32. Fuir le bal (flashback)

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Tout le monde s'était retrouvé au night-club ; les jeunes bacheliers et les populaires n'auraient manqué cet événement pour rien au monde. Lucifer était près du bar. Des filles de tout âge l'abordaient – même dans la rue depuis que son groupe avait fait un passage dans une émission télé. J'étais un peu jalouse de ces belles étudiantes, de leurs corps parfaits et de leur témérité quand elles le draguaient aussi ouvertement...

Dan s'avança vers moi, puis suivit mon regard vers le groupe de Thomas.

— Pourquoi ne vas-tu pas le voir ? me demanda-t-il à l'oreille.

— De quoi parles-tu ?

— De Thomas. Tu l'aimes, n'est-ce pas ?

— Mais non ! avais-je crié pour couvrir le volume de la musique. (Il venait de dévoiler mon secret comme si c'était une évidence.) Ma vie ne te regarde pas, ne t'en mêle pas !

— Mais regarde, avait-il insisté en me désignant d'un mouvement de tête les fans de Lucifer. Tu vas le laisser avec des filles qui ne voient en lui qu'un beau gosse avec une guitare ? Tu ne veux pas te jeter dans la bataille ?

— Je n'ai rien à y gagner, avais-je soupiré. Tu les as vues ? Elles sont si différentes. Rien à voir.

Je les observais danser et rire. Elles étaient belles et je n'étais que moi.

— Justement ! avait-il réagi. Elles ne sont pas comme toi !

Je l'avais dévisagé. Était-ce un compliment ou un reproche ? Le visage sous sa casquette ne me laissait pas deviner grand-chose.

— Si tu ne veux pas te lancer, siffla-t-il, laisse-le tomber une fois pour toutes et passe à autre chose. Te voir lui courir après, ça m'énerve !

— Mais qu'est-ce que ça peut bien te faire ?

J'avais presque hurlé. Moi, je l'agaçais ? Je ne faisais pourtant rien de mal. Aimer en silence ne gêne personne et encore moins cet imbécile.

— Vous vous chamaillez encore ?

Nous nous retournâmes. Lucifer se tenait près de nous en riant. Il devait nous observer depuis un long moment pour réagir aussi vite. Il m'attira vers lui collant son torse contre mon dos, et posa son menton sur ma tête.

— Alors Dan, quel est le problème cette fois ? Tu as peur de ne plus voir Emy une fois à l'université ? Ce n'est pas en la taquinant que tu arriveras à tes fins.

— La ferme, Tom ! Ne joue pas à ça ! grogna Dan. Vous me fatiguez tous les deux ! Si Emilie ne t'intéresse pas, rends-lui sa liberté ! Et tout de suite !

— Emilie est libre de ses choix, avait-il répliqué en haussant les épaules comme si je ne comptais pas.

Sa réponse m'avait blessée. Est-ce qu'il était en train de m'annoncer que je ne l'intéressais pas, qu'il s'en fichait ? Je le fixais sans réagir.

— Jolie Emy, souriait-il, écoute donc ce que Dan essaie de te dire. Il n'en peut plus d'être ignoré de la sorte. C'est cruel de ta part.

— De... ma part ?

Mais qu'est-ce qu'il racontait ? Je l'aimais depuis si longtemps, à ne plus pouvoir le supporter, à me dire que je devais l'admettre et même en parler à Sophie. Je l'aimais tant et si fort que je rêvais de lui chaque nuit. Je ne tenais plus lorsque nous nous retrouvions dans la même pièce et me sentais misérable dès qu'il avait une nouvelle copine. Je me taisais, dévorée par mon désir et ma timidité, mais à ses dires, c'était moi la femme cruelle ? Et Dan quel rapport avec lui ? Était-ce un moyen pour Thomas de se débarrasser de moi ? Je gênais ?

Les larmes me montaient aux yeux. Je devais quitter la soirée. Je n'étais plus à ma place. Je ne comprenais ni l'agressivité de Lucifer ni le comportement de Dan. Qu'est-ce qui leur prenait ? Thomas fit un pas vers moi.

