Mon ami passa devant moi et pénétra à l'intérieur du bâtiment. Les lampes qui dispensaient d'habitude une faible lueur étaient éteintes et le bruit de nos pas se répercutait bizarrement sur les surfaces rocheuses. Je posai ma paume sur le mur pour garder l'équilibre et je sentis la pierre éraflée sous mes doigts.
- Ils sont ici... soufflais-je plus pour moi-même que pour lui.
Nous continuâmes notre descente aux enfers jusqu'en bas des marches.
- Attend moi là, dit Dann, je vais essayer d'allumer les lampes.
Terrorisée, je me tapis contre le mur en essayant de calmer les battements effrénés de mon cœur qui risquaient de me trahir. Soudain, les néons du plafond clignotèrent avant de s'allumer. Je vis Dann se diriger vers moi, un sourire jusqu'aux oreilles. Celui-ci fut de courte durée car il remarqua l'ampleur du désastre. Du sang avait éclaboussé tous les murs et des corps à moitié rongés jonchaient le sol. Un hoquet de stupeur mêlé d'horreur m'échappa. Je suivis mon coéquipier et l'aidais à ramasser les armes des combattants décédés. Soudain, des gémissements nous parvinrent. D'un commun accord, nous avançâmes côte à côte jusqu'à l'origine du bruit. La salle d'opération avait été réduite à néant. Les corps de doc et de Maureen ne ressemblaient plus qu'à un amas de chair décomposée. Je ne pus retenir mes larmes plus longtemps et m'agenouillais sur le sol, près des corps de mes défunts amis. Dann, lui, continua son inspection. Il ouvrit l'armoire contenant un porte-manteau qui se trouvait dressée contre le mur de droite et des hurlements de peur s'en échappèrent. Je relevai la tête et vint le rejoindre. Trois soldats, dont Clarissa, avaient trouvé refuge à l'intérieur. Mon amie se traina sur le sol jusqu'à moi et me serra dans ses bras en tremblant. Je lui caressai les cheveux dans l'espoir de la calmer.
- Tu n'as rien ? demandais-je.
- Non mais mon coéquipier et son ami sont mal en point.
Je l'abandonnai sur le sol pour aller voir. Il s'agissait de deux garçons. Parmi eux, je reconnus Jeson. Son visage ainsi qu'une de ses jambes étaient ouverts et une abondante quantité de sang s'échappait de ses plaies. L'autre garçon, le coéquipier de Clarissa, avait une longue estafilade sur l'abdomen.
- Il m'a protégée... pleurnicha mon amie.
Je me mordis la lèvre avant de me redresser. Il faudrait un miracle pour que ces deux là s'en sorte. Je vidai l'armoire à pharmacie et dénichai des bandages et du désinfectant. Assistée de Clarissa et Dann, je m'occupais des blessures des deux garçons.
- Les zombies ne vont pas tarder à revenir, ils ne craignent plus la lumière. Il faut les mettre à l'abri ! dis-je.
Dann ne se le fit pas dire deux fois. Il aida les deux blessés à se redresser et, assisté par Clarissa, il les soutint pour qu'ils puissent marcher.
- Tu viens ? me demanda Dann.
J'avalai ma salive, regrettant déjà mon acte de bravoure.
- Non, je vais rester ici pour essayer de trouver d'autres survivants.
- Fais bien attention alors ! dit-il avant de s'éloigner.
Je sortis dans le couloir et inspectai les corps un par un pour trouver un pouls. Avec un peu de chance, certain parmi eux étaient encore en vie... Je fis le tour des dortoirs et de la salle des blessés, sans résultat. Il ne me restait plus qu'une pièce à visiter. Je m'approchai de la porte blindée derrière laquelle se déroulaient nos entraînements. Elle était fermée de l'intérieur. Un soupçon de joie s'empara de moi. Je tapai sur le battant jusqu'à ce qu'il s'entrouvre. Une fille de mon dortoir, prénommée Azalee, m'ouvrit. Derrière elle, une petite dizaine de soldats terrorisés serraient leur arme.
- Les mutants sont partis. Il faut s'en aller avant qu'ils ne reviennent, déclarais-je en leur faisant signe de sortir de leur cachette.
Ils se mirent debout sur leurs jambes flageolantes, prêts à me suivre.
- Surtout, nous devons rester groupés. dis-je.
Azalee prit la tête du cortège et ils se dirigèrent en file indienne vers les escaliers de sortie. Je les suivais de loin, vérifiant si je n'avais oublié aucun recoin. Soudain, un cadavre bougea et m'attrapa la cheville. Je hurlai de peur en essayant de me dégager. Alors que je baissai le regard, je reconnu mon instructeur, la seule personne à qui j'avais souhaité la mort, couvert de sang. Sa voix rauque s'échappa de son gosier :
- Donne-moi ton don, vite ! Je n'ai plus beaucoup de temps à vivre, sauve moi !
- Mais de quoi est-ce que vous parlez ? Vous avez perdu la tête. Lâchez-moi je vous en prie. !
- Ne fais pas l'innocente tu sais très bien de quoi je parle. Donne le moi !
Il tira sur ma cheville. Je perdis l'équilibre et m'étalai sur le sol. Mon instructeur attrapa un morceau de verre et me le mit en travers de la gorge. Du sang commençait à couler aux commissures de ses lèvres. Il allait bientôt mourir mais il était d'une force phénoménale.
- DONNE LE MOI ! vociféra-t-il.
Tout d'un coup, ses yeux se révulsèrent et son corps s'affaissa sur moi, me coupant la respiration. Deux mains me saisirent sous les épaules et me dégagèrent de sous la carcasse de cet homme odieux. Sous le choc, j'éclatai en sanglot.
- Merci... dis-je sans même regarder à qui je m'adressais.
- Tu me remercieras plus tard maintenant, il faut sortir de là avant que...
Je relevai la tête et découvris Brian, le corps en alerte, tendu vers les escaliers. Je regardai dans cette direction et c'est là que je les vis. Les morts-vivants descendaient vers nous en une vague infernale.
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L'armée du zénith
Science FictionLe monde n'est plus ce qu'il était. Du jour au lendemain, la vie de milliards d'humains a virée au cauchemar. Des créatures repoussantes ont envahi le monde, semant le chaos sur leur passage. Thelia est une rescapée. La jeune fille vit avec sa mère...