Chapitre 38

122 8 2
                                    


Mon ami glissa un objet dans ma paume avant de me déposer par terre et de me tirer par la main. Nous dévalâmes ainsi les escaliers en sens inverse, poursuivis par nos ennemis. Je pris le temps de jeter un coup d'œil à ma paume. C'était une lame joliment aiguisée que Dann m'avait remise.

- Que se passe-y-il ? s'enquit Brian.

Nous n'eûmes pas besoin de lui répondre, il le vit bien tout seul. Dann et moi nous positionnâmes côtes à côtes et entamâmes le combat. Manier une arme m'avait manqué.

Un coup puis un deuxième. Je me battais comme jamais pour sauver ma vie à présent menacée.

Dann progressait bien et réussit à se frayer un chemin jusqu'en bas des marches, ce n'était pas mon cas. Je n'étais pas au meilleur de ma forme et les mutants réussirent à me faire reculer jusqu'à ce que je trébuche et que je tombe sur le carrelage froid et sale.

- Thelia ! s'écrièrent les garçons en cœur.

Je mis mes bras en croix pour protéger ma figure du coup que le zombie allait me porter au visage mais celui-ci ne vint pas. Au lieu de cela, j'entendis une grille se refermer. Ils avaient réussi à me repousser dans une de leurs maudites cellules miteuses. Je profanais un tas d'insultes en serrant mes poings. Je me jetais contre le grillage et criais à l'attention de Dann.

- Sauve-toi !

Un mort-vivant me donna un coup de poing dans la mâchoire à travers les barreaux et je roulais au sol. Alors que j'ouvrais les yeux, je vis Dann se mettre à courir à toute allure et s'en aller d'ici. Un sourire naquit sur ma face dévastée. Au moins, l'un de nous s'en sortirait !

Il y eut un vacarme infernal alors que les mutants poursuivaient mon ami. Toujours allongée sur le sol, je me pris à croiser les doigts pour qu'ils ne réussissent pas à le rattraper.

- Thelia ? Thelia ça va ?

Je me relevais sur deux coudes et dévisageais Brian qui se trouvait dans une cellule de la rangée d'en face. Son visage trahissait son incompréhension.

- Oui, je pense... lâchais-je en frottant ma joue endolorie.

- Tu as toujours ton poignard ? me demanda-t-il à brûle-point.

Je me trainais vers la porte de ma cellule et essayais tant bien que mal de me sortir de là mais les zombies rappliquèrent. J'eus juste le temps de glisser mon arme dans la poche avant de mon pantalon avant qu'ils ne remarquent la supercherie. Des grognements sortirent de leurs gossiers et ils se dirigèrent d'un pas traînant vers moi. Ils ouvrirent le verrou et me soulevèrent par les aisselles avant de me trainer dehors et de m'attacher des menottes aux poignets. Du coin de l'œil, je vis qu'ils firent pareil avec Brian mais avec un peu plus de difficultés.

- Vous allez me le payer espèces de sac d'os dégoutants ! s'énerva mon ami.

Pour ma part, j'avais cessé de lutter et me laissais emmener sans réagir, préférant garder mes forces si nous avions l'occasion de fuir.

* * * * * * * * * *

Je n'avais jamais vu autant de zombies rassemblés en un seul endroit. La cour de la prison, délimitée par un grillage d'une hauteur infinie, comptait un étonnant ramassis de mutants qui nous contemplaient, Brian et moi, comme si nous étions les cobayes d'une expérience à ne pas manquer. Nos ravisseurs nous lâchèrent sur le sol et je me cognais le menton sur le béton. Je me redressais tant bien que mal sur mes pieds, sans l'aide de mes mains. Le cercle de zombies se rapprocha de nous et deux de leurs compères se dévouèrent pour nous hotter nos menottes. Je frottais mes poignets endoloris et Brian fit de même de son côté. Nous nous dévisageâmes sans comprendre où nos ennemis voulaient en venir quand la foule se dispersa pour laisser passer quelques uns de leurs camarades armés. J'étouffais un hoquet de surprise et me rapprochais de Brian.

- Ils ne vont quand même pas tirer sur nous à bout portant ? m'exclamais-je horrifiée.

