Midnight Song

56. Je t'emmène, Princesse !

Voilà une semaine que je suis chez ma marraine. Je ne sors de ma chambre que pour manger. J'ai du mal à dormir. Je fais ce cauchemar récurrent : je cours vers la gare, je crie, mais c'est inutile. Le train est déjà parti. Je me réveille en sueur, le cœur battant. Quel est le prénom que je hurle comme une damnée ? Je ne le sais pas, mais mon cri semble si désespéré...

Dans mes rêves, je vois parfois les démons. Que font-ils à présent ? Sont-ils en pleine émission de radio, en shooting, en interview ou composent-ils le nouvel album ? Je me rends compte que, pour la première fois depuis des semaines, je ne passe pas mes journées en musique.

Thomas a dû trouver ma lettre de démission. Il doit me détester.

Et les garçons ? J'ai mal. Je suis la traîtresse. Léo pourra-t-il me pardonner un jour ? Je hais Damon pour ça !

Damon...

Je chasse le souvenir de son regard vert en secouant la tête. Sors de là ! Ne t'immisce pas dans mon esprit !

On sonne à la porte. Il est tôt ce matin, c'est sûrement le facteur. Ma tante ira ouvrir ; je me recouche et fixe le plafond. Allez ma vieille, secoue-toi ! Tu ne vas pas nous faire une déprime de cent ans et te cacher toute ta vie ! Aucun prince charmant ne viendra te délivrer ! Bouge ton gros derrière et lève-toi !

On sonne encore ! Mais fichez-moi la paix ! Je descends les escaliers et ouvre violemment la porte, avec l'intention de récupérer le colis de ce facteur zélé...

Devant les bottes cloutées, l'immense manteau noir à col militaire, les lunettes de soleil et le sourire éclatant que je reconnaîtrais entre mille, je fais un pas en arrière et me cogne contre une armoire.

- Mais... Mais qu'est-ce que tu fais ici ? je balbutie.

L'homme rentre dans la maison et contemple les murs tapissés de cadres originaux et les étagères débordant de babioles insolites.

- Alors, c'est ici que tu passes tes vacances, Emilie ? On dirait une maison de sorcière, j'adore ! Il y a des rats qui chantent et des balais qui volent aussi ?

- Ethan ? Mais...

Que fait le guitariste des 4D chez ma marraine ? Ou plutôt que fait-il dans la région ?

- Je suis venu te chercher, on y va ? Enfin, tu te changes avant, non ? J'aime bien les filles au naturel, même au saut du lit, mais le pyjama en polaire mauve c'est moyennement sortable !

- Mais comment savais-tu que j'étais ici ?

- Longue histoire. Le chéri de la sœur de Lucifer a dit que tu avais fait un malaise et que tu étais chez ta marraine, alors Lucifer a appelé ta mère qui n'était pas au courant. Entre parenthèses, elle est furieuse que tu sois revenue pour tes vacances sans la prévenir. Du coup, ta maman en a déduit que tu étais triste de nous avoir quittés et elle nous a tous invités à venir passer les vacances ici. Génial, non ? Mais le plus heureux c'est Léo : il a décrété qu'il allait faire de la luge !

- Quoi ? Tu parles si vite. Je n'ai rien compris.

- De la luge !

- Non, je... j'avais saisi. Mais comment ça, ma mère vous a tous invités ?

- Nous allons loger à l'auberge. De cette manière, tu seras moins seule pour les vacances.

- Chez moi  ? Des vacances ? Mais alors, vous n'êtes pas au courant ?

- De quoi  ? s'étonne-t-il.

Mes épaules s'affaissent, je reste sans voix. Personne ne sait pour ma démission ?

- Qu'est-ce que Thomas vous a dit exactement ? je demande.

- Que tu végètes ici depuis une semaine sans donner de nouvelles.

- C'est tout ?

- Oui. Lucifer a pensé que prendre l'air de la montagne nous ferait du bien. Nous sommes arrivés ce matin.

Est-ce que par hasard, Thomas n'aurait pas vu la lettre ? N'est-il pas rentré chez lui ?

- Et Damon ? j'insiste, curieuse de savoir s'il leur a expliqué les raisons de mon absence prolongée.

- Alors lui, il ne dort plus depuis plusieurs jours et il ne parle presque plus. Son humeur est massacrante, mais c'est ta faute.

- Pourquoi ma faute ?

- Allons Emy, le pauvre Damon avoue, en direct, avoir été piégé et filmé sur une sextape et toi, tu prends des vacances ? C'est abusé. Il a dû se sentir comme un pestiféré.

Il me regarde et secoue la tête.

- C'était méchant, jolie princesse ! Bon on y va ? Je te kidnappe en pyjama finalement... C'est plus drôle.

Il me soulève soudain, alors que je pousse un cri de stupeur, et m'entraîne dehors en riant.

- Ethan, laisse-moi au moins me changer ! je râle alors qu'il m'installe dans sa voiture, garée juste devant chez ma tante.

- Emy, pourquoi n'as-tu pas appelé Damon en voyant le concert ?

- Je n'ai pas regardé le concert de la Saint-Valentin ! Et pourquoi aurais-je dû l'appeler ?

- Oh, oh ! Tout s'explique, dit-il en démarrant la voiture. Dans ce cas, je vous laisse gérer tous les deux. Vos histoires me dépassent.

- Ethan, je demande alors qu'il prend la direction de notre auberge. Tu parles beaucoup et vraiment vite, est-ce que par hasard tu aurais bu du café ?

- Oh, c'est les vacances, j'ai le droit ! Ne sois pas rabat-joie !

- Ethan, combien de tasses ?

- Cinq ! il hausse les épaules.

- Et en vrai ?

- Bon, peut-être dix, admet-il.

- Ethaaaan ?

- Mais c'était de tous petits expressos bien serrés, très petits. Si je dois jouer de la guitare pour Vince toute la nuit, je n'ai pas le choix.

- Mais le café te rend nerveux ! Tu avais promis d'arrêter.

- Où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir ! Allez, direction chez toi ! J'ai hâte de découvrir ta chambre d'adolescente ! rit-il en me faisant un clin d'œil.

J'entoure mes genoux de mes bras. J'ai froid en pyjama, malgré le chauffage dans l'habitacle. Ou bien est-ce que je tremble à l'idée de revoir Damon ? Que va-t-il inventer cette fois pour me sortir de sa vie ? Et quelle est cette histoire de l'appeler à cause du concert ? A-t-il si mal chanté que cela ? Je dois tirer cette histoire au clair : est-ce que je peux revoir la soirée de la Saint-Valentin sur Internet ? Les interrogations se bousculent dans mon esprit lorsque nous arrivons dans l'allée enneigée de l'auberge.

😈😈😈😈😈😈😈😈😈😈😈

Rendez-vous avec plein de personnages en plus !
Mais pas demain. Je vais ralentir légèrement le rythme, désolée.
Donc rdv après-demain (samedi 20h)

Bises
À samedi !