Chapitre 68

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En nous entendant revenir après si peu de temps, Brian et Dann paniquèrent et dévalèrent les escaliers pour venir à notre rencontre.

- Vous n'avez rien ? s'inquiétèrent mes deux amis en m'entourant de leurs bras protecteurs.

Je les repoussais doucement et aperçus Héloïse derrière eux. Je m'avançais vers elle et plantais mes yeux dans les siens pour lui annoncer la nouvelle. Je ne m'entendais pas avec elle mais devoir lui annoncer une perte aussi tragique me pesait lourd sur le cœur.

- Je suis désolée, fus tout ce que j'arrivais à dire.

Ses yeux se plissèrent et son regard me transperça comme pour essayer de comprendre où je voulais en venir. En voyant la mine dépitée du groupe, elle encaissa le choc et me bouscula pour sortir du hall et s'enfuir en courant dans la rue. Paniquée à l'idée qu'il puisse lui arriver quelque chose, je me mis à sa poursuite. J'entendis Brian ordonner à Dann de prendre les commandes des groupes avant de courir sur ses talons. En pénétrant à nouveau dans ce lieu lugubre, ma conscience se réveilla et je pointais mon arme, que je n'avais pas lâchée, devant moi pour descendre dans la crypte. Pourtant, à part Héloïse, aucune autre personne ne se trouvait dans la pièce. Lorsqu'elle me vit, ses yeux me lancèrent des éclairs et elle pointa son index rougi par le sang de son père dans ma direction, les larmes égrenant sa voix.

- C'est toi qui l'as tué !

J'eus l'impression de recevoir un coup dans la poitrine en entendant ses paroles où la haine perçait comme une accusation. Rageuse, elle s'essuya les yeux d'un revers de manche et se leva pour venir se planter devant moi de toute sa hauteur. Elle me dépassait de quelques centimètres et, poussée par sa colère, elle paraissait menaçante. Je ne l'avais jamais vu dans un état pareil et son expression relevait de la démence. Elle paraissait démoniaque. Elle me poussa contre le mur et je la laissais faire sans me défendre afin qu'elle puisse faire le deuil de son père. Pour ne pas la blesser, je laissais tomber mon couteau sur le sol et plantais mes yeux dans les siens pour mettre plus de poids dans mes paroles.

- Je n'y suis pour rien !

- Tu es pourtant la dernière personne à l'avoir vu vivant, riposta-t-elle.

Avant que je ne puisse répondre, Brian força Héloïse à se reculer afin qu'elle me lâche. Il serra son bras de toutes ses forces et c'est d'une voix empreinte de compassion qu'il lâcha ces quelques mots :

- J'étais avec elle et ton père était encore debout sur ses deux jambes lorsque nous avons quitté les lieux.

- Que vaut ta parole, je ne te connais pas ! s'énerva-t-elle sans toutefois oser lever la main sur lui.

- Tu es libre ou pas de nous croire, dit Brian, mais nous avons la conscience tranquille.

Sur ces mots, il la lâcha avant de m'enjoindre de sortir. Je jetais un coup d'œil par-dessus mon épaule pour apercevoir l'ombre d'une revanche dans le regard de la jeune femme. Je ne pouvais plus compter le nombre de menaces qu'elle avait profanées à mon encontre et je me demandais quand elle mettrait ses idées en marche, qu'on en finisse.

Epaulée par Brian, je sortis de la crypte et un sentiment de désespoir s'empara de moi. Les larmes me montèrent aux yeux.

- Eh, qu'est-ce qui ne va pas ? s'enquit Brian en s'arrêtant.

Je secouais la tête pour lui signifier que tout allait bien. Après tout, c'était vrai, je faisais tout de travers mais c'est mon entourage qui payait pour moi, pourquoi me plaindrais-je donc ? Pas convaincu, il insista pour que je lui raconte tout et la colère fit cesser mes larmes.

- Nous vivons dans un monde où les zombies sont rois et où nous ne sommes que des proies. N'ai-je pas le droit de pleurer sur le sort que nous réserve l'avenir ? Cesse un peu de veiller sur moi comme tu le fais, je ne suis pas en verre !

Choqué par mes propos, mon ami garda le silence et me contempla sans ciller. Il fronça les sourcils et me répondit d'une voix dénuée d'expression.

- Très bien, puisque tu le veux, je vais redevenir le garçon renfermé et inaccessible que j'étais avant ton arrivée. Après tout, il existe encore beaucoup d'êtres humains sur Terre alors dans le fond, je te comprends de ne pas faire attention à moi. J'espère que tu vivras longtemps, Thelia.

Sur ce, il tourna les talons et m'oublia. Je le regardais s'éloigner, pantelante, en proie à des tremblements de peur et me réprimandais intérieurement de ma sottise.


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant