J'allais atteindre la cage d'escaliers, mon bâton en main, lorsque j'entendis des pleurs d'enfant. Je me retournais et je vis Madeline, debout au milieu du couloir, les joues ruisselantes de larmes. Je ne pouvais pas la laisser ainsi et malgré mon empressement, je vins m'agenouiller devant elle.
- Qui a-t-il mon ange ? lui demandais-je.
- Tout le monde est parti, j'ai peur.
Je me mordis la lèvre, n'aillant pas penser à laisser quelqu'un ici pour la surveiller. A court d'idée, je lui pris la main et l'entrainais à ma suite. J'ouvris le garde mangé et m'emparais de quelques boîtes de conserve, sans lâcher mon arme pour éviter de la perdre.
- Suis-moi, lui dis-je ensuite en me dirigeant vers l'appartement de Thois.
Je poussais la porte prudemment en veillant à ne pas la faire grincer sur ses gonds pour ne pas réveiller Brian, ne sachant pas vraiment si les somnifères avaient bien réagis sur lui. Pour mon plus grand soulagement, il était toujours étendu sur le lit, les paupières frémissantes.
- Brian ? risqua Madeline en s'aventurant dans la chambre.
Je l'attrapais par l'épaule et mis un doigt sur ma bouche pour lui signifier qu'elle devait garder le silence. Je posais les boîtes de nourriture sur la commode à côté du lit et j'entendis un hoquet de peur derrière moi. Je me retournais pour découvrir Madeline qui fixait le sang sur la chemise de Brian.
- N'aie pas peur mon ange. Il ne peut pas mourir, il est juste blessé. C'est pourquoi je vais te demander de rester ici pour surveiller qu'il ne lui arrive rien de grave, tu veux bien faire ça pour moi ?
La fillette hocha gravement la tête en me fixant de ses petits yeux brillants.
- Je vous ai apporté à manger pour que vous ne manquiez de rien, ça ira ?
Pour toute réponse, elle grimpa sur le lit et glissa un coussin moelleux sous la tête de Brian qui gémit. Je me tendis, m'apprêtant à le voir ouvrir les yeux, réduisant mes efforts à néant. Heureusement, il ne bougea pas et resta assoupi. Rassurée, j'offris un sourire à ma petite protégée avant de tourner les talons et de m'extraire de la pièce.
- Et toi tu vas où ?
La voix de Madeline me fit tourner la tête. Je plantais mes yeux dans les siens et lui souris, sans lui apporter de réponse. Je refermai la porte derrière moi, m'emparais de mon plus beau poignard et entrepris de descendre les escaliers en ayant l'étrange sensation d'avoir oublié quelque chose. Mon bâton dans une main, mon poignard dans l'autre, je descendais vers l'enfer.
Lorsque je posais mes pieds sur le sol du hall, un vent frais me cingla le visage. Je sortis dans la rue, arme au poing. Aucun de mes hommes à l'horizon, un silence assourdissant envahissait les lieux. Inquiète, je choisis de me diriger vers la droite en jetant des coups d'œil frénétiques vers le toit des habitations. Je marchais ainsi pendant des heures, enveloppée dans ces ténèbres languissantes lorsque j'aperçus un homme qui me tenait en joue derrière une vitre. Je me jetais à plat ventre sur le sol sans tarder alors que la balle cinglait l'air pour venir ricocher sur les pavés à quelques pas de moi. Plusieurs intonations se firent à nouveau entendre et je me dirigeais vers la ruelle adjacente en rampant sur le sol. Une fois à l'abri derrière le mur, je retrouvais mes esprits et risquais de jeter un coup d'œil dans la rue principale. L'homme tenait toujours son fusil et il était trop loin pour que je puisse engager la conversation avec lui. Je jurais dans ma barbe et déviais donc de ma trajectoire. Je parcouru la ruelle jusqu'à déboucher sur une autre rue plus large. J'entendis des éclats de voix percer non loin de moi et je pris cette direction. La nuit commençait à tomber et je n'y voyais presque plus rien. Sentant que le danger n'était pas loin, je décidais de continuer dans la pénombre sans allumer ma lampe torche pour ne pas révéler ma position. Je remarquais soudain un de mes hommes caché derrière une benne à ordures, essayant tant bien que mal d'entretenir la conversation avec un soldat de l'armée ennemie se trouvant dans l'habitation voisine. Ce dernier tenait une arme en main et ne rechignait pas à s'en servir contre mon allié. Enervée que ces hommes ne pensent qu'à nous tuer au lieu de nous aider, je me collais contre le mur et dégainai le pistolet avec lequel j'avais tiré sur Dann quelques temps plus tôt. Alors que je me jetais dans la ruelle, l'arme tendue devant moi, prête à tirer, je fus surprise d'apercevoir Xania, debout devant la poubelle comme pour faire une barricade de son corps à mon combattant. Cette dernière s'approcha de la fenêtre et se mit à parler avec l'agresseur. Ce dernier abaissa son arme et fronça les sourcils. Je le vis faire de grands gestes, furieux tandis que la jolie rousse tentait de l'apaiser. Pendant ce temps, j'entrepris de rejoindre mon soldat en longeant le mur. Ce dernier avait reçu une balle dans la jambe, rien de trop grave cependant, à en juger par le peu de sang qui maculait son pantalon. Je m'accroupis à côté de lui et je le reconnus. Il faisait partie de mon bataillon.
