivent. Découvrez maintenant