— Allons Emy, tu peux sortir avec Dan, m'encourageait-il. Vous êtes fait l'un pour l'autre, selon lui !

Ma main avait brusquement réagi, au beau milieu d'un refrain hip-hop. Personne n'avait prêté attention à cette gifle, si ce n'est Lucifer qui se tenait la joue et Dan qui me regardait sortir de la salle bondée.

Qu'est-ce que j'avais espéré ? Une jolie robe ne pouvait changer la situation. Je l'aimais et il me jetait littéralement dans les bras d'un autre. Avais-je si peu d'importance ? Je le haïssais de m'ignorer à ce point, de me prouver ce que je savais depuis longtemps sans oser l'avouer : je n'étais qu'une gamine qui aimait le grand frère de sa meilleure amie et non une femme à ses yeux.

Dehors, il pleuvait des cordes. Mes talons résonnaient sur les pavés et mes larmes n'arrêtaient pas de couler. Thomas me poursuivait dans la rue. Je ne voulais plus de lui. Son mépris, il pouvait se le garder ! L'orage se déchaînait au point que ma robe en était trempée. Rien n'aurait pu m'arrêter sauf un de mes talons qui venait de se casser dans ma course. Voilà pourquoi je ne mettais que des chaussures plates d'habitude ! Les talons, c'est bon à faire la jolie plante. Personne ne peut se déplacer normalement sur ces échasses !

Un pied dénudé, je m'étais retournée pour saisir l'escarpin en cuir verni. Thomas avait rattrapé ma main alors qu'elle se dirigeait vers le soulier.

— Emy ! Je suis désolé !

— Ne le sois pas ! J'ai compris !

Je criais de dépit dans la rue déserte ; les éclairs lacéraient le ciel et le tonnerre grondait.

— Non ! Tu n'as rien compris ! répondit-il en m'attirant contre lui. Tu n'as rien compris !

Je le regardais, les yeux embués par les larmes, prisonnière de ses bras. Son visage se rapprochait doucement du mien. Nos corps sous la pluie se collaient l'un à l'autre. Je tremblais de froid, de peur, de colère, de ce sentiment qui m'envahissait chaque fois qu'il était près de moi.

Ses lèvres près de mon oreille susurrèrent un secret inavouable :

— Emilie, je t'aime.

Son chuchotement, à peine audible, me laissa sans voix.

— Je t'aime depuis longtemps, continua-t-il, mais j'ai promis à ma sœur de veiller sur toi. Je n'ai pas le droit de te toucher. Tu es trop jeune, trop fragile. Comme un ange.

Il me caressait les épaules, et ses lèvres si près des miennes tremblaient sur ma joue.

— Je ne suis pas un ange, Thomas !

Mes yeux plongèrent dans son regard doré. J'étais dans les bras de Lucifer, je sentais son cœur battre contre le mien. Je ne voulais plus le lâcher. Je ne voulais pas être une créature céleste et intouchable. Moi, j'aimais Thomas depuis toujours. J'aimais le diable, il était mon unique amour. Quitte à finir en enfer, j'aurais vendu mon âme pour un court instant avec lui.

— Je ne veux pas être un ange pour toi, avais-je murmuré. Et si tu me vois comme tel, alors arrache-moi les ailes.

Il avait souri et nos lèvres s'étaient jointes sous l'orage d'été.

😈😈😈😈😈😈😈😈😈😈😈😈😈

C'était pour la team #Emas (Emy+Thomas)

On se retrouve vite pour la suite ! Genre... demain 20H !

Mais avant, je vous préviens : ça va être un petit peu 🫣🥵😳 mais juste un peu OK (je ne fais pas dans les scènes 🔞, ce n'est pas du tout mon style).

Et je vous jure qu'on retourne au présent avec les 4D bientôt, mais j'avais besoin de ce loooong flashback pour enchaîner avec les rebondissements du présent.

Midnight SongOù les histoires vivent. Découvrez maintenant