- Laisse-moi voir ta blessure, lui chuchotais-je.
Il remonta son pantalon et je pus voir que la balle n'avait pas traversé sa jambe. Seule une longue estafilade lui barrait le mollet, sans trop l'entailler pour autant. Je déchirais le bas de son pantalon pour confectionner une bande que j'enroulais autour de sa blessure.
- Tu sauras marcher ?
- Oui, je pense, dit-il en essayant de se remettre debout.
Xania apparut soudainement à côté de nous, le jeune homme armé sur ses talons.
- Je viens de le rallier à notre cause, m'informa-t-elle tout sourire.
- Très bien, dis-je avant de me tourner vers le nouveau venu. Comment t'appelles-tu ?
- Je me prénomme Grégoire.
Je hochais la tête pour lui signifier la bienvenue avant de tendre la main à mon soldat pour l'aider à tenir sur ses jambes. Grégoire me poussa pour prendre ma place et le soutenir.
- Désolé de t'avoir tiré dessus mais nous avons reçus pour ordre de tirer sur tous les membres de votre armée, nous avoua-t-il confus.
Je fus interloquée par ses paroles et je fixais Xania pour savoir si elle aussi était au courant de ce complot contre nous.
- La créature est parmi vous, m'apprit Xania. C'est pour cette raison qu'Adrian a ordonné que l'on vous tue tous car il n'est pas certain de l'identité de ce mutant. Cependant, il ignore qu'il n'existe qu'une seule arme capable de le vaincre et qu'il n'est pas en possession de cette dernière.
- Nous devons retrouver les autres, dis-je, avant que la créature ne leur tombe dessus.
Mes coéquipiers acquiescèrent et se mirent en marche. J'accostais Xania lorsqu'elle passa à côté de moi afin de lui parler quelques instants. Grégoire et le blessé avait déjà commencé à prendre de l'avance.
- Où étais-tu passée ? demandais-je à la jeune fille.
Elle détourna son regard et se mit à marcher pour suivre les garçons. Je ne la quittais pas et fis de même.
- J'avais des choses à faire, lâcha-t-elle sans plus de détails.
- Et tu n'as pas cru bon de m'en informer ?
- Je n'ai pour chef que ma propre conscience, me dit-elle en redressant la tête.
- Et bien il va falloir que ça change, dis-je en fronçant les sourcils.
Nous continuâmes à marcher en silence sur plusieurs mètres lorsque j'entendis un bruissement provenant de ma gauche. Je m'arrêtais pour fixer l'endroit d'où le bruit provenait lorsque Xania se jeta sur moi et me cloua au sol. Je lâchais mon bâton qui roula plus loin et j'allongeais le bras pour le rattraper lorsqu'une flèche nous frôla pour venir se planter juste devant mon nez entre deux pavés. Grégoire et son nouveau coéquipier se retournèrent et dégainèrent leurs armes, prêts à nous venir en aide.
- Arrêtez de tirer bon sang ! s'énerva Xania.
Une femme d'âge mur s'avança alors à notre rencontre pendant que la jeune fille et moi nous relevions.
- Merci, dis-je sans réussir à admettre qu'elle venait de me sauver la vie.
- Tu me remercieras plus tard, me répondit-elle en se tournant vers la nouvelle venue.
- Je suis désolée, je ne savais pas que c'était toi, expliqua la femme en contemplant la rouquine.
Xania marcha vers elle pour lui serrer la main et lui expliquer la situation. Après avoir fait les présentations, la jolie rousse demanda à Harper de nous rejoindre. Cette dernière accepta volontiers en disant qu'elle avait toute confiance en Xania et par conséquent en nous puisque nous nous connaissions. Pour ma part, connaitre était un bien grand mot. Je ne savais rien de Xania. Cependant, je ne fis aucun commentaire et notre petit groupe se remit en route en silence. Je fermais la marche en me méfiant de tout, le poing crispé sur mon arme.
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L'armée du zénith
Science FictionLe monde n'est plus ce qu'il était. Du jour au lendemain, la vie de milliards d'humains a virée au cauchemar. Des créatures repoussantes ont envahi le monde, semant le chaos sur leur passage. Thelia est une rescapée. La jeune fille vit avec sa mère...