- Ils peuvent toujours essayer, on verra bien qui rira le dernier ! déclara mon ami.

A cet instant, j'étais prête à lui révéler la vérité, que je ne possédais plus le don, que j'allais mourir. Mais je m'en empêchais. Ca ne servirait à rien, il ne pourrait pas m'aider. Nous étions tous les deux sur le même bateau, encore et toujours.

Des exclamations de frénésie parcoururent les rangs adverses, ce qui m'arracha un frisson. Le premier coup de feu partit et Brian n'eut pas le temps de l'éviter. La balle se logea dans sa jambe et mon ami s'écroula au sol dans un râle. Je n'eus pas le temps de crier son nom que sa blessure se refermait déjà et il se releva, défiant ses adversaires du regard.

- Et oui, le don s'intensifie avec les années ! me dit-il avec un petit clin d'œil.

Médusée, je le regardais rafler une pluie de balles et se relever toujours intact. Les zombies perdirent patience et leurs canons changèrent de direction. J'ouvris de grands yeux affolés avant de me jeter au sol. La balle siffla à mes oreilles avant de percuter un mutant qui se trouvait derrière moi. Ce dernier émit un hurlement guttural avant de s'effondrer au sol, propageant un nuage de poussière autour de lui. Aussitôt, ce fut la cohue. Les morts-vivants qui possédaient des armes s'activèrent et nous bombardèrent de tous côtés. Une cartouche frôla mon avant-bras et je me mis à saigner abondamment. Brian ne le remarqua pas. Il attrapa un mutant par le col de son t-shirt et lui donna un coup de tête magistral. Profitant de la discorde, je sortis mon arme de ma poche et poignardais quelques zombies pour me frayer un passage jusqu'à la clôture. Brian croisa mon regard et il comprit immédiatement où je voulais en venir. Il tordit le cou d'un nouvel adversaire. Sa rage était dévastatrice et j'eus l'impression d'apercevoir son père dans ses traits durs et volontaires. Je ne m'y attardais pas plus longtemps qu'un court instant et continuais sur ma lancée. Je pus bientôt poigner dans le grillage. Malheureusement pour moi, il était fait de fils barbelés de haut en bas et je retins un cri lorsque ses tranchants se plantèrent dans la paume de mes mains. Cependant, je préférais mille fois cette torture là que ce que m'infligeais les zombies. Aussi, je continuais mon ascension et bientôt, je sentis la clôture bouger sous moi. Brian était sur mes talons.

Malgré ma fatigue, je progressais vite et j'atteignis bientôt le sommet de la structure. Brian se laissa vulgairement tomber de l'autre côté et se réceptionna, après une chute de plusieurs mètres, sur ses deux pieds, comme un félin appelé autrefois chat, qui pullulait dans nos contrées voilà pas si longtemps et qui aujourd'hui avait disparut comme tant d'autres espèces.

Je ne pouvais me permettre de reproduire les gestes de mon ami et je continuais donc tant bien que mal à descendre le long du grillage. De l'autre côté, des zombies essayaient de faire pareil mais des coups de feu retentirent derrière moi. J'aperçus Dann qui venait encore une fois nous sauver. Alors que j'allais arriver en bas, j'aperçus un mutant au visage tuméfié qui pointait le canon de son arme dans ma direction. Ma bouche s'arrondit pour former un « oh » silencieux alors qu'il appuyait sur la gâchette. La balle traversa le grillage pour venir se loger dans le bas de mon ventre. Je me retins de toutes mes forces au grillage et continuais de me laisser glisser jusqu'à ce que mes pieds touchent le sol. Une fois que ce fut le cas, les garçons se mirent à tirer tout en reculant alors que, malgré la douleur, je prenais mes jambes à mon cou.

Lorsque nous eûmes parcourut une assez grande distance, les garçons ralentirent le rythme, la respiration saccadée. Je m'appuyais contre un mur et m'autorisais enfin à baisser les yeux vers mon ventre où une tâche de sang avait fleurit.

- Thelia, ça va ? me demanda Brian en s'approchant.

Sans crier gare, mes jambes se dérobèrent sous moi et je m'affalais sur le sol avant de perdre connaissance devant son air ébahi.


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant