Chapitre 28

157 10 2
                                    


Le soleil reprenait peu à peu ses droits sur la nuit. Ses rayons caressaient ma chair mise à nue par endroit. Mon bras me faisait souffrir et des gouttes de sueur perlaient sur mon front. Je devais avoir de la fièvre. Pourtant, je ne prétendais pas ralentir, ni lâcher les armes que je m'entêtais à porter malgré les protestations de Dann et de Brian, qui avait retrouvé sa contenance. Nous étions à quelques rues de notre nouveau repère quand nous tombèrent nez à nez avec un groupe de zombies. Ils devaient au moins être une bonne vingtaine. Alors que je dégainais un pistolet, Brian encochait une flèche sur l'arc qu'il avait emporté. Les yeux d'un zombie croisèrent les miens et je manquais de défaillir. Ce n'était autre que Maureen et derrière la créature qu'elle était devenue, je pus apercevoir doc. Ma main trembla sur la gâchette et lorsque je me décidais enfin à tirer, ma balle percuta le mur d'un bâtiment au lieu de sa cible initiale. Je n'étais pourtant pas au bout de mes surprises. Je vis un éclat briller dans la main d'une des créatures et me rendis compte qu'ils étaient armés. Affolée, je me retournais vers Dann qui rechargeait un pistolet. Je laissais tomber les armes que je tenais contre ma poitrine et me jetais sur lui juste à temps. La lame parfaitement aiguisée se planta dans mon épaule au lieu de l'atteindre en pleine poitrine. Brian jura haut et fort lorsque je criais de douleur. Il abandonna son arc pour attraper aussitôt deux armes à feu. Il tira dans le tas sans louper une seule de ses tentatives. Dann n'avait d'yeux que pour moi, allongée sur lui, me vidant de mon sang sur sa chemise.

- Va aider Brian, dis-je en repoussant sa main de mon bras valide.

A peine avais-je finis ma phrase que ce dernier s'agenouillait à côté de moi, s'étant déjà débarrassé des créatures, et posait ses armes sur le béton.

- Il va falloir t'enlever le couteau le plus vite possible...

- Alors allez-y !

Brian remonta les manches de sa chemise et ordonna à Dann de me poser sur le sol, ce qu'il fit.

- Tient-la bien, elle va avoir mal.

Mon coéquipier posa délicatement ses mains de chaque côté de mon omoplate. Brian compta jusqu'à trois avant de tirer fermement sur le manche du couteau. Je me mordis la main jusqu'au sang pour éviter de hurler et de rameuter tous les mutants dans le quartier.

- Voilà, c'est fini !

Fière de lui, il me montra la lame tachée de mon sang. Dann compressa ma plaie béante alors que Brian déchirait le bout le plus propre de sa chemise pour me faire un bandage improvisé. Gagnée par la fièvre et la douleur, je disjonctais et éclatais de rire. Les garçons me fixèrent comme si j'étais folle.

- Je suis en train de me faire soigner au beau milieu d'une rue par deux mecs, vous imaginez un peu le tableau ?

Dann me lança un regard de détresse en se mordant la lèvre et compressa ma plaie plus fort. Quand Brian eut déchiré une bande de son t-shirt, il s'attaqua à ma combinaison. Il dégagea mon épaule et je frissonnais en sentant le contact de ses mains sur ma peau. Il enroula la bande autour de mon omoplate avant de s'essuyer les mains sur son pantalon.

- C'est bon, on peut y aller.

Dann m'aida à me relever et voulu me porter mais je refusais. Je ramassais quelques armes que je fourrais dans mes poches et les garçons prirent le reste. J'avais de la chance. Le couteau avait atteint l'épaule surplombant mon bras droit, déjà blessé. J'avais toujours un bras de valide. Je titubais légèrement. La perte de sang m'avait affaiblit et le fait que mon corps était en train de se régénérer n'aidait pas à améliorer mon état. Je puisais dans mes réserves. Lorsque j'aperçus la bâtisse dans laquelle nous avions trouvé refuge, je laissais percevoir mon soulagement sur mon visage. Brian passa devant moi en trombe et rejoignit la porte d'entrée en quelques enjambées. Je ne savais pas pourquoi il avait si subitement accéléré et je ne chercherais d'ailleurs jamais à avoir la réponse. Les pensées masculines étaient parfois bien incompréhensibles. Cependant, lorsque Dann m'attrapa délicatement le poignet et me colla contre le mur avec douceur, je compris pourquoi Brian s'était empressé de monter. Ceci n'était autre qu'un complot. Mon coéquipier me dévisagea gravement en repoussant une mèche rebelle derrière mon oreille. Il posa ses douces lèvres sur les miennes pendant un court instant et me murmura ensuite à l'oreille :

- Merci de m'avoir sauvé, je t'en serais éternellement reconnaissant !

J'étais trop confuse pour dire le moindre mot, trop confuse pour lui rendre son baiser, trop confuse pour le regarder en face. Quand il me lâcha, je m'empressais de monter les escaliers, les joues empourprées, pour ne plus me retrouver seule en compagnie de Dann. Mes pensées s'entremêlaient. Etais-je vraiment amoureuse de lui? Le fait que je l'avais sauvé, que je ne veuille pas le perdre témoignait-il en ce sens ? L'aimais-je vraiment assez pour ne jamais le décevoir ? Pourquoi ma vie était-elle si compliquée ?


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant