Chapitre 62

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Nous décidâmes qu'il était trop dangereux de sortir de notre cachette et nous restâmes donc dans la pièce obscure le reste de la journée. Je ne pus m'empêcher de fermer les yeux à plusieurs reprises. Brian m'avait bandé le ventre quelques temps plus tôt pour empêcher que je ne perde trop de sang et depuis, je me sentais un peu mieux.

Lorsque le soir commença à tomber, les deux garçons prirent leur courage à deux mains pour aller jeter un coup d'œil dans la rue et ainsi s'assurer qu'aucun danger ne nous menaçait. Madeline était alors recroquevillée contre mon torse et dormait à poing fermé. Je sentais son petit cœur battre contre moi et un sourire effleura mes lèvres. Dann rentra le premier et nous annonça qu'il n'avait pas rencontré de problèmes de son côté. Nous attendîmes Brian qui revint un peu plus tard avec des bonnes nouvelles, lui aussi. Je secouais doucement la fillette pour la réveiller mais le grand brun m'arrêta en plein mouvement et souleva l'enfant pour la prendre dans ses bras. Je le remerciais silencieusement en me levant à mon tour. Nous sortîmes à la suite l'un de l'autre dans l'air nocturne. Les garçons me demandèrent ce que je comptais faire maintenant. Je contemplais leurs habits qui appartenaient au groupe ennemi et leur conseillais, même si le froid était on ne peut plus mordant, de retirer leur pull pour ne pas qu'ils s'attirent les foudres de mes alliés. Ils s'exécutèrent avant de me suivre. J'errais un peu dans la ville pour retrouver mes repères et me souvenir de l'endroit où se trouvait la crypte. Nous ne croisâmes aucune âme qui vive dans les parages et je ne sus quoi penser. Lorsque je m'arrêtais devant l'entrée de notre repère souterrain, j'ordonnais aux garçons de m'attendre dans le hall et de me laisser descendre au sous-sol toute seule pour tasser l'atmosphère et préparer mes nouveaux coéquipiers à leur venue. Brian voulut riposter et s'opposer à mon idée mais je ne lui laissai pas le choix et lui tournais le dos pour descendre les escaliers.

Lorsque j'ouvris la lourde porte blindée, je trouvais Héloïse attablée à la seule table de l'abri en face d'un vieil homme qui la regardait d'un air grave. En entendant le bruit du battant qui s'ouvrait, la jeune fille sauta sur ses deux pieds et se positionna de manière à pouvoir me couper les devants. Je levais les deux mains en l'air pour lui signifier que je ne lui voulais aucun mal et, en me reconnaissant, une grimace peu accueillante s'afficha sur ses trais. Elle glissa sa lame dans son fourreau et prit à nouveau place devant son interlocuteur avec un air impassible.

- Comment se fait-il que tu ais passé la journée dehors ?

- J'ai été prise en chasse par des membres de l'armée du chef du village et j'ai préféré m'éloigner pour ne pas leur révéler l'emplacement de nos repères.

Héloïse n'émit aucun commentaire et ne me traita pas non plus de menteuse, pour mon plus grand étonnement. Je restais debout à l'entrée de la cachette sans oser faire le moindre geste. J'étais on ne peut plus mal à l'aise. Le vieil homme ne cessait de me fixer sous tous les angles et je lui rendis un regard interrogateur. Il me sourit et me fit signe de les rejoindre à la table. Il ordonna à Héloïse de se lever et de me céder sa place. Cette dernière le fixa incrédule avant de lui obéir en vociférant. Elle alla se placer à côté de la porte pour ne laisser entrer personne. Je détournais ma vision de ma patronne et reposai mes yeux bleus sur l'étranger. Je n'avais jamais vu des yeux aussi bienveillants que les siens et je lui fis instantanément confiance. Ce dernier posa une de ses grosses mains sur la mienne, que j'avais posée sur la table.

- Je t'attendais jeune fille, dit-il.

- Pardon ? dis-je en plissant les yeux.

Le vieil homme soupira, jeta un regard discret à Héloïse puis reposa son regard sur moi.

- Tu m'as très bien entendu, je t'attendais.

- Mais pourquoi ?

Il prit une profonde inspiration et réfléchit, se demandant sans doute s'il ne faisait pas une bêtise en me révélant de tels propos. Soudain, il se décida et me débita tout un discours d'une seule traite.

L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant