Chapitre 3

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CHAPITRE 3

Je me mis à reculer sans quitter le corps de ma mère des yeux. J'étais presque sortie du cimetière à présent. Plus que quelques pas...

Mon pied heurta le marbre d'une tombe et je manquais de m'étaler. Le zombie, qu'était devenue ma génitrice, érafla mon visage de ses ongles cassés et son contact me mit la chair de poule. J'avais l'habitude, étant enfant, que ses mains douces caressent mes cheveux, pas qu'elles me griffent. Reprenant alors conscience de l'endroit où je me trouvais, je voulus prendre mes jambes à mon cou mais

une main sortie de terre à cet instant, juste sous moi, et m'attrapa la cheville. J'écarquillais les yeux de surprise avant de perdre l'équilibre et de me retrouver à genoux sur les graviers. Un bruit guttural sortit du fond de la gorge de ma mère alors qu'elle trébuchait sur mon corps. Je me démenais comme une forcenée pour essayer de dégager mon pied mais, le mort vivant avait de la poigne, c'était peine perdu. Je vis son bras apparaitre, puis sa tête et son corps. Sur sa face naquit un sourire goguenard. Il saisit ma jambe à deux mains et enfonça ses dents dans mon mollet avec frénésie. La douleur manqua de me faire défaillir mais je tins bon. Je ramassai un caillou de grosse taille et le lui balançai dans l'épaule. La créature ne bougea pas d'un pouce et arracha un morceau de ma peau. Je hurlais à présent. Ma mort allait survenir d'un instant à l'autre. Je voyais des zombies sortir de l'ombre un peu partout et se diriger vers moi. J'étais cernée, j'étais déjà morte.

- Thelia !

Je redressais la tête. Cette voix... je la connaissais !

- Daphnée ! Daphnée je suis là.

Un grognement s'échappa des lèvres des cadavres ambulants alors qu'ils se détournaient de moi en montrant les dents, comme des bêtes enragées. J'aperçu ma tutrice lever son poignard et l'enfoncer dans le crâne d'un de ses assaillants. Elle n'attendit pas qu'il s'effondre avant de s'attaquer au suivant. Elle maniait sa lame avec souplesse et minutie sans perdre de temps. Les zombies tombaient l'un après l'autre sous sa furie destructrice.

Voyant ses compagnons perdre l'avantage, le mort vivant qui me maintenait la jambe vint leur porter secours, me laissant là, seule et affaiblie sur le sol. Je le vis se diriger, d'une démarche plutôt féline pour un mort, vers Daphnée. Celle-ci, aux prises avec un zombie de forte corpulence, fut attaquée par surprise et le mort qui m'avait agressée lui mordit l'épaule. Elle émit un petit son étranglé avant d'abattre son poignard sur lui. Sans se préoccuper de l'état de sa blessure, ma tutrice redoubla ses efforts pour mettre les créatures hors de nuire. Son sang se répandait à une vitesse folle et éclaboussait ses agresseurs, lorsqu'elle tournoyait pour les faucher, ce qui eut pour conséquence de les énerver encore plus.

Je ne pouvais pas rester là à ne rien faire. Il fallait que je l'aide. Je poussais un gémissement de douleur au moment où ma jambe blessée dû supporter mon poids. Je sortis un autre couteau de sous ma veste et le lançais dans le cou d'un zombie. Celui-ci s'affaissa sur son camarade qui était devant lui. Je sautillais jusqu'à eux et repris mon arme pour couper la tête du second avant qu'il ne se relève. De la sueur coulait le long de ma nuque et mes cheveux blonds collaient à mon front.

- Thelia, dépêche-toi ! Il faut rentrer et vite.

Plus facile à dire qu'à faire. Ma jambe droite traînait derrière moi et j'avais peine à avancer. Je trébuchais à chaque pas. Daphnée, me voyant en difficulté, acheva deux zombies de plus pour se frayer un chemin jusqu'à moi et me soutenir. Je passais un bras autour de son cou et sentis son sang chaud se mêler au mien. Je levais les yeux vers son visage et mon regard croisa le sien. Je n'y vu que de la déception, de la fureur et, tout au fond, une pointe de soulagement. Elle m'aimait donc un peu... J'avais toujours cru qu'elle me considérait comme une corvée en plus, mais, je vis qu'elle tenait à moi comme si j'étais sa sœur et qu'elle était soulagée que je sois toujours en vie. Mon âme se recroquevilla sur elle-même. Daphnée s'était occupée de moi pendant des années et je n'avais eu aucun scrupule à m'enfuir dès que la première occasion s'était présentée. Je lui avais désobéi et à cause de moi, nous allions sans doute mourir avant même que le soleil reprenne sa place dans le ciel.



L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant