Chapitre 48

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Le garçon éclata de rire. Pas un rire forcé mais un rire doux et franc. Je me retournais vers lui sans comprendre ce qu'il y avait de comique dans cette situation. Il me posa par terre sans discuter et me laissa avancer, arme en main, sans une once d'inquiétude dans le regard. Mon cœur battait la chamade alors que les ombres se faisaient de plus en plus en grandes. Bientôt, je me retrouvais juste devant l'une des silhouettes et levais la tête, manquant d'attraper un torticolis pour apercevoir son sommet. J'éclatais de rire à mon tour et me retournais vers mon compagnon.

- Que je suis bête, il s'agissait d'arbres en fait !

Brian et Madeline arrivèrent à leur tour et le grand ténébreux posa sa paume sur l'écorce rugueuse avec un élan de nostalgie. Je rangeais mon couteau dans ma poche et sautillais sur place comme une enfant excitée. Ma fatigue m'avait désertée pour un temps face à mon excitation. Voilà bien longtemps que je n'avais plus foulé de sol forestier. De plus, nous trouverions peut-être de quoi manger dans ces bois.

- Remettons-nous en route ! dis-je en prenant la tête de la file pour ne pas leur laisser le temps de tergiverser.

Les garçons haussèrent tous deux leurs épaules et ne cherchèrent pas à me comprendre. Ils se contentèrent de me suivre.

* * * * * * * * *

Plus nous nous enfoncions dans les bois et plus les fourrées se faisaient touffues et denses. Les ronces s'accrochaient à mes vêtements et me griffaient la peau à travers la mince épaisseur qui me recouvrait. Cependant, ces dernières n'arrivaient pas à me ralentir et je continuais de me frayer un passage dans ce milieu hostile, ne cessant de persévérer pour trouver quelque chose qui nous serait utile. Mes yeux fixaient tour à tour le sol et le paysage verdâtre qui s'étendait devant moi. Alors que je me retrouvais bientôt au sommet d'un ravin, une main s'enroula autour de mon ventre et me tira en arrière.

- Doucement Thelia, il va bientôt faire nuit, il serait imprudent de traverser cette profonde tranchée sans savoir ce qui nous attend au fond ni de l'autre côté. Rebroussons chemin pour trouver un endroit plus accueillant plutôt...

Je jetais un coup d'œil au précipice. D'ici, il était impossible de voir l'entièreté du fond et je dû bien admettre que le traverser, avec une enfant, c'était chercher du danger là où on pouvait l'éviter. Je me retournais donc et nous partîmes en sens inverse.

Après avoir parcouru une petite trotte, nous trouvâmes un endroit où les arbres se chevauchaient presque, où la mousse recouvrait les troncs et le sol. Les garçons et moi décidâmes de nous installer là pour la nuit.

Le sol était trempé et l'eau traversait nos vêtements qui n'avaient pas encore eut l'occasion de sécher. Mais, nous étions tellement éreintés que nous nous laissâmes tomber sur le sol sans faire de manière. Madeline se recroquevilla en position fœtale sur la mousse et ferma les yeux presque aussitôt. Je fixais ses paupières closes et son visage enfantin resté grave malgré le fait qu'elle avait rejoint le monde des rêves. Elle tremblait de froid et de peur, sûrement. Je me rapprochais d'elle et me couchais sur son petit corps frêle pour la recouvrir. A deux, nous aurions plus chaud. De cette position, j'observais, du coin de l'œil, les garçons fixer leur horaire de garde. Je ne pris pas part à leur discussion. C'était peut-être égoïste de ma part de ne pas les laisser se reposer mais après tout, leur sort était scellé : ils vivraient. Pour moi, rien n'était moins sûre et je m'empêchais d'ailleurs de penser à cette éventualité. C'était étrange de se retrouver du statut d'invincible à celui de petite humaine fragile.

Sur cette dernière pensée, je soupirais et fermais les yeux. Ma position n'était pas confortable. De plus, j'avais faim et froid mais après une dure journée, le sommeil n'attend pas.


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant