Chapitre 31

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J'ouvrais la marche tandis que Brian la refermait. Le groupe comptait quelques enfants qui serraient la main de leurs parents, pour ceux qui en avaient encore, en pleurant et reniflant. Je détournais ma tête de cette vision qui me fendait le cœur. Dann avait un vieillard et sa petite fille, qui avait à peu près le même âge que moi, sous sa garde. Je ne pus empêcher une grimace de jalousie de fendre mon visage lorsque j'entendis qu'il lui parlait de sa voix de velours. Je fermais les yeux quelques instants et me massais les tempes pour faire partir mon mal de tête. Soudain, une adorable fillette me prit la main et glissa sa frêle menotte dans la mienne.

- J'ai peur ! dit-elle en ravalant les sanglots qui l'étreignaient.

Je lui offris un sourire rassurant mais je ne me permis pas de lui dire que nous allions nous en sortir ou bien qu'elle ne craignait rien. J'en avais marre de mentir, marre de faire comme si tout allait bien.

Alors que je regardai à nouveau droit devant moi, cherchant un quelconque danger, des murmures se firent entendre derrière mon dos et des enfants se mirent à hurler en s'éparpillant malgré les tentatives désespérées de leurs proches pour les garder auprès d'eux. Je me dévissais le cou pour apercevoir la source de cet affolement et c'est là que je les vis. Jamais de ma vie je n'avais vu autant de mutants et ce n'était pas peu dire. Ils pullulaient de partout, sortant des égouts ou des bennes à ordures, cassant les fenêtres, sautant des toits pour se diriger vers nous.

- Restez groupés ! hurlais-je en prenant ma petite protégée dans mes bras.

Je traversais le groupe en sens inverse et trouvais un jeune adolescent qui maniait le pistolet à la perfection. Lorsqu'il me vit, il ouvrit de grands yeux et se précipita vers moi. Il m'arracha l'enfant des bras et la couvrit de baisers.

- Madeline, mais où étais-tu passée ?

- C'est ta sœur ? l'apostrophais-je.

Il acquiesça et alors qu'il ouvrait la bouche pour me dire quelque chose, je le coupais.

- Occupe-toi d'elle, reste au milieu du groupe en sécurité et tire si besoin.

Je me détournais et me mis à courir tout en sortant les couteaux que j'avais mis dans les poches de mon pantalon. Je rejoignis les autres combattants au premier rang de la bataille. Brian avait encore une fois abandonné son arc pour se munir d'armes blanches. Les morts vivants étaient trop proches pour que l'on puisse tirer. Une créature se jeta sur moi et avant qu'elle ne me blesse, je lui enfonçais mon couteau dans le thorax. Le monstre s'effondra à mes pieds mais il fut vite remplacé par plusieurs autres. Je n'avais pas le temps d'être distraite, pas le temps d'examiner le reste du groupe pour voir si quelqu'un avait besoin d'aide. J'enchainais coups sur coups comme une machine, sans faiblir. Des tirs criblaient l'air et des râles étouffés, suivis par le bruit de corps tombant au sol, ne cessaient de se faire entendre. Des gouttes de sueurs dégoulinaient sur mon front à présent. Le froid n'avait plus aucune emprise sur moi. J'achevais de tuer un zombie quand une clameur à glacer le sang dans les veines se fit entendre par delà le tumulte. J'eus juste le temps d'apercevoir Clarissa tomber au sol que son corps était déjà recouvert par ceux des mutants que nous ne cessions d'abattre. Je restais une seconde paralysée, ne lâchant pas des yeux l'endroit où je l'avais vue disparaitre.

- Thelia attention !

Un poids s'abattit sur moi et je me cognais le menton au sol dans ma chute, lâchant mes armes qui glissèrent hors de ma portée. Le monstre griffait mon dos sans retenue et je criais de douleur et de peur. Il n'en fallait pas plus à Brian pour le mettre hors de lui. Il souleva le zombie et lui planta un couteau dans le cœur. Mon ami laissa le corps en charpie tomber sur le sol et me tendit la main pour m'aider à me relever. Je ne pris pas le temps de le remercier et sortis une nouvelle arme de ma poche, ma dernière. Alors que je me retournais, armée et très énervée, vers le groupe de nos ennemis, ceux-ci prenaient la fuite à toute jambe. Abasourdie, je les regardais courir comme s'ils avaient le diable aux trousses. Ils disparurent au coin de la rue et je me retournais vers Brian. A son expression ahurie, je vis que lui non plus ne comprenait rien. Nous nous retournèrent d'un même mouvement vers nos amis et ce que nous vîmes nous fendis le cœur. Notre groupe avait été décimé. Les survivants pleuraient et serraient les corps des défunts dans leurs bras. Je me dirigeais à pas lents vers celui de mon amie. Je dégageais son corps de sous ceux de ses assaillants et le retournait. Elle était défigurée par des griffures qui zébraient son corps de part en part. J'éclatais moi aussi en sanglots et Brian posa une main sur mon épaule.

- Elle ne méritait pas une mort comme celle-là, c'était encore une enfant ! dis-je alors même qu'elle n'avait qu'une année en moins que moi.

Je me relevai et essuyai mes mains ensanglantées contre mon pantalon déjà déchiré malgré que je le portai seulement depuis ce matin. J'aperçus Madeline et son frère debout, en bonne santé et je m'apprêtais à les rejoindre pour serrer ma nouvelle protégée dans mes bras quand je vis une fille se diriger à grandes enjambées vers moi. Je reconnu immédiatement l'adolescente qui était sous la protection de Dann. Elle avait les yeux remplis de larmes et lorsque ses lèvres se muèrent pour m'annoncer ce qu'elle avait à m'apprendre, tout mon être se liquéfia.

- Thelia, ils... les mutants ont emmené Dann avec eux !


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant