L'armée du zénith

Chapitre 67

- Bonsoir à tous. Pour commencer, je tiens à vous informer que cela ne m'enchante pas de diriger ces opérations mais puisque le sort en a décidé ainsi, je suis là. Sachez qu'une nouvelle sorte de zombies a vu le jour et qu'il est de mon devoir de l'arrêter avant qu'il ne soit trop tard.

Une vague d'effroi traversa les rangs, seule Héloïse me fixait comme si mes paroles étaient une mise en scène. Mon regard croisa le sien et je détournais les yeux la première pour réclamer le silence à ma troupe. Une fois ce dernier obtenu, je repris mon monologue là où je l'avais interrompu.

- Je vais mettre les choses au clair. Je suis la seule à posséder l'arme capable de détruire ce nouveau danger. Ne vous y attaquer donc pas et contentez-vous de faire votre travail, comme d'habitude. A partir de maintenant, vous serez sujet à un entraînement intensif et vous apprendrez à vous méfier des morsures, le mode de transmission de ce nouveau virus. Si l'un d'entre vous se fait mordre, il faut absolument désinfecter la plaie dans les minutes qui suivent. Si ce n'est pas possible, alors il faudra vous tuer. Est-ce clair ?

Après quelques secondes de silence, mon armée me répondit comme un seul homme et je souris. Tout se passait comme prévu et ma concurrente n'avait pas encore ajouté son grain de sel. Afin de ne rien oublier, je débitais le reste de ma tirade.

- J'ai décidé de prendre quelques précautions afin d'éviter ce genre de pertes. Premièrement, vous allez être répartis en trois groupes, chacun dirigés par un meneur. Ces derniers seront Brian, Dann et moi-même. Si par mégarde il devait arriver malheur à l'un d'eux, vous continuer à vous battre et vous n'abandonner pas. Ensuite, les tours de garde en ville pendant la nuit seront supprimés. Il faut s'entraîner un maximum avant l'affrontement et ne pas perdre d'hommes inutilement face aux membres de l'armée adverse. Enfin, les entrainements se feront dans la crypte et ici-même, à l'étage supérieur que nous remettrons en état à tour de rôle. Quelqu'un a-t-il quelque chose à dire ou à ajouter ?

Pour mon plus grand plaisir, aucun de mes coéquipiers ne s'opposèrent à ma décision et j'en vis même certains sortir leurs armes et s'avancer vers moi avant de me dire qu'ils étaient prêt à se battre. Je jetais un coup d'œil à mes deux amis. Brian fronçait les sourcils, l'air réticent et Dann souriait à la foule. A présent que toutes les règles étaient établies, je demandais à mes hommes de se séparer équitablement afin de rejoindre le meneur de leur choix. Je voulais qu'ils se sentent à l'aise avec leur chef et par conséquent, je ne leur imposais pas un nom. Joshua et Thois regagnèrent mes rangs, ainsi qu'un des deux types qui m'avait enlevée. Je me détendis en voyant le bon fonctionnement de la mise en place des opérations. Soudain, je vis qu'Héloïse n'avait pas bougé et était restée à sa place, les bras croisés. Je soupirais et lui demandais de choisir un groupe. Elle me toisa sans bouger. J'entrepris donc de lui trouver une place moi-même. J'écartais déjà l'option qui consistait à l'introduire dans mon armée. Nous n'étions pas en bons termes et il était hors de question que je sente sa présence dérangeante dan mes rangs. Mon regard se tourna donc vers Brian et je le vis tendu comme un arc, prêt à étriper Héloïse dont l'allure hautaine l'exaspérait. Mes yeux se posèrent alors sur Dann qui parlait déjà avec son équipe sans se préoccuper le moins du monde de ne pas les connaitre. Ce dernier ne remarqua même pas la tension ambiante, trop absorbé par sa tache. Je savais ce qu'il me restait à faire.

- Héloïse, tu rejoins le rang de Dann, dis-je sans plus lui laisser le choix.

Je contemplais une nouvelle fois mon ami et je fus persuadée qu'il était le seul ici présent à pouvoir rallier la jeune femme à notre cause. Brian s'approcha de moi et me demanda par quoi est-ce qu'il devait commencer. Je lui répondis qu'il pouvait déblayer l'étage supérieur avec l'aide de l'équipe de Dann. Pendant ce temps, j'ordonnais à ma troupe de revêtir leur cape et leur combinaison de combat car nous partions nous entraîner dans la crypte pendant trois longues heures, avant de céder l'endroit à un autre groupe et ainsi de suite. Le grand brun accepta mon idée et s'éloigna pour donner ses ordres à ses hommes et communiquer la suite des informations à Dann. De mon côté, je rejoignis ma chambre, ma lampe torche à la main, afin de revêtir une nouvelle combinaison et de prendre possession de mes armes, posées au bout de mon lit. J'attachais mes cheveux à l'aide d'un ruban qui trainait dans un tiroir poussiéreux et sortis pour rejoindre Thois, Joshua et les autres. Leurs sourires avenants me firent chaud au cœur et je pris les devants du cortège afin de les mener à crypte. Nous ne croisâmes aucun zombie sur le chemin et les échos de coups de feu nous parvinrent, lointains, sans nous inquiéter. Ma capuche me protégeait des regards indiscrets et je me sentis ombre parmi la brume nocturne. Lorsque nous parvinrent dans le hall désert, je me débarrassais de ma cape et m'apprêtais à la dissimuler dans le placard prévu pour l'occasion quand le vaisseau de ma lampe torche, trainant sur le sol, fit apparaître des traces de sang qui ne s'y trouvaient pas hier encore lorsque j'avais quitté la crypte. Je m'agenouillais sur le sol et passais mes doigts sur une tâche. Le liquide était dur mais la couleur attestait d'une bagarre récente. Joshua se posta derrière moi et posa son regard sur le sol à son tour. Je relevais la tête et mon regard croisa le sien, inquiet. Mes pensées ne firent qu'un bon et je me relevais à la hâte avant de dévaler les escaliers en courant. Comme je m'y attendais, un cadavre gisait au centre de la pièce, recroquevillé sur le sol. Le père d'Héloïse avait été assassiné sauvagement, comme en témoignait les éclaboussures de sang qui jonchaient les murs et le sol. Des cris horrifiés me parvinrent et je me retournais pour faire face aux combattants.

- Nous ne sommes plus en sécurité ici, rentrons avant qu'il ne soit trop tard.

Ils ne se le firent pas dire deux fois et remontèrent les escaliers comme s'ils avaient le feu aux trousses, sans se préoccuper que le danger les attendait peut-être à l'étage. Par précaution, je dégainais mon long poignard et le pointait devant moi, prête à faire face à l'invasion. Cependant, le calme régnait en souverain sur les lieux, comme pour enfuir un secret. Une grimace m'échappa et l'angoisse m'obligea à resserrer ma prise sur mon arme. J'aurais préféré devoir affronter une horde de zombies plutôt que ce silence glaçant. Je revêtis ma cape et fis signe à mes hommes de m'emboiter le pas. Nous nous fondîmes parmi les ombres et rentrâmes au pas de course à l'immeuble.