L'armée du zénith

Chapitre 59

Alors que nous pénétrâmes dans la crypte, les garçons devant et moi les suivants à quelques pas derrière, des éclats de voix me parvinrent et une phrase en particulier retint mon attention.

- Il paraît qu'un ours s'est introduit dans le village et qu'une fille drapée dans une cape noire l'a abattu.

Je reconnu la voix d'un de mes kidnappeurs et l'espace d'un instant, je les vis à la place de cet animal gigantesque, ce qui me fis sourire. Un jour, je leur ferais payer le prix de m'avoir enlevée. Après ses propos, la salle ne fit qu'un et scanda le nom d'Héloïse mais, entrant à cet instant, Thois les détrompa en disant que notre chef se trouvait dans un état lamentable et, que si c'était elle qui avait tué la bête, elle n'aurait pas pu s'enfuir. Tous les regards convergèrent alors dans ma direction et plus aucun bruit ne vint troubler le silence. Notre groupe ne comptait que deux filles et si l'on écartait Héloïse, il ne restait que moi. Des garçons se levèrent et vinrent me serrer la main avant de proposer de m'accompagner cette nuit pour la patrouille. Avec une infinie patience, je les envoyais mettre leurs propositions à un endroit bien précis. Devant ma mauvaise humeur, beaucoup reculèrent et Joshua put enfin me servir mon déjeuner qui se composait uniquement d'une tranche de pain rassie. Je la saisis et mordis dedans à pleine dent, sous le regard des autres combattants. Lorsque j'avalai ma dernière bouchée, je leur souri puis sortie pour commencer ma tournée, me dépêchant avant que quiconque ne me suive. Je rabattis ma capuche sur mes cheveux blonds et dégainais mon poignard pour être prête si le danger survenait.

J'avais déjà parcouru plusieurs rues lorsque j'entendis que quelqu'un me filait. Je me retournais sans laisser le temps à la personne de se cacher. Thois se retrouva prit au piège de mon regard meurtrier et, penaud, se passa une main dans les cheveux en fixant le sol.

- Qu'est-ce que tu fou ? m'exclamais-je furieuse.

- Je voulais constituer un binôme avec toi mais puisque tu avais refusé la veille, je n'ai pas osé te le demander cette nuit alors j'ai pris l'initiative tout seul.

- Et bien si tu m'avais posé la question ce soir, avant que je ne débute mon tour j'aurais...

- Tu aurais répondu par l'affirmative ? Tu m'aurais laissé t'accompagner ? s'exclama-t-il, les yeux pétillants.

Je lui offris un regard courroucé pour avoir osé me couper la parole tout en répondant à sa question.

- Non, je ne t'aurais pas laissé venir avec moi et même maintenant je n'ai pas envie que tu me suives. J'ai envie d'être seule alors laisse moi tranquille !

Sur ce, je tournais les talons et fis un pas en avant pour m'éloigner de lui et continuer sur ma lancée mais, lorsque je relevais le regard, j'aperçus deux silhouettes humaines, affublées de l'insigne de la ville, qui marchaient tranquillement dans notre direction. J'entrepris de reculer mais ils m'aperçurent et ils furent aussitôt aux aguets. Dégainant leurs pistolets, ils se mirent à courir vers nous.

- Putain de merde ! s'exclama Thois en m'attrapant par le poignet et en m'entraînant avec lui.

Nous tournâmes à la première rue que nous rencontrâmes et il me lâcha sans s'arrêter de courir. Ma foulée était beaucoup plus petite que la sienne même si nous avions presque la même taille ainsi, il me distança bien vite. Soudain, j'entendis deux voix que je connaissais fort bien et qui m'ordonnaient de me rendre. Je m'arrêtais au milieu de la ruelle, leur tournant le dos. Je vis Thois continuer à courir du coin de l'œil et mon cœur se serra en pensant à quel point il était stupide. Lorsque j'entendis les pas de mes poursuivants se rapprocher, je me retournai et attendis qu'ils soient assez prêts pour enlever ma capuche. La surprise les cloua sur place.