Chapitre 15

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Les couloirs étaient calmes. Le garde et moi nous empressâmes de nous rendre à l'infirmerie avant que quiconque ne nous voit. Lorsque je poussais la porte, je trouvais doc, penché au dessus d'un corps en charpie. Ses yeux fatigués croisèrent les miens au moment où il cachait le défunt sous un drap tâché de sang. Le pauvre homme devait être surchargé de travail par les temps qui couraient. Il nous indiqua une table, disposée un peu plus loin et le garçon qui m'accompagnait allongea Maureen dessus avant de s'éclipser.

- Vous avez besoin d'aide ?

- Merci, c'est très gentil jeune fille mais je pense que vos compétences en médecine sont faibles. Je me trompe ?

Je me mordis la lèvre parce qu'il avait tout à fait raison. Ici, je n'étais bonne à rien. Alors que je me détournais, sa voix écorchée me parvint :

- Cependant, tu pourrais allez vérifier si les blessés n'ont besoin de rien. Ils se trouvent dans le dortoir jouxtant cette salle.

Je fermais la porte de la salle de soins. Je me dirigeais vers le battant suivant et, au moment ou ma main se posait sur la poignée, la porte s'ouvrit toute seule, révélant mon instructeur. J'avais du mal à calmer les battements de mon cœur, qui s'affolaient à la vue de cet homme. Que venait-il faire ici ? J'eus la réponse en apercevant son poignard à la lame souillée de sang dans sa main. Il était venu tuer les blessés qui ne pourraient plus nous être utiles.

- Qu'avez-vous fait ? dis-je saisie d'effroi.

Mon entraineur ne me répondis pas tout de suite, trop surpris, lui aussi, de me voir en chair et os, bien vivante. Je voulus le contourner pour entrer dans la pièce mais il me saisit l'avant bras et me colla au mur.

- Je ne sais pas comment tu as fait pour t'en sortir cette nuit. Tu dois être spéciale. Mais, une chose est sûre, si tu commence à fourrer ton nez dans les affaires qui ne sont pas les tiennes, tu auras de sérieux ennuis...

Je ne pouvais quitter son regard perçant des yeux. Mon souffle restait bloqué dans ma gorge tellement il me faisait peur. Le chef ferma la porte, coupant court aux jérémiades des agonisants. J'eus cependant le temps d'apercevoir une salle remplie de lits, tous occupés, et une mare de sang sous certains. Mon inspecteur me traina à sa suite dans les couloirs jusqu'à la salle d'entrainement où se trouvait déjà les autres qui pouvaient tenir debout. A mon entrée, le silence se fit. Il fut vite rompu par mon entraineur :

- Vous pouvez barrer son nom de la liste des morts.

Le garçon qui tenait une feuille en main s'empressa d'obéir aux ordres. La foule ne cessait de me fixer. Parmi elle, j'aperçus Clarissa et Dann. Le regard de ce dernier était emprunt de fierté et de respect. Mon instructeur me poussa au centre de la salle, le sourire aux lèvres.

- Je voudrais voir tes capacités de combattante puisque tu nous es revenue en un seul morceau.

J'avalais difficilement ma salive alors que son regard parcourait les rangs pour s'arrêter sur...

- Brian, à toi !

Le garçon s'avança dans notre direction et je vis son regard sûr de lui. La panique monta en moi. Il allait me réduire en charpie ! Quand il fut assez près et que notre entraineur se fut écarté, il me glissa quelques mots à l'oreille.

- Ne t'inquiète pas, tu ne crains rien. Je vais juste tester quelque chose pour confirmer mes soupçons...

« Quoi ? Quels soupçons ? » pensais-je. Je n'eus pas le temps de m'interroger plus longtemps. Brian afficha un air de défi et je me jetais prestement sur le côté alors qu'il lançait son poing dans ma direction. Une fois remise de ma surprise, je me redressais, la respiration saccadée, les poings en avant, prête à bondir. Il ne m'en laissa pas le temps. Il fonça sur moi et me plaqua au sol. Ma joue était écrasée contre le parquet froid et le poids du garçon m'empêchait de respirer.

- Qu'est-ce que tu fais ? dis-je en essayant d'articuler pour que mes propos soient audibles.

Brian ne me répondit pas et tordit mon bras gauche dans un angle incertain. Je sentis mon épaule se déboiter sous le choc et je criais tellement la douleur était intense. Le garçon n'avait cependant pas encore finit et s'apprêtait à me casser l'autre bras quand son corps fut propulsé sur le côté. J'aperçus les cheveux châtains de Dann et son ton menaçant qui intimait à Brian de me laisser tranquille, avant de m'évanouir.


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant