Chapitre 68

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Félix s'était réveillé tôt le lendemain sans vraiment savoir pourquoi. Seungmin dormait encore à point fermé dans les bras de Wonpil qui n'avait pas l'air en meilleur état. Il quitta la chambre sans faire de bruit. La maison était encore silencieuse, les autres devaient encore être endormis. L'hiver, le soleil se levait tard et il en était de même pour les loups. Il passa aux toilettes puis se dirigea vers la salle de bain pour enfiler ses vêtements de la journée après s'être débarbouillé. Il rejoignit ensuite la cuisine pour se faire un thé, il ne semblait y avoir personne de levé à part lui et il profita de ce moment de calme et de solitude. Il appréciait désormais un peu plus la vie en communauté mais devait avouer ne pas être contre un peu de silence de temps en temps.

Alors que Félix se dirigeait vers le salon, un bruit attira son attention. Il en chercha l'origine et tomba sur Changbin, debout près de la porte en train de retirer son pull. Il se figea, les yeux rivés sur le dominant qui mit quelques secondes à capter son parfum puis sa présence.

— Oh, bonjour Félix, ne t'inquiètes pas, je pars tout de suite, j'ai une ronde à faire.

L'oméga prit sur lui pour garder son calme. Avec le temps il avait appris que les alphas de la meute ne lui voulait aucun mal mais il devait parfois réussir à s'en convaincre lui-même. Il prit une profonde inspiration puis consulta l'horloge au mur.

— Si tôt ? lui demanda-t-il.

Changbin fut surpris que Félix veuille entamer la conversation avec lui mais ça n'était pas pour lui déplaire, bien au contraire. Il fit de son mieux pour garder une posture la moins impressionnante possible, il voulait que l'oméga se sente à l'aise avec lui et surtout qu'il ne le voit pas comme une menace.

— J'étais réveillé et je me suis dit qu'en sortant tôt j'allais peut-être surprendre un intrus qui aurait profité de la nuit pour venir faire un tour sur nos terres. Jusqu'ici on a croisé personne alors peut-être qu'en variant les heures des rondes…

— Et qu'est-ce que tu feras si tu croises un étranger ? 

Sortir seul n'était pas une bonne idée pour Félix, certes il comprenait la vision de Changbin mais ça lui paraissait risqué.

L'alpha haussa les épaules et continua de retirer ses vêtements. Félix plissa les yeux, d'ordinaire il aurait certainement détourner le regard aussitôt mais la situation avait quelque chose d'intrigant, comme si son loup cherchait quelque chose.

— J'analyserai la situation, répondit finalement l'alpha. Si je tombe sur un loup seul je peux gérer la situation. Si par contre je tombe sur un groupe, alors là je me contenterai de rebrousser chemin pour le moment. On n'a pas besoin de plus de victimes…

Félix ne put qu'acquiescer, néanmoins il n'était pas contre jouer la sécurité.

— Tu ne crois pas que ça vaut mieux d'attendre quelqu'un d'autre ?

— Minho et Jisung sont partis toute la journée d'hier avec Jeongin, qui est à nouveau sorti hier soir avec Younghyun, je crois qu'ils ont tous besoin de repos pour l'instant, et de toute façon je me suis proposé pour m'en occuper ce matin.

— Wonpil ? proposa Félix.

Un léger rire échappa à Changbin.

— Wonpil n'a pas un flair assez développé pour être utile. Il a bien plus sa place ici à s'occuper de la maison et des autres.

Il termina de retirer l'ensemble de ses vêtements et lança un regard à Félix en ouvrant la porte.

— Tu veux bien fermer derrière moi ? Ça m'évitera de devoir attendre avant de me métamorphoser.

— Hum, d'accord.

— Merci Félix, à plus tard.

L'oméga l'observa bondir à l'extérieur tout en changeant de forme. Il attendit quelques secondes avant de s'approcher de la porte et observa le gros loup noir disparaître au coin de la bâtisse. Son pelage sombre contrastait avec la blancheur de la neige, pourtant, avec l'obscurité ambiante, il passait presque inaperçu. Le vent glacial sortit Félix de ses pensées et il se dépêcha de fermer la porte. Sa tasse de thé toujours dans les mains, il s'avança vers la cheminée pour se réchauffer et s'assit dans le canapé.

— Waouh, t'as fait des progrès.

Chaeyoung venait d'entrer dans la pièce, un épais plaid sur les épaules. Elle se dirigea vers Félix et prit place près du feu elle aussi.

— Je pensais que tu aurais pris tes jambes à ton cou en voyant Changbin.

— Tu étais là ?

— Je viens d'arriver, mais j'ai vu que tu n'étais ni paralyser ni en train de fuir. C'est plutôt un progrès non ?

Félix haussa les épaules et reporta son attention sur le contenu de sa tasse.

— Pourquoi tu n'es pas intervenue ? demanda-t-il d'une petite voix.

— Je me suis réveillée et j'ai vu que Changbin n'était plus là, je savais qu'il devait faire une ronde mais je ne pensais pas qu'il irait si tôt. Du coup je suis allée le chercher, mais quand je vous ai vus à deux et que j'ai vu que tu n'avais pas l'air en panique totale, je me suis dit qu'il valait mieux que je vous laisse.

— J'essaye de prendre sur moi pour que ça soit plus vivable pour tout le monde.

Chaeyoung s'affaissa dans le canapé.

— C'est courageux de ta part, et c'est bien, parce qu'avec tout ce qu'il y a à gérer en ce moment…

— J'ai peut-être pas choisi d'être ici, se justifia Félix, mais j'ai pas envie d'être un poids pour tout le monde non plus.

— T'es pas un poids, on a tous notre vécu, nos sentiments… On peut pas toujours tout mettre dans un sac et faire comme si ça n'existait pas. 

— Et c'est plus ou moins facile à faire en fonction des personnes…

— C'est ça. 

Il aurait probablement voulu être aussi à l'aise que les autres, mais à bien y regarder, Jeongin avait trouvé sa place et elle était bien différente de celle des autres. Il avait su s'adapter tout en gardant son caractère et ses envies, Félix ne se sentait pas capable d'en faire autant. Ça le peinait d'ailleurs toujours un peu de voir que les autres omégas avaient pris leurs marques et qu'ils avaient tous trouvé un certain équilibre. Lui devait encore trouver le sien.



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