Chapitre 10

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On m'avait ordonné de revêtir une combinaison noire. Celle-ci me collait au corps comme une seconde peau et me laissait me mouvoir sans entraver le moins du monde es mouvements et ma respiration. Au contraire, le tissu était doux et lisse et avait un contact vraiment plaisant contre mon épiderme. Je me demandai comment les membres de l'armée arrivaient à trouver de tels équipements dans un monde dévasté.

La nuit était sur le point de se terminer. J'étais en retard. J'attrapai mes cheveux que j'attachai en une queue de cheval, avant de me diriger vers la salle d'entraînement qu'on m'avait indiquée. Je me postai le long du mur. Dann était déjà là et me sourit. Les autres rentrèrent tous par petits groupes, la tête dépitée. Ils nous rejoignirent contre le mur en traînant les pieds. Ce n'était pas vraiment le tableau que je me représentais d'une armée rentrant d'un combat. Parmi eux, j'aperçus Clarissa, le regard hagard et pétrifié par toutes les horreurs qu'elle avait dues voir et mon ventre se serra. Je ne vis pas Brian. Mon attention fut alors attirée par l'entrée fracassante d'un homme à l'allure imposante. Je reconnus sans peine l'homme que j'avais rencontré un peu plus tôt et qui s'était présenté comme étant notre instructeur.

- Soldats, 13 hommes sont morts cette nuit. On ne peut pas se permettre d'en perdre autant ! C'est pour cette raison que j'ai décidé de doubler vos heures d'entraînement. Vous ne pourrez allez vous reposer ou manger que quand vous aurez accompli tous les exercices correctement.

Un hoquet de stupeur parcouru les rangs et un sourire cruel s'afficha sur les traits de notre entraineur. Tout d'un coup, une voix terrifiée résonna dans la salle.

- Vous ne pouvez pas réduire nos temps de repos, cela ne ferait que nous affaiblir encore plus et les résultats seraient terribles.

- Qui a osé prendre la parole ? Manifestez-vous.

Un jeune garçon à la silhouette frêle et dégingandée s'avança au centre de la salle. Notre instructeur vint à sa rencontre et se posta devant lui, les mains croisées derrière le dos. Il se pencha vers le visage de l'adolescent et sourit de toutes ses dents.

- Qu'on l'attache au poteau !

Un silence général emplit la salle et personne ne bougea.

- C'est un ordre bandes d'incapables ! hurla l'entraineur hors de lui.

Deux garçons s'approchèrent de leur camarade et le soulevèrent sans effort par les aisselles. Le reste du groupe se mit en marche derrière eux. Le poteau était dressé dans toute son horreur au fond de la pièce. Les garçons le lièrent au rondin avant de s'écarter. Notre instructeur s'avança parmi la foule, muni d'un long fouet. Il n'allait quand même pas... Si. Une cascade de mots s'échappait de ses lèvres et à chaque parole prononcée, un coup s'abattait sur le corps du garçon. J'ouvris de grands yeux horrifiés devant ce spectacle abominable. De longs filets de sang s'écoulaient des plaies et traçaient des sillons sur la peau déchiquetée. Entre deux cris d'agonie, j'entendis un sanglot à peine contenu. Je me retournais pour voir Clarissa en pleine crise d'angoisse. Je me frayais un chemin jusqu'à elle à coups de coudes et lui posais les mains sur les oreilles pour essayer de minimiser les cris qui lui parvenaient. Elle se retourna vers moi et fit de même avant de fermer les yeux. Je me rendis compte que des larmes roulaient sur mes joues alors que je ne leur avais pas donné la permission de sortir. Il fallait vraiment que je m'endurcisse si je voulais survivre ici.

Après un temps interminable, notre instructeur s'apprêtait toujours à frapper mais, le fouet resta suspendu dans les airs. Brian venait de faire son apparition et lui avait saisi l'avant-bras avant qu'il n'aille plus loin.

- Vous veniez de dire que nous manquions d'effectifs alors ne tuez pas le peu qu'il reste !

Tout le monde retint son souffle en attendant la réponse du bourreau. Contre toute attente, notre instructeur refoula sa haine et abaissa son arme. On expira tous bruyamment de soulagement. Il essuya les gouttelettes de sang qui maculaient son visage avant de se tourner vers nous.

- Que ceci vous serve de leçon. On ne discute pas les ordres ! Maintenant, dispersez-vous. Brian et Jeson, vous serez les premiers à combattre.

Une femme d'une trentaine d'années se précipita vers l'adolescent blessé et entreprit de le détacher. Je m'approchais moi aussi pour l'y aider. Le jeune garçon était complètement vaseux et nous tomba dans les bras dès que les sangles ne le retinrent plus. J'aidais la femme à le porter à l'infirmerie.

- Merci pour lui, me dit-elle, je m'appelle Maureen.

- De rien, moi c'est Thelia.

On déposa le blessé sur la table d'opération de doc avant de revenir sur nos pas et d'entrer dans la salle, au moment où les deux garçons entamaient le combat. Ils se tournaient autour, se regardant en chien de faïence mais aucun des deux ne faisait mine d'attaquer l'autre. Jeson était un colosse et des muscles saillants parsemaient chaque partie de son corps. A côté de lui se tenait Brian. Celui-ci paraissait insignifiant par rapport à son adversaire et mon cœur se serra. Il allait se faire tabasser à mort. Il n'avait aucune chance. Je repérais la chevelure rousse de Clarissa au premier rang et vint la rejoindre. Ses yeux brillaient d'appréhension. Personne dans la salle ne parlait. Tous avaient les yeux rivés sur les garçons. La voix tonitruante de notre entraîneur résonna soudain :

- Alors, qu'est-ce que vous attendez ? C'est pour aujourd'hui ou pour demain ?

Jeson sourit de toutes ses dents avant de foncer sur Brian. Mon cœur manqua un battement.


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant