L'armée du zénith

Chapitre 35

Lorsque je pus de nouveau ouvrir les yeux, la seule chose que je pus distinguer, c'était une grille qui me maintenait prisonnière à l'intérieur de murs en béton.

- Non non non, pas ça... me lamentais-je en me jetant contre cette dernière.

Brian allait être furieux de ne pas me voir revenir. Frustrée, je me laissais tomber sur le sol de ma cellule sans savoir retenir des larmes de frustration. Je fermais les yeux et posais ma tête sur mes genoux pour sangloter sans retenue. Je gâchais toujours tout !

Alors que mon corps était agité de soubresauts, un râle étouffé me parvint du fond de mon cachot. Tout mon corps se mit en garde alors que je relevais la tête tout en fixant le coin obscur de ma prison, celui duquel le bruit avait retentit. Je ne pus m'empêcher de crier en voyant un corps ratatiné bouger dans le noir sous l'effet de la douleur. Remise de ma surprise, je me trainais jusqu'au corps sur lequel ces ordures de mutants c'étaient acharnés. Quelle ne fut pas mon étonnement en reconnaissant le visage de Dann sous tout le sang qui le maculait.

- Mon dieu, tu es en vie ! m'exclamais-je en soulevant délicatement sa tête pour la poser sur mes genoux.

Le garçon grimaça et gémit de douleur malgré les précautions que je prenais pour éviter de le faire souffrir.

- Dann, c'est moi, Thelia. Tu m'entends ? Où as-tu mal ?

Il ne me répondit pas, il en était incapable. L'angoisse commença à m'étreindre. Il fallait que je fasse quelque chose ou bien j'allais le perdre. Mais que pouvais-je bien faire ? Je n'avais ni matériel de secours ni lumière pour voir d'où tout ce sang provenait. Alors que je caressais délicatement sa joue, piquante aux endroits où sa barbe naissait, mon coéquipier se mit à tousser et un filet de sang s'échappa d'entre ses lèvres ouvertes, se déversant sur mes mains et mon pantalon. Je le redressais un peu plus pour ne pas qu'il s'étrangle avec le liquide rougeâtre mais plus je le bougeais et plus sa souffrance ne faisait que croître. Je le reposais donc sur le sol et contre toute attente, il saisit ma main dans la sienne. Je me penchais vers lui et me mis à couvrir son visage ensanglanté de baisers désespérés. Un spasme l'agita et je sentis son pouls ralentir sous mes doigts.

- Dann je t'en prie, tient bon...

Une nouvelle vague de sang coula de la commissure de ses lèvres pour mon plus grand malheur. Il était en train de mourir devant moi. Mon cerveau réagit à toute allure. Depuis le début, j'avais les moyens de le sauver. Une incantation s'imposa à mon esprit comme un miracle et je me penchais vers l'oreille de Dann comme pour lui confier un secret.

- « La mort sera là, certes, mais elle ne t'aura point.»

Aussitôt que cette simple phrase eue franchit mes lèvres, mon corps me parut plus fragile et toute la fatigue accumulée s'abattit instantanément sur moi comme un poids d'une force inouïe. Je me demandais soudain si je n'avais pas fait la plus grosse erreur de ma vie mais en sentant le cœur de mon ami se remettre à battre convenablement sous mes doigts, un sourire fleurit sur mes lèvres. Quoi qu'il arrive, il sera hors d'atteinte. Cette pensée me fit un bien fou et je posais ma tête lourde de sommeil sur le torse de mon coéquipier, à présent sortit d'affaire pour les siècles à venir, avant de succomber à la fatigue.