Chapitre 79

72 8 11
                                    

Mes pieds frappaient le pavé avec un rythme rapide. J'étais pressée d'en finir avec tout ça, impatiente de retrouver une vie normale. Je marchais depuis déjà plusieurs minutes lorsqu'une pluie glaciale se mit à tomber.

- Super, il ne manquait plus que ça ! râlais-je en pressant encore un peu plus le pas.

Je pliais mon bras pour le réveiller et faire cesser cette sensation d'engourdissement. Ma blessure saignait toujours malgré le garrot que je m'étais fais quelques temps plus tôt. Je n'avais jamais été impressionnée par le sang mais là, on pouvait dire que j'avais eu ma dose. Pourtant, la journée venait de commencer et je savais que des effusions carmin auraient encore lieu avant le coucher du soleil. Un mort vivant passa soudainement à travers une vitre pour venir se planter devant moi, les babines écumantes de rage, me sortant de mes pensées. Je n'eus pas le temps de me munir de mon pistolet qu'il se jetait déjà sur moi. Je fis un pas de côté pour l'éviter et le cadavre ambulant atterrit sur le sol, les quatre fers en l'air. Je profitais de cette occasion pour sortir mon poignard de ma poche et lui enfoncer entre les omoplates. Ma victime rugit avant de s'éteindre. Je retirais la lame de mon arme de son corps et l'essuyait sur ses guenilles avant de la ranger de nouveau. Sans perdre une seconde de plus, je repris mon chemin. La pluie me brouillait quelque peu la vue et mes cheveux collaient à mon crâne, me procurant une sensation déplaisante. En faisant la moue, je tournais sur ma droite et débouchais dans une des avenues principales. Pour ma plus grande surprise, je vis Héloïse appuyée nonchalamment contre un mur de briques, à quelques pas d'un escalier de secours en très mauvais état qui menait au toit de l'immeuble. Lorsqu'elle m'entendit arriver, elle cessa de regarder ses ongles pour porter son attention sur moi et son visage s'éclaira d'un sourire peu avenant.

- Tu en as mis du temps, me dit-elle.

Je vis son regard dévier de mes yeux au bâton que je tenais fermement dans ma main gauche. Je raffermis encore un peu plus ma main sur ce dernier sans lâcher mon ennemie des yeux.

- Ne m'adresse pas la parole, ripostais-je avec hargne.

Elle avait retrouvé son apparence normale, si bien que j'aurais pu douter de la véracité de la scène à laquelle j'avais assistée plus tôt. Cependant, cette dernière était bien ancrée dans mon crâne et je ne me laissai pas duper. La créature qui se trouvait devant moi éclata de rire face à mon expression déterminée et se décolla du mur pour se planter au milieu de la rue, les deux mains sur les hanches.

- Ca te dirait un petit jeu ? me demanda-t-elle avec espièglerie.

Sans me laisser le temps de lui répondre, le mutant se déplaça à la vitesse de l'éclair et se retrouva derrière moi. Je sentis sa présence mais Héloïse me mit un coup de pied dans le creux des genoux, m'envoyant au tapis avant que je ne puisse me retourner pour lui faire face. Elle contourna mon corps endolori pour se dresser devant moi de toute sa hauteur. Ses yeux pétillaient de méchanceté et je me pris soudain à me demander ce que Dann avait bien pu lui trouver pour coucher avec elle. Rien qu'en l'imaginant dans ses bras, j'en eus des nausées. Tout d'un coup, une peur sans équivoque se matérialisa en moi.

- Tu l'as mordu ? demandais-je à mon ennemie d'une voix tremblante de rage sans prendre la peine de préciser son nom.

- Non, je comptais profiter de lui un peu avant de lui infliger un sort aussi peu séduisant. Ca fait mal tu sais, de sentir le poison se propager dans ses veines. De plus, je suis la créature la puissante de l'univers et je n'avais pas vraiment l'envie de partager ce titre avec quelqu'un d'autre, vois-tu ?

Je ne lui répondis pas. Je reléguais ma peur au second plan et avalais ma salive avant de poser une autre question qui me brûlait les lèvres depuis un bout de temps.

L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant